Une guerre qui dévoile ses plans est une guerre médiatique
Depuis les exploits de l’armée régulière syrienne dans la province de Damas et à Homs, un vent de guerre souffle contre la Syrie.
Les souffleurs ne sont autres que les alliés occidentaux et arabes de l‘insurrection dans ce pays. A consulter les déclarations des sources liées aux uns et aux autres, tous les plans de guerre sont divulgués. Mais le conditionnel est au menu.
L’un des scenarios propagés consiste en des frappes militaires réalisées par les Etats-Unis et Israël, contre des sièges de commandement militaires de l’armée régulière et ses dépôts d’armements en Syrie ainsi qu’à la frontière libano-syrienne. Ce sont des sources arabes et occidentales qui en ont parlé au journal libanais AsSafir, et des sources britanniques aussi pour le site Syria Truth.
Et il y a aussi un scénario gouvernemental britannique, celui d’« une frappe d’avertissement pour amener le président syrien à négocier », raconté au journal britannique Daily Mail.
Guerre contre la Syrie: prolixité généreuse
Pour le journal libanais, il est question que « les milieux sécuritaires arabes et occidentaux évoquent les éventualités sur l’existence de plans d’attaques terrestres et balistiques contre Damas à partir de Deraa et du Golan, et d’autres plans israéliens qui visent à couper les ponts de liaison entre l’armée syrienne et le Hezbollah, au nord-est de Damas, et dans la région de la Bekaa occidentale ».
Et ces sources deviennent encore plus prolixes, en dévoilant généreusement les détails sur la distribution des missions entre Américains et Israéliens : « les opérations de préparation se poursuivent intensément, et il existe une distribution de missions entre les Israéliens qui se chargent des opérations terrestres à partir du Golan contre les troupes syriennes, et les Américains qui se chargent des opérations balistiques et aériennes. Il est fort probable que des Unités terrestres israéliennes effectuent une incursion à partir du Golan occupé contre les unités de l’artillerie de l’armée syrienne et contre les positions du Hezbollah situées dans la Bekaa de l’Ouest, et sur les flancs des montagnes et des passages qui mènent à Damas, et ce pour le séparer de ses bases au sud-Liban et des bases des unités syriennes, situées à Zabadaneh. Alors que les Américains se contenteront de bombarder des rassemblements militaires syriens ainsi que les dépôts d’armements chimiques qui risquent de tomber entre les mains du Hezbollah ou de l’opposition salafiste jihadiste ».
Hormis ces deux forces, la mission de la milice de l’Armée syrienne libre dans cette présumée opération militaire est évoquée: « les éléments de la milice de l’Armée syrienne libre, entrainés en Jordanie auront un rôle essentiel à jouer dans l’attaque contre Damas, et où sont stationnées 5 unités d’artillerie aux confins entre Deraa et Damas ».
Pour le Syria Truth, la source britannique a également été loquace. Elle dit que lors de la rencontre entre le secrétaire d’Etat américain Chuck Hagel avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, « il lui a donné le feu vert pour une incursion vers le Golan libérée dans une profondeur allant de 5 à 10 Km pour y instaurer une zone d’exclusion qui permettrait d’empêcher aux islamistes extrémistes de s’approcher des frontières et des 16 colonies situées dans le Golan occupé, à condition de la livrer ultérieurement aux miliciens des Frères Musulmans de l’ASL » .
Concernant les frappes aériennes américaines, la source britannique raconte qu’elles devraient cibler des unités militaires syriennes dans le Hourane et à Swaida dans le sud de la Syrie, dans le but de les disperser , de les séparer de la capitale et d’ouvrir la voie à des milliers de miliciens entrainés en Jordanie de se ruer vers Damas.
En même temps, des commandos américains et jordaniens devaient de leur côté faire des descentes dans les positions soupçonnées renfermer les stocks d’armements chimiques, surtout au nord-est de la capitale.
Daily Mail: la guerre au conditionnel
Dans le journal britannique Daily Mail, le scenario est plus limité, et le conditionnel y est plus marqué.
Selon des responsables britanniques, leur gouvernement a déjà mis au point des plans pour effectuer une frappe aérienne et balistique précise en Syrie pour amener le pouvoir en Syrie à négocier.
« Nous pourrions recourir à une frappe d’avertissement qui ne nous entraine pas vers une guerre globale pour exercer davantage de pressions sur le régime d’Assad pour qu’il vienne à la table des négociations », a confié une source du gouvernement britannique haut-placée au journal.
Le journal conclut toutefois avec la position réticente de l’institution militaire britannique hostile à une telle démarche et qui d’après lui a persuadé le Premier ministre David Cameroun que la solution politique est ce qu’il y a de mieux.
Une guerre qui dévoile ses plans est une guerre médiatique
Ces menaces occidentales sont le couronnement d’une campagne chimique contre Damas, l’accusant arbitrairement, alors que ce sont les miliciens qui devraient l’être, suite à l’attaque contre Khan al-Assal qui a fait 25 tués. On a longtemps cru au scénario irakien !
Elles se sont attisées au rythme des échecs essuyés par les miliciens dans la province de Damas et à Homs, signe que l’armée syrienne n’est plus déroutée et qu’elle a pris l’initiative.
Or, à voir les détails divulgués avec, il est difficile de croire à ce qu'elles se cloturent en une guerre. Chaque guerre devrait garder une bonne part de secret. Lorsqu’elle n’en a pas, elle est reléguée à une guerre médiatique.
Cette campagne est d’autant plus nécessaire que les occidentaux ont plusieurs fois rejeté une intervention militaire en Syrie, en dehors du Conseil de Sécurité, en considérant les dérapages qui en découleraient : une guerre régionale, voire même un embrasement internationale. Ce qui nous rappelle pertinemment le scénario iranien.
Elle est aussi indispensable afin de tromper les insurgés et leur donner de faux espoirs pour qu'ils poursuivent la tâche qui leur est due: la destruction de la Syrie.
C'est seulement lorsqu'elle sera achevée, que les risques d'une guerre occidentale seront réels!