C’est ce qu’a estimé un ancien diplomate algérien au Moyen-Orient.
Selon un ancien diplomate algérien au Moyen-Orient, le Qatar exploite le contexte de crise politique mais surtout économique dans laquelle s’enlise l’Egypte pour lui arracher le poste de secrétaire général de la Ligue arabe.
Selon notre source, le Qatar est prêt à «acheter» le soutien des Frères musulmans, actuellement au pouvoir.
«Depuis la dernière réunion de la Ligue arabe à Doha, en mars dernier, plusieurs émissaires qataris ont été envoyés en Egypte pour convaincre le président Mohamed Morsi d’apporter son soutien à la future candidature du Qatar pour la présidence de la Ligue arabe, un poste que l’émir Hamad Bin Khalifa Al-Thani convoite depuis le déclenchement de ce qu’on appelle le printemps arabe», a affirmé notre source.
«Les tractations ont commencé depuis quelques mois.
Et l’émir du Qatar a officiellement demandé, lors de ce 24e Sommet qui s’est tenu à Doha, au président égyptien Mohamed Morsi de ne plus présenter de candidat à ce poste et de faire en sorte que la présidence de la Ligue arabe échoit au Qatar», a encore ajouté l’ancien diplomate algérien.
D’après lui, lors de sa discussion avec Mohamed Morsi, l’émir du Qatar aurait insinué qu’il ne verserait pas d’argent à l’Egypte sans avoir la garantie de «son soutien dans sa manœuvre visant à prendre la tête de la Ligue arabe».
«Les diplomates qataris tentent de peser de tous leur poids pour que l’Egypte lâche la présidence au profit de ce petit royaume de 11 000 km2.
La conjoncture y est favorable. Le président Morsi, en difficulté sur le plan interne en raison de la crise économique, a besoin de financements extérieurs.
Il sollicite l’aide, entre autres, du Qatar, dont l’émir, qui veut mettre totalement sous son giron cette organisation inféodée à l’Occident, semble prêt à mettre le paquet», a précisé notre source, selon laquelle le Qatar aurait même proposé un chèque «de près de 7,2 milliards de dollars en contrepartie de ce poste qui est toujours revenu à l’Egypte».
L’émir Hamad Bin Khalifa Al-Thani s’est engagé également à instruire les entreprises qataries pour investir en Egypte.
«Les Frères musulmans semblent pour le moment résister à la tentation. Eux aussi veulent garder le contrôle de cette organisation pour avoir un semblant d’influence dans le monde arabe», a-t-il ajouté.
«Mais, en même temps, ils sont confrontés à une crise sans précédent et à de fortes tensions sociales auxquelles ils ne peuvent pas faire face car l’Egypte est trop endettée et a perdu, à cause de la crise internationale, 80% de l’aide américaine», a encore souligné le diplomate.
Le Qatar semble ainsi leur seul recours.
«A cela s’ajoutent les pressions exercées sur l’Etat égyptien par certains pays arabes proches du Qatar pour confier, c’est le cas de le dire, la gestion de la Ligue arabe à ce pays allié des Américains et par ricochet des Israéliens», a relevé notre source, qui craint que le contexte de déstabilisation de plusieurs Etats arabes lui soit favorable.
Toujours d’après notre source, des pays comme la Libye et le Maroc soutiennent le Qatar.
Bien que des pays comme l’Algérie et la Mauritanie ne semblent pas, du moins pour le moment, favorables à cette option, ceux du Golfe le seraient à l’unanimité.
Le Qatar, d’après notre source, «se sent à l’heure actuelle assez puissant» pour définir les priorités du monde arabe et dessiner les nouvelles équations géostratégiques dans la région, comme il le fait déjà avec le forcing qu’il a opéré lors du dernier sommet de Doha en accordant le siège de la Syrie à l’opposition basée à l’étranger.
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