La répression des autorités à Bahreïn se poursuit. Annonce d’un procès d’’espions’ à la solde de l’Iran. Pendant ce temps, les interrogatoires de 3journalistes ont commencé ce mardi.
Les manifestations au Bahreïn se poursuivent dans le cadre de « la semaine de la liberté » annoncée dimanche par l’alliance des jeunes de la révolution du 14 février.
Ce mardi, un sit-in a eu lieu devant le siège de la commission des Nations Unies pour l’appeler à intervenir immédiatement afin de mettre fin aux exactions des autorités et libérer les détenus. Les familles des détenu(e)s et des activistes de droits de l’homme ont pris part à ce rassemblement.
Mercredi, une marche populaire est prévue pour rendre hommage aux deux martyrs Zachariya ElAchiri et Ali Issa Saqr, tués après avoir été torturés par les forces de l’ordre.
Alors que les funérailles d’un deuxième martyr torturé dans la prison a eu lieu, le procureur général bahreïni a entamé les interrogatoires de trois journalistes du journal « AlWassat » pour avoir publié les sévices des forces saoudiennes et bahreïnies contre la population.
A savoir que la loi du pays interdit l’emprisonnement des journalistes.
Toujours à ce sujet, le directeur du centre du Bahreïn pour les droits de l’homme Nabil Rajab a affirmé que les mesures des autorités ne vont pas le dissuader de publier les crimes commis, et ce, après avoir été convoqué par le parquet général.
Par ailleurs, un membre du même centre a rapporté que les forces de sécurité et les voyous assiègent les écoles pour terroriser les élèves et leurs enseignants.
Selon Abbas ElOumrane s’exprimant à la chaine télévisée ElAlam, le régime bahreïni veut transmettre un message à travers ses attaques contre les écoles, selon lequel tous les secteurs, même pédagogiques, sanitaires et médiatiques sont soumis aux attaques.
Dans la capitale iranienne, des étudiants universitaires se sont rassemblés devant l’ambassade saoudienne à Téhéran pour condamner la répression des manifestants à Bahreïn et exiger le retrait des forces saoudiennes du pays.
Annonce d'un procès d'’espions’ à la solde de l'Iran
Les autorités bahreïnies ont annoncé mardi qu'un Bahreïni et deux Iraniens étaient jugés pour soi-disant espionnage au profit de l'Iran sur fond de dégradation des relations entre les deux pays. L'Iran ne cesse d'appeler au retrait des forces saoudiennes qui participent à la répression des bahreinis.
L'agence officielle Bna a rapporté que le juge, cheikh Khalifa ben Mohammad Al-Thani, qui préside la cour pénale, a décidé de reporter au 20 avril l'examen de l'affaire à l'issue d'une audience qui s'est tenue mardi à Manama.
Ces trois personnes ont été accusées, selon Bna, d'avoir "fourni depuis 2002 des informations politiques et militaires au corps des Gardiens de la révolution iranienne, ce qui a nui aux intérêts nationaux de Bahreïn". L'agence n'a fourni aucune autre précision sur cette affaire.
HRW appelle à cesser sa campagne visant à bâillonner les médias indépendants
L'organisation Human Rights Watch (HRW) a demandé mardi aux autorités bahreïnies d'abandonner les poursuites engagées contre l'ancien rédacteur en chef du quotidien Al-Wasat, Mansour al-Jimri, et de cesser sa campagne visant à bâillonner les médias indépendants.
"Une information erronée n'est pas une raison pour fermer un journal et poursuivre son rédacteur en chef", a estimé Joe Stork, adjoint du directeur de HRW pour le Moyen-Orient, dans un communiqué.
"La famille royale de Bahreïn montre qu'elle n'a pas peur de museler le seul média qui est largement considéré comme la source source indépendante d'information" dans le pays, a-t-il ajouté.
Dans une déclaration à l'AFP, M. Jimri a indiqué avoir été interrogé pendant plus de deux heures lundi par le procureur général ainsi que deux de ses anciens collaborateurs, Walid Noueihed et Aqeel Mirza.
Il a ajouté avoir été questionné sur le publication de soi-disant "fausses informations" par son quotidien pendant et après les manifestations de la mi-février à la mi-mars à Bahreïn.
"J'ai rejeté toutes les accusations sur une publication intentionnelle de fausses informations", a-t-il indiqué, expliquant n'avoir fait que reprendre certaines informations envoyées par internet à son journal.
Les services du procureur général de Bahreïn ont indiqué que M. Jimri serait traduit, avec ses deux collaborateurs, devant un tribunal dès la fin des interrogatoires pour "publication de fausses informations de nature à troubler l'ordre public".
M. Jimri avait été démis de ses fonctions début avril après avoir été accusé par la télévision d'Etat d'avoir publié de soi-disant fausses informations.