Les forces tunisiennes tentent depuis décembre de démanteler ce groupe, composé à l’origine de onze combattants.
Les forces tunisiennes sont engagées mercredi dans des combats avec un groupe d'une cinquantaine de jihadistes retranchés sur le mont Chaambi, près de la frontière algérienne, une opération sans précédent depuis la révolution de janvier 2011.
"Le groupe est composé de plus d'une cinquantaine de salafistes jihadistes", a indiqué une source sécuritaire, précisant qu'ils étaient bien armés et que certains seraient des vétérans islamistes revenus du Nord Mali.
Les forces tunisiennes tentent depuis décembre de démanteler ce groupe, composé à l'origine de onze combattants, et considéré comme responsable d'une attaque qui a coûté la vie à un agent de la Garde nationale à Bou Chebka, poste frontalier avec l'Algérie.
"Ils ont ensuite recruté des jeunes de Kasserine et des hommes revenus du Mali", a affirmé cette source qui n'a pas précisé l'origine de ces informations.
Les autorités n'ont pour leur part publié aucune information, celles-ci ne commentant jamais des opérations en cours. Elles ont néanmoins indiqué qu'une traque d'un groupe terroriste sur le Mont Chaambi était en cours et qu'une dizaine de militaires et gendarmes ont été blessés par des explosions de mines lundi et mardi.
Le journaliste de l'AFP présent sur le terrain a entendu des échanges de tirs nourris à la mi-journée mercredi dans cette zone bouclée par l'armée et où des hélicoptères patrouillaient.
Selon la source interrogée par l'AFP, le groupe est commandé par un Algérien et deux Tunisiens originaires du chef-lieu régional, Kasserine.
Ces jihadistes ont miné une partie du massif avec des engins artisanaux qui ont blessé une dizaine de gardes nationaux et de militaires, certains grièvement, depuis lundi.
"On a trouvé hier (mardi) des grenades, des engins explosifs de type militaire et artisanal, de la documentation sur la fabrication d'engins artisanaux, des documents codés, des cartes géographiques et des téléphones mobiles ayant servi à passer des appels vers l'étranger", a raconté la source.
Contrairement aux deux jours précédents, les opérations sont désormais menées par l'armée dont les unités sont équipées de détecteur de mines. La garde nationale --l'équivalent de la gendarmerie-- est passée en seconde ligne.
Bassem Haj Yahia, qui a perdu une jambe après l'explosion d'un des engins, a raconté à l'antenne de la radio privée Mosaïque-FM que les troupes font face
à un adversaire organisé et bien armé.
"Ils sont installés comme dans un petit village où ils ont leurs planques et un site d'entraînement ainsi que des équipements", a indiqué cet agent de la Garde nationale.
Au regard de ces dires, il s'agit de la plus grosse opération du genre depuis les évènements de Soliman, à une quarantaine de kilomètres de Tunis,
lorsque les forces tunisiennes ont combattu fin 2006-début 2007 un groupe d'une trentaine de jihadistes tunisiens et algériens.
Le régime de Zine El Abidine Ben Ali, renversé par une révolution en janvier 2011, avait alors fait état de la mort d'un militaire, deux policiers et douze islamistes.
L'actuel gouvernement, dirigé par les islamistes du parti Ennahda et par ailleurs empêtré dans une interminable crise politique, a reconnu que la
nébuleuse jihadiste représentait une menace accrue dans la région.
La porosité des frontières est notamment en cause, comme l'a montré la prise d'otages sur le site gazier algérien d'In Amenas par un commando venu semble-t-il du Mali via la Libye. Ce groupe de 32 hommes comptait onze Tunisiens.
Des opposants tunisiens ont vivement critiqué mercredi le laxisme des autorités, la mouvance salafiste connaissant un essor depuis la révolution.
"Le gouvernement, et en particulier le ministère de l'Intérieur, assument la responsabilité de ne pas avoir doté ces unités des moyens d'intervention et de prévention nécessaires pour bien s'acquitter de leur mission", a dénoncé le parti Al-Massar.
Il craint que "le pays sombre dans le tourbillon du terrorisme et menace son intégrité et la sécurité de ses citoyens".