Les ressources pétrolières libanaises sont supérieures à celles israéliennes, affirment les experts.
Le conflit des partis politiques libanais sur le portefeuille de l’énergie dans le prochain gouvernement n’est pas du hasard. Les études effectuées par les experts internationaux, dont dernièrement par la compagnie pétrolière britannique Spectrum, assurent de plus en plus que les quantités de gaz présentes dans les eaux économiques libanaises sont plus importantes que celles des champs israéliens Lévitan et Tamar. Selon l’expert Nil Hudson, qui avait pris part à un congrès sur le gaz et le pétrole au Liban, les chances de retrouver des quantités énormes de gaz en face des côtes libanaises sont grandes, précisant que si tout va bien, le Liban pourra produire du gaz à partir de 2019 ou 2020.
« Au début nous avons cru que la couche de base qui se trouve en face du littoral libanais date de la même époque que celle dans les champs Tamar et Lévitan. Mais nous avons découvert qu’il existe deux couches, et c’est une bonne nouvelle », a-t-il expliqué, ajoutant que « les quantités du gaz naturel présentes dans la couche inférieure sont plus grandes et leur extraction est plus facile ».
Sur une superficie de 3000 km², ce même expert a prévu l’existence des quantités de gaz variant entre 30 et 40 trillions de pieds cubes. Parallèlement, le champ Tamar renferme sur 10 trillions de pieds cubes de gaz, et Lévitan 17 trillions de pieds cubes.
Pour atteindre la couche supérieure, il faut effectuer un forage de 3,5 kilomètres dans la mer, mais pour atteindre la couche inférieure, un forage de six à sept km est obligatoire. Selon Hudson, 70 % des régions riches en gaz ont été cartographiées, à partir de sondages sismiques de trois dimensions qui donnent une image précise. La compagnie Spectrum a l'intention de poursuivre la cartographie de 95% de la région, et dans la semaine prochaine elle devrait acheter le matériel nécessaire pour cette fin.
Le champ "Tamar"
Dans le même temps, des rapports contradictoires ont été publiés sur la poursuite ou la suspension de pompage du gaz à partir de la plate-forme "Tamar". Ceci a provoqué la perte de 2% des actions de la compagnie. Alors que la compagnie «Tamar» a confirmé que le pompage du gaz n'a pas cessé hier, les médias israéliens ont affirmé que ce pompage a été interrompu pendant 40 minutes en raison d'un dysfonctionnement des pompes de plate-forme.
La société Noble Energy avait rapporté plus tôt ce mois-ci, que le pompage du gaz du champ Tamar atteint quotidiennement les 300 millions de pieds cubes. En outre, la société a indiqué que d’ici la fin du troisième trimestre de l'année en cours, près d’un milliard de pieds cubes de gaz seront pompés par jour.
Malgré les démentis de la compagnie Tamar d’un quelconque dysfonctionnement dans le pompage du gaz, la compagnie gouvernementale responsable du gazoduc terrestre a confirmé la présence d’un certain problème qui a provoqué le recul du pompage à 50%. Dans une interview accordée à la revue économique israélienne Globes, le directeur général de la compagnie australienne Woodside Peter Colman s’est dit inquiet quant aux obstacles dressés par le gouvernement israélien sur une décision à propos de l’exportation du gaz.
Les frontières maritimes
De retour au Liban, les ambitions israéliennes de mettre la main sur une partie de la frontière maritime libanaise prive le Liban de la chance d’exploiter les ressources présentes dans la région controversée, d’une superficie de 865 km². Sur ce sujet, le chef de la délégation libanaise qui suit le dossier des frontières maritimes le colonel Abdel Rahmane Shoheitli a regretté le manque d’efforts politiques libanais pour fixer à jamais les frontières maritimes du pays et consacrer le droit du Liban à explorer la zone controversée avec l’ennemi israélien. Il a appelé le nouveau gouvernement de Tammam Salam à faire pression auprès des instances internationales pour trouver une solution à la problématique des frontières maritimes, mettant en garde contre tout laxisme dans ce dossier. Il a également demandé la formation d’un comité spécial, loin de tous les calculs politiques et confessionnels pour suivre le dossier des frontières maritimes.
Le conseil de Frederic Hoff
L’ancien ambassadeur américain au Liban Frederic Hoff avait insisté sur l’importance que le Liban entame le processus de forage du gaz en Méditerranée, surtout que la superficie de la zone libanaise non controversée est estimée à 22000 km², alors que la zone controversée est seulement de 865 km. Ayant présidé la coordination du dossier du pétrole entre le Liban et Israël, Hoff a souligné qu’Israël va entamer prochainement le pompage du gaz dans une zone située à 40 km dans la région controversée. Et d’ajouter qu’il n’existe pas de formule ou d’accords internationaux précis sur la démarcation des frontières maritimes dans le monde et par la suite il faut régler le conflit libano-israélien et le Liban peut commencer à travailler dans la zone qui lui appartient pour profiter de cette chance et mettre de côté les différends avec Israël, surtout que les différends sur les frontières maritimes est un problème commun à plusieurs pays du monde.