02-05-2024 05:37 PM Jerusalem Timing

Un expert de l’ONU sur la torture n’est plus le bienvenu au Bahreïn

Un expert de l’ONU sur la torture n’est plus le bienvenu au Bahreïn

Il estime que la décision du gouvernement de Bahreïn pourrait être perçue comme s’il y avait quelque chose à cacher

Un expert de l'ONU en droits de l'Homme, Juan Mendez, a exprimé mercredi "sa profonde déception" face à la décision prise par le gouvernement de Bahreïn d'annuler sa visite dans le pays, qui devait avoir lieu du 8 au 15 mai.
  
"C'est la deuxième fois que ma visite a été reportée, et ce avec un très court préavis. Il s'agit bien d'une annulation puisque aucune autre date n'a été proposée et il n'y a aucune feuille de route pour discuter" avec les autorités, déclare le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture.
  
Il estime que la décision du gouvernement de Bahreïn pourrait être perçue "comme s'il y avait quelque chose à cacher". "Pour le moins, cela ne favorise pas la transparence à l'égard de la situation dans le pays", et ne démontre pas un engagement à lutter contre l'impunité, estime-t-il.
  
M. Mendez assure avoir reçu le 22 avril une lettre du gouvernement de Bahreïn lui expliquant que le Dialogue national en cours a pris plus de temps que prévu et que sa visite pouvait porter préjudice aux chances de succès du processus.
  
Le Dialogue national a repris en février après l'échec d'une session en juillet 2011. L'opposition continue de manifester tout en dialoguant.
  
Elle demande une véritable monarchie constitutionnelle à Bahreïn où les chiites forment la majorité de la population et où le pouvoir est entre les mains de la dynastie sunnite des Al-Khalifa depuis plus de 200 ans.
  
"En raison de la sensibilité de mon mandat, il n'y aura jamais un moment parfait pour ma visite", souligne de son côté M. Mendez.
  
Il relève par ailleurs que la décision du gouvernement de Bahreïn intervient après une autre semaine d'affrontements continus entre les manifestants et les forces de sécurité, ainsi qu'après la publication de plusieurs rapports dénonçant l'échec de Bahreïn à juger les hauts fonctionnaires responsables d'actes de torture.
  
Malgré une répression meurtrière entre février et mars 2011, des manifestations continuent d'avoir lieu dans les villages chiites autour de Manama. Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), au moins 80 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation.