Et Moscou aussi semble soulagée pour son role au Moyen Orient
Les visiteurs de la capitale syrienne le palpent : les dirigeants syriens sont persuadés que la phase de la menace stratégique est dissipée. Le président syrien Bachar al-Assad l’a dit clairement dans son entretien avec la télévision syrienne al-Akhbariyya.
Depuis le début de la crise, plusieurs certitudes se sont imposées.
La première étant que les Européens n’enverront pas d’armes efficaces aux rebelles en Syrie, de crainte qu’elles ne parviennent aux miliciens salafistes d’Al-Qaïda.
Sur la scène européenne, il semble même que ce dossier se soit déplacé du côté de l’Allemagne, laquelle affiche un rejet inconditionnel de toute suspension de l’embargo d’armes imposé aux miliciens. Un haut responsable sécuritaire allemand s’est rendu en Syrie depuis quelques semaines. Aussi bien en Syrie qu’au Liban, les activités des services de renseignements allemands sont en effervescence.
Plus encore, plusieurs représentants européens se sont rendus en Syrie ces derniers temps, pour demander aux autorités syriennes la liste des noms des jihadistes européens et arabes afin de les placer sous surveillance.
Les dernières positions à Beyrouth du ministre espagnol des affaires étrangères, José-Manuel Garcia Margello, lequel a reconnu que le président syrien dispose d’une assise populaire importante illustrent également cette velléité d'une nouvelle approche de certains Etats européens de la crise syrienne.
Le deuxième facteur de soulagement perçu par Damas est le différend entre Doha et Riad, tous deux principaux appuis des miliciens en Syrie. Il s’est illustré par les combats qui éclatent entre le front al-Nosra soutenu par l’Arabie et l’Armée syrienne libre soutenue par Qatar et qui risquent de s’attiser.
Le bras de fer saoudo-qatari s’est étendu vers l’Égypte, où Riad exerce des pressions sur le président égyptien Ahmad Morsi pour l’éloigner de l’orbite qatarie, et sur le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi qui effectue de longs séjours à Doha.
Quant au troisième facteur, il est lié à l’amélioration de la posture de l’armée régulière sur le terrain, et ce grâce à la coordination fournie par les Russes et les Iraniens et les expériences accumulées durant ces deux années de combat. Ce qui lui a permis de contrôler des positions stratégiques dont les artères principales.
Autre élément apaisant pour la Syrie est le dialogue russo-américain, qui a permis selon un responsable russe de faire reconnaitre à Washington le rôle russe dans la région. Sans oublier le dialogue irano-saoudien parrainé par le prince Mokren Ben Abdel-Aziz.
Il semble aussi que Moscou aussi soit soulagée quant à sa position politique au Moyen Orient. Une source syrienne prédit qu’elle a de fortes chances de le diriger dans les prochaines années. Alors que les Américains devraient se consacrer à la Chine et à la région du Pacifique.
Traduit du journal libanais al-Akhbar