Qui est-il ? Un Dr Jekill pour les Occidentaux, et Mr Hyde pour les Arabes ? Ou les deux à la fois, pour tout le monde ? Un homme qui a trahi une fois (son propre père) trahira -t-il toujours?
Défis, Soumission… et Flash-back !
« Moi contre mon frère. Moi et mon frère contre notre voisin. Moi, mon frère et notre voisin contre les voisins. Nous tous contre l'étranger. » (Dicton bédouin)
Hamad Ben Khalifa Al Thani en personne est désormais synonyme du destin qatari ! La carte elle-même épouse la silhouette imposante de l’Emir. Presqu’île (de 11 500 km2) pas plus grande que la wilaya de Khenchela en Algérie, elle se dresse telle une protubérance sur le Golfe Arabo-Persique, défiant à la fois, l’Arabie Saoudite et Bahreïn par derrière, et l’Iran qui lui fait face. Lui, c’est l’antithèse du proverbe bédouin. Contre le père, le frère, le voisin, puis les voisins, mais serré tout contre l’étranger, il se recrée dans le défi, à contre-courant de sa propre image.
« Son Altesse Sérénissime Hamad Ben Khalifa Al-Thani », et parfois, même « Empereur », ne se voit-il plus régnant sur 1,9 million d'habitants dont 80 % se compose d'étrangers, mais suzerain du monde arabe* ?! Le rêve de voir un pays arabe se développer et gagner sa puissance économique sans vendre son âme au diable, est-il finalement une utopie ? Une déception dans le genre de ce proverbe amère de mon pays : « echeikh elli ktna3na fih ennya, choufnah fe tbarna yesker » - (le cheikh en qui nous avons déposé notre confiance, on la trouvé dans un bar en train de s’enivrer)…
Nasser, Boumediene, Arafat, le roi Fayçal Al Saoud, ne se répèteront donc plus jamais dans l’histoire du monde arabe !
D’ où que tu te retournes, il n’y a que des marionnettes présumées leaders arabes, et ou musulmans. Même Obama avec son « we can » a bien trompé son monde. Le sien et celui des palestiniens. Peuple américain et palestinien soumis à Israël. Les premiers abrutis par leurs médias, et appauvris par toutes les guerres au nom d’Israël, les autres, opprimés par Israël, sous le joug de l’Ordre International de l’Injustice, euro-américain.
L’émir lui, ne se cache plus pour témoigner son allégeance à Israël, ni pour cracher sur la blessure ouverte de la Palestine dans le cœur du monde arabo-musulman, comme il l’a dit, lors de la 4e conférence sur la démocratie et le libre-échange à Doha : «Les racines des problèmes du monde arabe n’ont rien à voir avec le problème palestinien ni avec la colonisation. Ce sont des excuses invoquées pour retarder les réformes qui n’ont que trop tardé».*
Alors, une fois de plus, regardons le cauchemar en face. Ce n’est plus, semble-t-il, le bon émir qui cherchait pour son pays, une place au firmament mondial de l’économie, mais le démarcheur du «Grand Moyen-Orient et Maghreb arabe» du plan sioniste, initié par le gouvernement de George W. Bush au début de l’année 2004 et repris par Barack Obama. Plus « d’interventions humanitaires » sacrifiant la vie des boys et l’économie américaine !
Cette fois, par la méthode du «Backdoor» des illuminés de la Brooking Institution, dont le Think tank veille à Doha, le « remodelage » va se sculpter par les mains avides d’un émir.
En clair, la « guerre au terrorisme » sera par ces « terroristes qui adorent la mort », ou ne sera pas, et avec l’argent du Qatar. Le show peut continuer, OTAN en emporte le sang, du levant au soleil couchant musulman!
C’est ainsi que l’émir, une fois devenu une « puissance tentaculaire dans le monde » va jouer un rôle et son contraire. Médiations, ingérences. Qatar terre d’asile dorée de "l'émir" du FIS ( Front islamique du Salut) algérien, argent coulant à flot pour tout ce qui promet de faire voler son éclat, de préférence d’obédience « frère musulman », et même les Talibans auront pignon sur rue !
Je n'ai rien contre le fait d'accueillir des exilés politiques, mais quand il s'agit de les organiser en armés "rebelles" pour semer l'enfer dans la vie des peuples innocents, c'est abject! Rien donc, n'est "innocent" dans les largesses de l’émir, tout semble calculé pour des buts de déstabilisation de l’autre, comme on l'a vu, lorsque pour se venger des saoudiens, il accueillera un de leurs célèbres détracteurs : Tarik Ramadhan comme directeur du Centre de recherche pour la Législation Islamique et l’Ethique (CILE). Personnellement je trouve ce brillant intellectuel digne d’être honoré de la sorte, mais quand même on sait bien, que rien n'est donné pour rien...
