ce chiffre dément les prévisions optimistes qui avaient prédit la hausse "la plus faible de ces dernières années
Le chômage en Espagne a atteint un nouveau seuil historique de 27,16%, à égalité avec la Grèce, et plus de six millions de sans-emploi, au moment où la France attend elle aussi un nombre record de chômeurs.
Plongée dans une récession qui ne devrait pas connaître de répit en 2013, soumise à une cure d'austérité inédite qui mine le retour à l'emploi, l'Espagne a annoncé jeudi une nouvelle progression du chômage, qui la situe à peine en-dessous des 27,2% enregistrés en Grèce, le niveau le plus haut dans le monde industrialisé.
Le chiffre est particulièrement dramatique chez les plus jeunes, avec 57,22% de chômeurs parmi les 16-24 ans, contre 55,13% au trimestre précédent, un phénomène qui pousse de très nombreux jeunes Espagnols, souvent diplômés, à partir pour l'étranger à la recherche d'un emploi.
Dans un contexte de profonde crise sociale, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy s'apprête à annoncer vendredi de nouvelles réformes économiques, qui ne devraient toutefois pas comprendre de mesures d'austérité significatives.
Alors que de nombreuses manifestations, le plus souvent pacifiques, ont exprimé depuis plus d'un an le malaise qui a gagné le pays, étranglé par la rigueur, une coordination au discours très radical a appelé à encercler jeudi soir le Congrès des députés à Madrid.
La police, qui a déployé de très importants renforts, a annoncé avoir arrêté, à quelques heures de la manifestation, quatre membres de "groupes anarchistes qui s'apprêtaient à brûler une banque".
La France elle aussi, en panne de croissance, pourrait atteindre son record en matière de chômage: les chiffres attendus dans la journée devraient battre le record de 1997, établi à 3,195 millions de sans-emploi.
Face à l'urgence de la situation, la président François Hollande a appelé au "rassemblement du pays" autour de ce dossier "essentiel".
Rapporté à la population active, le taux de chômage en France tourne en effet autour de 10,2% mais les perspectives sont très pessimistes: le Fonds monétaire international (FMI) table sur une poursuite de la flambée, pour atteindre 11,6% en 2014.
Le moteur de la croissance devrait y rester à l'arrêt au moins pour l'année en cours, le FMI prévoyant une contraction du produit intérieur brut de 0,1% cette année.
En Espagne, quatrième économie de la zone euro, le chômage a bondi à la fin mars de plus d'un point, après 26,02% au dernier trimestre 2012: ce chiffre dément les propos optimistes tenus mercredi par Mariano Rajoy, qui avait prédit la hausse "la plus faible de ces dernières années".
Le chiffre est "dramatique", a d'ailleurs reconnu la secrétaire d'Etat à l'Emploi, Engracia Hidalgo.
Le pays de 47 millions d'habitants compte désormais 6.202.700 chômeurs, soit 237.400 personnes de plus qu'au trimestre précédent.
L'Institut national de la statistique souligne que cette nouvelle flambée du chômage touche "presque toutes les tranches d'âge, particulièrement les 25-29 ans" qui perdent 69.900 emplois, et "presque toutes les régions", avec un record à 36,87% pour l'Andalousie.
Très significatif d'une "fracture sociale" grandissante qui inquiète toutes les organisations humanitaires, le nombre de foyers dont tous les membres sont au chômage augmente lui aussi, à 1.906.100, sur un total de 17 millions de foyers.
Cette nouvelle aggravation du chômage s'ajoute à la poursuite attendue de la récession, la Banque d'Espagne prévoyant un recul du PIB de 0,5% au premier trimestre alors que le pays, retombé en récession à la fin 2011, a vu son économie se contracter de 1,37% en 2012.
Plongée dans la crise depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, l'Espagne, dirigée depuis la fin 2011 par un gouvernement de droite, a lancé en 2012 un vaste programme de rigueur visant à récupérer 150 milliards d'euros d'ici à la fin 2014, ce qui a contribué à approfondir le recul de l'activité et à faire exploser le chômage.
Pour 2013, le gouvernement a admis cette semaine que l'économie espagnole devrait se contracter de 1% à 1,5% du PIB, contre 0,5% prévu jusqu'à présent.