25-11-2024 06:25 AM Jerusalem Timing

Bahreïn: mort d’un quatrième détenu, HRW appelle à enquêter

Bahreïn: mort d’un quatrième détenu, HRW appelle à enquêter

la fille d’un militant des droits de l’Homme entame une grève de la faim pour dénoncer l’arrestation de plusieurs membres de sa famille.

Un quatrième détenu à Bahreïn est mort en prison, a annoncé mercredi l'opposition, alors que l'organisation Human Rights Watch (HRW) appelait les autorités à enquêter sur les décès en détention.
 
"L'homme d'affaires Karim Fakhrawi est mort dans des circonstances mystérieuses en prison", a annoncé le principal groupe de l'opposition, le mouvement Al-Wefaq, sur son site web.
 
Le mouvement précise que M. Fakhrawi, arrêté le 3 avril, "est la quatrième personne à succomber dans les prisons bahreïnies" depuis la répression du mouvement de contestation contre la dynastie des Al-Khalifa.
   
Le ministre de l'Intérieur avait annoncé le 3 avril la mort en prison d'un homme arrêté en lien avec les manifestations, puis le 10 avril le décès de deux manifestants.
 
Dans un communiqué publié avant l'annonce d'Al-Wefaq, HRW a estimé que "le procureur général devrait effectuer une enquête sur la mort de trois personnes en détention et demander des comptes à toute personne reconnue responsable de tortures, de mauvais traitements ou d'avoir empêché l'accès à des soins médicaux".


HRW a indiqué avoir pu constater des signes de "sévices atroces" sur le corps d'Ali Issa Ibrahim Saqr, manifestant mort en prison le 9 avril.
 
Selon les prétentions du ministère de l'Intérieur, M. Saqr, 31 ans, a succombé à des blessures subies en tentant de résister à des agents de l'ordre pendant sa détention.
 
Un deuxième détenu, Zakaria Rached Hassan, 41 ans, avait été retrouvé mort le 9 avril dans sa cellule. Le ministère a prétendu qu'il était décédé des suites d'une maladie commune à Bahreïn, la drépanocytose. L'autre détenu décédé en début avril avait succombé à la même maladie.
 
Les autorités ont violemment réprimé à la mi-mars la contestation populaire des bahreinis, après
l'arrivée de forces saoudiennes et émiraties. 24 personnes ont été tuées, dont une femme et un adolescent.


La répression du mouvement de contestation a été suivie de rafles au cours desquelles plus de 400 personnes, dont 11 femmes ont été arrêtées selon Amnesty International.


Les forces bahreïni-saoudiennes ont également profané les lieux de culte sous prétexte qu’ils servent de cache-d’armes.


Selon le ministère de l’intérieur, les armes retrouvées dans ces lieux sont les mêmes utilisés par les forces de l’ordre.



Grève de la faim et lettre ouverte à Obama


Entre-temps, la fille d'un militant des droits de l’Homme a entamé mardi une grève de la faim pour dénoncer l'arrestation de plusieurs membres de sa famille — y compris son père et son mari — pour leur participation à des manifestations antigouvernementales.


Zainab al-Khawaja a indiqué à l'Associated Press qu'elle refusera de s'alimenter tant que son père, Abdulhadi al-Khawaja, n'aura pas été libéré, en compagnie de son mari, son beau-frère et son oncle.


La femme de 27 ans, mère d'un petit bébé, a en outre affiché sur son blog une lettre adressée au président américain Barack Obama.


Mme al-Khawaja affirme que son père a été battu jusqu'à perdre conscience avant d'être emmené par des hommes masqués.


Son seul crime, a-t-elle dit, avait été de documenter les violations des droits de l’Homme commises au Bahreïn.


Abdulhadi al-Khawaja est l'ancien directeur pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient de Frontline Defenders, une association de défense des droits de l’Homme. Il a aussi travaillé pour Amnesty International et Human Rights Watch.