Mais le pire va suivre avec la mort de milliers de musulmans de Tunisie, Egypte, Libye, Yémen, Syrie, Sahel, In-Amenas, simples citoyens, cadres, élites, et djihadistes manipulés inclus, vont souiller désormais de leur sang l’empire financier de l’émir. Le tout résumé à travers ces deux extraits d’articles. *« Le chef d'état-major du Qatar, le général Hamad ben Ali al-Attiya, a notamment indiqué que des centaines de soldats qataris ont participé aux opérations militaires en Libye aux côtés des ex-rebelles »
Mais aussi, dans son édition du mercredi 6 juin 2012*, le Canard Enchaîné affirme que « l'émirat du Qatar serait un soutien financier de poids pour les différents groupes islamistes qui ont pris le contrôle au Mali ».
Et Jeune Afrique* : « Selon l'ONU, les combattants tunisiens en Syrie seraient au nombre de 3 500 et constitueraient 40 % des effectifs djihadistes. Même des handicapés moteurs auraient été enrôlés, ainsi que des jeunes femmes. Selon Abou Koussay, de retour de Syrie, treize jeunes Tunisiennes ont été endoctrinées pour mener le « jihad de nikah », qui revient à satisfaire les désirs sexuels des combattants ».
Quel gâchis ! Cet homme-là, aurait pu gagner le cœur de tous les arabes, et musulmans et mériter une réputation plus digne dans la puissance financière mondiale, au lieu de pratiquer l’ingérence en profitant de sa richesse pour déstabiliser des pays frères, jusqu’à les amener à l’atrocité de la fitna et la barbarie des morts fratricides.
Finalement ses ennemis, ne sont pas à l’extérieur du Qatar, mais près de lui - ses conseillers qui le regardent détruire ce qu’il a bâti pour son peuple, et pour sa postérité!
Flash-back sur l'ascension de l’émir
Qui est-il ? Un Dr Jekill pour les Occidentaux, et Mr Hyde pour les Arabes ?
Ou les deux à la fois, pour tout le monde ? Un homme qui a trahi une fois (son propre père) trahira toujours? Mais ne jugeons trop vite sur les apparences, faisons comme disait Malraux :
« La vérité d'un homme, c'est d'abord ce qu'il cache. »
C’est ainsi que je l' ai vu le première fois, pratiquement « caché » derrière des personnalités des pays du Golfe ! C’était lors d’une réception diplomatique en l’honneur de la visite d’un chef-d’ Etat arabe au Royaume-Uni. En ce jour de la fin des années 80, si on m’avait dit que ce Cheikh corpulent tenant serré contre lui les pans de sa abaya immaculée, en attendant avec déférence son tour pour saluer l’hôte de marque, – allait un jour, devenir la star de toutes les agoras médiatiques du monde occidental, je ne l’aurai pas cru !!
Il était bien l’héritier du Cheikh régnant du Qatar, mais perdu, inconnu derrière les officiels des Emirats, et des « vedettes » médiatiques de cette époque, dont les plus connus était le Cheikh Zaki Yamani, le ministre saoudien du Pétrole et des Ressources minérales. Une réputation internationale. Et le discret et néanmoins plein de classe, l'érudit Prince Fayçal ben Saoud, ministre des affaires étrangères de l'Arabie saoudite, qui tous deux, faisaient alors palpiter les médias occidentaux.
En temps-là, j’avais commencé à compiler des notes sur le monde arabe et musulman en prévision de la rédaction de mon livre. Entre autres sources relatives à cette recherche, j’avais et encore aujourd’hui, des relations avec des parentes, (en place ou exilées) de certains leaders dirigeants du monde arabe. Par respect de la vie privée des personnes, quel que soit leur statut je ne mentionnerai rien d’autre, que ce qui pourra aider à mieux comprendre, un personnage aussi controversé que l’émir du Qatar.
Une des choses que j’ai apprises à son sujet, était l’autoritarisme du caractère du père envers ses enfants, et plus particulièrement son deuxième fils, l’impétueux Hamad, qui n’était pas très porté sur les études…
Exclusif et possessif, il supportait difficilement la prépondérance du rang dans le clan familial, de son demi-frère aîné. Celui-ci, Abdelaziz ben Khalifa ben Hamad Al-Thani, (1948, ministre du pétrole et des finances 1972-1991), sociable et dynamique, bon orateur et honnête, avait notamment comme son père, une conception plus diplomatique que guerrière dans leurs relations politiques avec leurs voisins… particulièrement l’Arabie Saoudite, qui lorgnait certains bouts de leur minuscule territoire.
