"L’incendie ne s’arrêtera pas à nos frontières, tout le monde sait que la Jordanie est aussi exposée (à la crise) que la Syrie", a prévenu M.Assad.
Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé mercredi que les Occidentaux jouaient avec le feu en finançant Al-Qaïda.
Dans une interview d'une heure à la chaîne syrienne Al-Ikhbariya, où il est apparu tranquille, M. Assad a prévenu que la guerre dans son pays pourrait gagner la Jordanie voisine, qu'il accuse d'entraîner les combattants rebelles et de faciliter l'entrée de "milliers" d'entre eux en Syrie.
"L'incendie ne s'arrêtera pas à nos frontières, tout le monde sait que la Jordanie est aussi exposée (à la crise) que la Syrie", a-t-il dit.
"L'Occident a déjà payé très cher le fait d'avoir financé à ses débuts Al-Qaïda en Afghanistan. Aujourd'hui il fait la même chose en Syrie, en Libye et dans d'autres endroits et il paiera cher au coeur de l'Europe et des Etats-Unis", a prévenu M. Assad.
Il faisait allusion à l'aide accordée par Washington dans les années 1980 en Afghanistan aux membres d'Al-Qaïda.
"L'Occident ne sait pas que ce terrorisme se retournera contre lui", a-t-il précisé. Ils "combattent Al-Qaëda au Mali et le soutiennent en Syrie. C'est la politique de deux poids deux mesures", a-t-il ajouté en référence à l'intervention française dans le pays africain.
M. Assad a en outre souligné dans son interview qu'"il n'y a pas de terroriste modéré", rejetant toute distinction entre les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) et les groupuscules salafistes, dont le Front Al-Nosra, qui a récemment fait allégeance à Al-Qaïda.
"Al-Qaïda domine (la rébellion) en Syrie", a-t-il insisté.
"La fin de la Syrie"
Le président syrien a également affirmé qu'une défaite du pouvoir face aux rebelles, qu'il a comme toujours qualifiés de "terroristes" financés par l'étranger, signifierait "la fin de la Syrie".
"Nous n'avons pas d'autres options que la victoire, car si nous ne sommes pas victorieux, ce sera la fin de la Syrie", a assuré M. Assad.
Il a lié son départ à une "décision du peuple", laissant entendre qu'il pourrait se représenter à la présidentielle à l'issue de son mandat en 2014.
Pas de négoications avec ceux qui ont vendu la patrie
M. Assad s'en est pris à l'opposition, essentiellement basée à l'étranger, doutant de son patriotisme, minimisant son appui populaire et estimant qu'elle n'était pas à la hauteur pour s'engager dans un dialogue avec Damas.
"Comment êtes-vous patriote si vous avez fui à l'étranger ? (...) Dans tous les pays du monde, l'opposition est une opposition élue et bénéficie d'une base populaire. Où sont les élections sur lesquelles se base cette opposition-là?", a-t-il demandé.
Sur un éventuel dialogue avec l'opposition, M. Assad a affirmé qu'il ne négocierait pas ceux qui ont "encaissé de l'argent pour vendre la patrie" et "ceux qui n'ont pas de base populaire".
Evoquant une éventuelle intervention humanitaire internationale, dans un pays qui compte désormais selon l'ONU 2,5 millions de déplacés et d'importantes pénuries alimentaires, M. Assad a estimé qu'elle "viserait uniquement à détruire les Syriens" en rendant le pays dépendant de l'étranger.