Le décréteur qatari de la fatwa des décapitations tué. Un Français tué.Les heures prochaines seront décisives pour Alep.
Les affinités entre le front al-Nosra d’Al-Qaïda et Israël s'affichent.
Il y a eu d’abord l’assistance israélienne hospitalière portée à ses miliciens dans le Golan qui a mis la puce à l’oreille de ceux qui suivent les évènements syriens.
Ensuite, le directeur du bureau politico-sécuritaire du ministère israélien Amos Gilad a été des plus francs, en assurant qu'al-Qaïda est de loin meilleure pour Israël que le président Bachar el-Assad et l'axe Iran-Syrie-Hezbollah.
Et là tout dernièrement, un des dirigeants les plus importants du groupuscule, connu sous son nom de guerre Abou Hafs al-Idelbi affiche sans vergogne : « nous n’avons aucun problème à signer une paix avec les Israéliens. Comme nous voulons nos droits, ils veulent les leurs... que chacun s’occupe de ses affaires », a-t-il assuré pour le micro de l’agence Asia, dans un entretien exclusif effectué en Turquie, où il s’était rendu pour y être soigné de ses blessures.
Ces propos ont clôturé des reproches adressés à la Coalition de l’opposition syrienne, l’accusant d’être « une marionnette entre les mains des Occidentaux, à travers laquelle ils voudraient instaurer leur Etat laïc, et protéger leurs propres intérêts et les frontières avec Israël ».
Auparavant, Abou Hafs avait violemment pris à charge les Etats-Unis et les Occidentaux, pour avoir inscrit le front al-Nosra sur leur liste des organisations terroristes, et surtout pour ne pas être intervenus en Syrie.
« De quel droit l’Amérique a dit que le front al-Nosra est terroriste, c’est lui qui a protégé nos gens et nos enfants, alors qu’elle a ignoré les crimes de Bachar qui tue et chasse notre peuple tous les jours », avait-il indiqué auparavant. Et d’ajouter : « Nous voulons un Etat islamique qui gouverne avec la loi de Dieu, parce que la Communauté internationale est en train de regarder les crimes commis par l’armée de Bachar. Pourquoi n’arment-ils pas l’Armée syrienne libre si les Occidentaux veulent vraiment une démocratie dans notre pays ».
Abou Hafs a également critiqué les démocraties, en disant : « nous avons vu les démocraties de l’occident en Libye, où elles ont aidé le peuple à renverser le régime et aujourd’hui se partagent ce pays comme un gâteau ».
Ménager al-Nosra
Les propos rassurant Israël de ce dirigeant d’al-Nosra, lequel semble vouloir incomber aux occidentaux la responsabilite du recours à Al-Qaida pour s’être abstenus d’intervenir en Syrie, interviennent au moment où les dirigeants de l'opposition syrienne armée tentent de remédier à la situation embarassante dans laquelle ils se trouvent depuis l’allégeance publique prêtée par son chef Abou Mohammad Al-Golani au chef d’Al-Qaïda, Aymane al-Zawahiri.
Devant leurs alliés occidentaux, ils étaient nombreux à avoir pris la défense du front, rejetant son affiliation à Al-Qaïda, et accusant le pouvoir en Syrie d'être derrière "cette rumeur", d'après leurs dires.
Lundi, le guide des Frères Musulmans syriens, Mohammad Riad Chakfa a repris la défense du front al-Nosra, et critiqué les Etats-Unis pour l’avoir placé sur sa lite terroriste. S’adressant au front, il lui a demandé de "se distancer des loyalismes étrangers et de collaborer avec le peuple syrien".
Dimanche, la Coalition de l'opposition syrienne a estimé que "l'acte d'allégeance servait le régime de Bachar al-Assad et portait atteinte aux progrès de la révolution"
Le mufti des décapitations tué
Sur le terrain l’agence Asia a annoncé la mort du mufti des décapitations et de ses deux assistants dans la province de Lattaquié, dans le pilonnage des rassemblements du front al-Nosra dans le village de Mreij.
« Plusieurs miliciens ont été tués, dont le qatari Mazen al-Mouftahi célèbre pour avoir décrété la fatwa de décapitations et considéré parmi les chefs de milices les plus dangereux », précise l’agence.
Des miliciens syriens figurent aussi parmi les tués dans l’opération menée par l’armée gouvernementale dans plusieurs villages de la province de Lattaquié.
Et un milicien français tué
En outre, des médias belges ont signalé qu’un Français membre des groupes salafistes extrémistes de Belgique, a été tué en Syrie.
L'information est relayée par le site belge Sudpress, qui affirme que le Raphael Gendron, 38 ans, a été tué dans le Nord de la Syrie. Il avait intégré les rangs des "Faucons de Damas", une milice salafiste opérant, à Alep.
Le commandant de cette milice, un certain Abdel Rahman Ayachi, a été très grièvement blessé.
Arrêté, en 2009, en Italie, pour avoir caché chez lui plusieurs immigrés clandestins, il a été accusé de complicité avec Al-Qaïda, et condamné à quatre ans de prison. Il a fait appel de cette sentence, en 2012, avant d'être libéré en juillet et de revenir, en Belgique.
Alep : des heures décisives
Selon le site Arabi-Press, les heures prochaines seront décisives pour les quartiers sud de la ville d’Alep, au nord de la Syrie. L’armée syrienne régulière a effectué une avancée importante dans les quartiers Aziziyyé, cheikh Saïd, et al-Marjé.
Toujours selon le site, le chef de milice qui dirige la bataille dans ces régions a lancé un appel aux miliciens de rejoindre cet axe vital, dont la perte décidera du sort de toute la ville, d’apres ses propos.
Un responsable de la milice Tawhid a confié au site Arabi-Press que la situation sur le front sud de la ville est préoccupante : « la situation est dangereuse. le convoi qui avance sur trois phases depuis un mois et demi, empruntant la route Hama-Salmiyya, en passant par l’artère désertique jusqu’à Khannaser puis Safira n’a pas rencontré de résistance qui vaille , sachant qu’il est énorme, et compte une quarantaine de chars , 60 bus, et 60 véhicules avec mitrailleuses ».
Selon l’opposant Anas Senno, si l’armée parvient à atteindre la citadelle d’Alep, elle divisera les régions conquises par les miliciens en deux, puis permettra aux forces gouvernementales de parvenir aux deux aéroports international et de Nayrab .
Idleb : combat fratricides
A Idleb, des accrochages ont éclaté entre des miliciens du font al-Nosra et des miliciens du groupuscule « Arrabi », appartenant à la brigade Seif el-Islam et au cours desquels le chef de celui-ci, Ismail Arrabi a été tué.
A Damas, une voiture touristique a explosé dans le quartier Fahhamé, sans faire de victime.
Dans l’après-midi de ce mardi, une deuxième voiture a explosé à Germana, à majorité de Syriens originaires du Golan occupé. Ce quartier du sud-est a été victime de nombreuses voitures piégées depuis le début de l’insurrection, pour avoir refusé de permettre aux miliciens de l’investir pour attaquer les quartiers de la capitale.