Aussi, la légende « du douanier anglais qui demande au jeune émir : « où se trouve le Qatar », a-t-elle bien fait rire une de ses proches parentes à qui je demandais si cette histoire est authentique ! En effet cette blague inventée par son marketing d’image est grotesque, sachant le jeune prince qu’il était durant ses études en Angleterre, avait sûrement un passeport diplomatique, ce qui exclut ce genre de réflexion ! Par ailleurs, c’est plutôt avec les américains, ignorants du reste du monde, que généralement les arabes et africains affrontent ce genre question bête. Les anglais, eux, connaissent « par cœur » leurs anciennes possessions coloniales, et particulièrement le moindre des petits émirats du Golfe, et par conséquent ne se hasarderaient jamais à faire preuve d’ autant d’ignorance.
En vérité, pour le jeune Hamad, les complexes de « grandeur » pour dire l’ambition revancharde, n’ont pas commencé avec un « douanier anglais », mais à l’ombre d’un père dominateur, d’un frère aîné rival, et d’un Royaume saoudite, ancien maître du Qatar, et en plein essor politique.
Le père Cheikh Khalifa ben Hamad ben Abdullah ben Jassim ben Muhammad Al Thani, (né en 1932), a été le premier, parmi les Cheikhs régnants qui l’ont précédés - à prendre le pouvoir en destituant son cousin, Cheikh Ahmad ben Ali Al Thani (1960-1972) - qui n'avait que 52 ans, et à changer ainsi, la lignée héréditaire du pouvoir.
Pour rendre à chacun le mérite qui lui est dû,( qui est justement l' objet de cet article), il faut dire que c’est avec le cousin, issu du père fondateur de l’émirat, à savoir le Cheikh Ahmad ben Ali que commença de fait la découverte et l’exploitation des gisements de pétrole, ainsi que l’embryon de la modernisation du système d’administration de l’Etat.
C’est ainsi que des ministères furent créés, dont celui des finances, et la nomination de Cheikh Khalifa (père de Hamed) comme Premier Ministre. Ce dernier, peu à peu prit de l’ascendant sur les affaires du pays, et fini par chasser son cousin du pouvoir en le renvoyant en exil, à Dubaï, que le pauvre Ahmad abandonna pour aller mourir à Londres en 1977, (année du mariage de l’actuel émir avec Moza)…
Cependant, contrairement à la légende «d’émir conservateur », le papa Cheikh Khalifa, était au contraire pétrit d’un esprit entreprenant, innovateur, et une volonté d’aller de l’avant pour moderniser son pays, afin ne plus rester à la traîne des voisins des émirats- unis, et surtout l’Arabie Saoudite qui se développait et prenait de l’importance sur la scène internationale.
Il se mit au travail pour réorganiser le gouvernement, en nommant un ministre des affaires étrangères, établit des relations diplomatiques avec l’Union soviétique en 1988, et la Chine. Tout cela en construisant une base industrielle afin de réduire la dépendance du pays au secteur pétrolier. Et l’année où il est renversé par son fils, il laisse un émirat prospère avec un des revenus les plus élevés per capita dans le monde.
Homme, prudent, marqué par les conflits territoriaux avec le Bahreïn (ancien occupant de la partie Nord du Qatar) et les litiges avec de l’Arabie Saoudite au sujet des îles les plus stratégiques riches réserves pétrolières potentielles, il avait pris le soin de renouer les relations diplomatiques avec l’Irak et l’Iran. Tel un funambule, il n’eut de cesse à ménager la chèvre et le chou, afin de préserver son pays, des convoitises de ses voisins.
Durant la première guerre du Golfe, en 1991, Cheikh Khalifa va autoriser les Etats-Unis à opérer depuis son territoire pour lutter contre les forces irakiennes qui avaient envahi le Koweït, mais il s’oppose à la chute de Saddam Hussein, qui pour lui, représentait un rempart contre l’expansion de l’Iran chiite. Ses conversations avec son fils, alors ministre de la défense, étaient houleuses sur ce sujet. Et le père prédisait, que si Saddam Hussein était renversé, ni l’Arabie Saoudite, ni aucun des émirats du Golfe ne dormiraient tranquilles !
Mais son fils, Hamad, formé à l'Académie royale militaire de Sandhurst, et choisi finalement au détriment du frère aîné Abdelaziz, comme prince héritier et ministre de la défense, se fichait bien de l’Irak et l’Iran, il n’était obsédé que par l’hégémonie de l’Arabie Saoudite sur les pays du Golfe ! Car, Il n’oubliait pas la prétention des saoudiens sur le sud du Qatar, et leurs visées sur Khor-al-Udeid (d’ailleurs, c’est non loin de là, qu’il a choisi l’emplacement de la station américaine de la Base Al-Udeid – qui est le poste avancé du CENTCOM ( Commandement central américain ). Il gardait aussi en mémoire le dernier conflit territorial qui les a opposé une fois de plus, le 30 septembre 1992 à Al Khofous, faisant plusieurs morts, (par la faute, dit-on, de Hamad, qui choisit la manière forte pour résoudre le problème, au lieu d’écouter son père qui préférait négocier à l’amiable).
Le ressentiment de Hamad, envers la monarchie saoudienne, était d’autant vif, qu’en plus d’être la première de la péninsule, avec ses plus de 200.000 soldats, l’Arabie Saoudite s’étend sur un territoire qui fait 2 149 690 km² -(le deuxième, après l’Algérie : 2 381 743 km2, des pays du monde arabe) et 30 millions d’habitants… Dans ce contexte, le jeune Hamad, ne songeait qu’aux moyens de rendre le Qatar suffisamment armé pour assurer sa puissance dans la région, et traiter d’égal à égal avec les orgueilleux monarques saoudiens.
Surtout qu'à cette époque, il avait affaire au roi Fahd, autoritaire et ferme, et donc, autrement moins flexible et accommodant que l'actuel toujours souriant roi Abdallah!
Grâce à l’aval de son père, Hamad a déjà effectué un vaste programme pour moderniser l’armée du Qatar en créant de nouvelles unités en son sein ; il a renouvelé tout l’arsenal militaire, augmenté le recrutement de la main-d’œuvre en veillant à sa formation. L’armée, c’est lui ! Hamad rêve d’un Qatar puissance régionale, voire d’un «Khalifat » sunnite, virtuel, du Golfe à Tamanrasset !!
Au contraire de son père, attaché à son modèle « suisse », ou celui de Brunei, pour faire du pays, un havre de paix, moderne et prospère, quitte à placer sa sécurité sous l’aile de l’ Occident, mais à des conditions de non-alignement belliqueux.
Décidément, tout sépare le père et le fils ! Le clivage entre eux, s’est encore accentué depuis les noces de Hamad avec Moza. Ce fut le choix insistant du père, pour venir à bout de son adversaire politique, Nasser al Missned, qui clame publiquement, que les richesses du pays devraient être équitablement partagées dans le pays, et que l’émir Khalifa a usurpé de vile manière le pouvoir de son cousin, qui lui, représentait la lignée directe du père fondateur de l’émirat !
Il fut jeté en prison, puis exilé. Ensuite, pour monnayer son retour au pays, il y eut des transactions de « réconciliation » entre les deux familles, qui ont abouti à ce mariage, qui finira par distancier Hamad de son père… Ce dernier devait certainement penser à ce verset du Coran : « Inna kaydahunna 3adhim! » ((Sourate Yusuf, 28) « C'est bien de votre ruse de femmes ! ».
Je laisse le chapitre de Cheikha Moza, au prochain volet de la trilogie Qatarienne, pour aborder les principaux défis de Hamad, qui ne sont pas ce que l’on croit, ou que font croire, les analystes et médias occidentaux, passablement obnubilés par les milliards et les investissements boulimiques de l’Emir !
Chez notre « héros » du jour, atteindre la réalisation de ses « rêves », fut un long travail de réflexion et d’organisation. Bien qu'il semble le nier, c'est son père qui fut le premier à poser les jalons de la modernisation du pays, de sa sécurité et du développement d’une économie diversifiée capable de survivre à l’après-pétrole, mais tout cela dans la recherche constante du dialogue et de la paix avec les pays voisins tels l’Arabie Saoudite, l’Irak, et l’Iran. Mais Hamad, devenu ministre de la défense et officiellement prince héritier, voilà que le pouvoir le rendait avide, égoïste et prétentieux. Il avait réussi à évincer son frère aîné du titre de prince héritier, maintenant, c’était le tour de son géniteur. Le 27 juin 1995, il destitue son père parti se soigner en Suisse.
