Le ministre des affaires étrangères espagnoles en visite au Liban a insisté sur le maintien de la politique de distance adoptée par le Liban envers la crise syrienne.
Au cours d'une visite de deux jours au Liban, dans le cadre d'une tournée dans la région à travers laquelle il sest rendu en Jordanie et dans l'entité sioniste, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, a annoncé une série de positions sur différents dossiers notamment la crise syrienne et la présence espagnole au Liban-sud dans le cadre de la FINUL.
Accompagné d'un grand nombre de diplomates espagnols et d'une délégation de 11 journalistes faisant partie de grands journaux et de chaînes de télévision, de stations de radio espagnoles, il a rencontré son homologue libanais avec qui il a insisté à s'entretenir en privé.
Les deux ministres ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle García-Margallo, a réitéré la position de son gouvernement envers la crise syrienne selon laquelle " la solution militaire ne mène nulle part " ajoutant que " la position de son pays fait partie de la politique de l'Union européenne".
" Le régime de Bachar el-Assad continue d’être soutenu par une partie du peuple syrien, quelle que soit son importance. Il bénéficie en outre d’une armée forte et efficace, d’un soutien politique de la Russie. Ce qui nous inquiète aujourd’hui, au ministre Mansour et à moi-même, c’est la division de l’opposition syrienne et l’infiltration des forces salafistes dans le pays", a-t-il affirmé.
Et de poursuivre : « Du point de vue de l’Espagne, la solution ne peut venir que par le biais des négociations entre le régime et l’opposition, de sorte qu’une nouvelle Syrie puisse émerger d’un gouvernement transitoire pavant la voie à la naissance d’un pays qui rassemble toutes les communautés, les appartenances et les allégeances politiques. »
Il a insisté sur dans ses réponses à plusieurs reprises sur «la crainte d'une vague de terrorisme international qui affecte actuellement le monde ".
En réponse à une autre question, le ministre a indiqué que la possibilité d’armer l’opposition syrienne n’a pas encore été tranchée au sein de l’Union européenne, soulignant que certains États membres sont contre cette idée, d’autant que l’opposition est divisée.
Au cours de ses réunions avec les différents responsables libanais, notamment les présidents de l'exécutif et du législatif, Garcia Margallo a insisté sur quatre points:
Premièrement, renforcer les relations commerciales et économiques, en particulier dans le domaine de l'énergie et du gaz surtout que les industries pétrolifères espagnoles cherchent de nouveaux marchés pour sortir de sa crise économique.
Deuxièmement, l'échange d'informations sur les événements en Syrie, en particulier entre la Jordanie et le Liban et sur la façon de coopérer sur la question des réfugiés syriens. Le diplomate a rappelé que son pays a offert lors de la conférence des bailleurs de Koweit une somme de 3 millions de dollars d'euros .
Troisièmement, encourager les autorités libanaises à maintenir une politique de distance envers la crise syrienne «parce que toute implication libanaise aura des conséquences catastrophiques pour le pays».
Quatrièmement, l'Espagne suit et soutient les efforts menés par le secrétaire d'Etat américain John Kerry, et les Européens attendent toujours le résultat de ces efforts .
Par ailleurs, le ministre espagnol a inspecté le contingent de son pays oeuvrant au sein de la Finul, à Marjeyoun au sud du Liban.
M. Garcia-Margallo s'est enfin entretenu avec les journalistes présents sur les lieux, démentant les rumeurs selon lesquelles l'Espagne devrait se retirer de la Finul à la fin de 2013.
Il a déclaré que "l'Espagne compte réduire son effectif de 800 à 720 soldats : une mesure qui s'inscrit dans le cadre des coupes budgétaires imposées à tous les ministères ", indiquant que «contrairement à ce que certains pensent , l'ONU ne couvre que 20 pour cent des dépenses des troupes internationales, le reste est sur charge les États et l' Espagne paie chaque année 178 millions d'euros pour ses soldats travaillant dans le sud du Liban".
Et d'ajouter: "Nous sommes là pour rester, en respect de la résolution 1701".
Il a ensuite tenu une réunion à huis clos avec le brigadier général Alonso Panos, avec lequel il a discuté des missions du contingent espagnol au Liban-Sud.
Interrogé sur la situation dans la région et l'impact de ce qui se passe en Syrie sur le Liban , le diplomate était plutôt pessimiste: " la région est en ébullition et la situation est très complexe, toute la communauté internationale tente de résoudre ce problème. Nous nous intéressons à la situation au Liban, nous savons les difficultés rencontrées par l'accueil des réfugiés et nous allons essayer d'aider autant que possible".