Prévenant le courroux vengeur de son père contre l’humiliation de sa trahison, Hamad va engager tout un cabinet d’avocats américains pour congeler tous les comptes en banque à l’étranger de son père et ainsi lui ôter toutes ses possibilités de contre-attaque. Mais rongé par l’humiliation et la maladie, Cheikh Khalifa, perdit peu à peu toute velléité de lutte. Aidé par des cousins, il termina sa cure en Suisse, puis se rendit en France, et plus tard, à Abu Dhabi, jusqu’à ce que vieillissant et à bout de force, son fils consentit enfin à son retour au pays en 2004. Son aîné, Abdelaziz, tentera de renverser son frère, mais il échouera, sans quitter son exil en France. Ce qui explique sans doute, l’obsession possessive de l’émir Hamad pour ce pays…
Il faut signaler, qu’étant héritier en titre, il aurait pu attendre la mort de son père, pour prendre sa succession.
Mais les choses changèrent quand il se maria avec l’intelligente et audacieuse Moza, qui n’oubliait pas les souffrances endurées par son père à cause de son beau-père Cheikh Kalifa… Celui-ci, quant à lui, avait, comme bien des membres proches de la famille, décelé le ressentiment de sa bru envers lui, en même temps que l’amour profond que son fils vouait à Moza. Cheikh Khalifa, conseilla d’abord à son fils de prendre une 3e épouse, ensuite, des sources sûres allèguent son intention de désigner l’aîné Abdelaziz, comme Prince héritier, en laissant la défense nationale à Hamad… à son retour de Suisse !
Mais Hamad, en tant que chef des armées, avait tissé des liens étroits avec les américains.
Aussi, depuis la deuxième guerre contre l’Irak, avait- il a eu le temps de fignoler son plan de prise totale du pouvoir, pour lequel, il avait le feu vert de ses soutiens anglo-américains.
Débarrassé de son père, il pouvait enfin conquérir le monde. A l’horizon, plus de Fahd Arabie saoudite, ni de Nasser, Boumediene, le coriace Hafez de Syrie, ni ce descendant du Prophète, nommé Hussein de Jordanie, ni Moubarak qui se croyait l’ unique « élu » du monde occidental, ni Mouammar Kadhafi, qui a osé l' humilier , devant tous les gouvernants de la Ligue Arabe !
Al Thani, pour Thani, il sera le chef suprême de la tribu, maître du pays, et qui sait un jour Hamad 1er ben Khalifa ben Hamad ben Abdullah ben Jassim ben Muhammad Al Thani, 102e* Khalife d’une nation, dont tous les pays seront sous la gouvernance de ses protégés « frères musulmans »…
Quand on est à la tête d’un pays, certes « micro-état » – mais qui représente la troisième réserve de gaz dans le monde, après la Russie et l’Iran, et dispose de réserves pour plus de deux cents ans, avec de plus, non loin de son palais, le commandement central des forces américaines (CENTCOM) , ainsi que le plus grand dépôt d’armes américaines du monde hors du territoire des Etats-Unis, on ne craint plus personne.
Qui sait, Hamad serait-il à l’abri d’un coup du destin comme celui de ses deux prédécesseurs ? S’il ne craint plus personne parmi les humains, qu’en est-il du Tout Puissant ? Puisque l’émir est censé être un musulman, a-t-il pensé à ce hadith : « le contentement de Dieu se trouve dans le contentement du père et Son mécontentement dans le mécontentement du père »… et cet autre, aussi terrible :
"La fitna sommeille dans chacun d’entre vous. Maudit soit celui qui la réveille ".
Hamad, sait-il que le réveil a déjà sonné? Par les réseaux sociaux, Face book ou Twitter et presse alternative, la majorité des internautes arabes et musulmans, pas seulement les modernistes, mais aussi des «islamistes» rejettent l’ingérence de cet émir qui à l’ image du sinistre Bush, cherche à faire régresser leurs pays à l’âge de pierre, pour faire rentrer le sien dans le monde «civilisé» du développement et de la reconnaissance internationale.
Pour ma part, faisant mienne cette phrase de Beaumarchais : « sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge », je n’ai cherché qu’à être le plus près possible de la vérité. Ayant été témoin et parfois protagoniste de certains évènements durant la grande époque des nationalismes libérateurs de nos pays, il est de mon devoir de mémoire, envers les jeunes générations de nos pays, de livrer ce que j’ ai vu et appris à la source de la réalité des personnages et des évènements que j’ai connus bien avant qu’ ils ne deviennent des « sujets » d’actualité.
À suivre … insha’Allah !
Aïcha Lemsine: écrivaine, essayiste et nouvelliste algérienne.
Source: Alterinfo