Pour le vice-président Joe Biden, si l’administration américaine actuelle est extrêmement prudente dans le dossier syrien, c’est parce qu’elle a à l’esprit les erreurs commises lors de l’invasion de l’Irak.
Les solutions aux problèmes du Moyen Orient, notamment le conflit en Syrie ou la perspective d'un Iran doté de l'arme nucléaire, sont "politiques, pas militaires", a estimé jeudi le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, lors d'un discours devant le Washington Institute for Near East Policy, un groupe de réflexion de Washington.
Dans ce cadre, le rôle des Etats-Unis est "d'aider à influer sur le cours des événements" aussi bien par des moyens diplomatiques, économiques, humanitaires, que militaires "en coordination avec nos alliés", a ajouté le chef du Pentagone, un ancien du Vietnam depuis réticent à engager l'armée américaine dans des conflits. Dans son intervention, au cours de laquelle il s'est gardé de brandir toute ligne rouge à l'intention des régimes syrien et iranien, Chuck Hagel a argué que la Syrie et l'Iran constituaient des problèmes pour toute la région.
L'escalade de la violence en Syrie menace de déborder de ses frontières, un problème accru par les stocks d'armes chimiques du régime, tandis que le soutien iranien à Bachar al-Assad, au Hezbollah ainsi que son programme nucléaire créent une "menace claire" pour les Etats-Unis et toute la région, a-t-il noté.
"Nous devons répondre à ces défis communs par la force de coalitions d'intérêts communs, qui comprennent Israël et nos autres alliés dans la région", a plaidé le ministre, de retour d'une tournée qui l'a récemment mené à l’entité sioniste, en Egypte, en Jordanie, en Arabie saoudite et aux Emirats, traditionnels alliés de Washington au Moyen Orient. Quant aux Etats-Unis, ils doivent "s'engager avec discernement", selon lui.
"Cela requiert une perception claire de nos intérêts nationaux, de nos limites, ainsi qu'une compréhension des complexités de cette région du monde imprévisible, contradictoire et pourtant porteuse d'espoir", a-t-il expliqué
Les leçons de l'invasion en Irak
Pour le vice-président Joe Biden, si l'administration américaine actuelle est extrêmement prudente dans le dossier syrien, c'est essentiellement parce qu'elle a à l'esprit les erreurs commises à son sens lors de l'invasion et l'occupation de l'Irak en 2003. Assurant dans un entretien au bimestriel Rolling Stone que l'équipe du président Barack Obama avait restauré l'image des Etats-Unis dans le monde, Joe Biden a aussi expliqué que "nous ne voulons pas tout gâcher comme la précédente administration (de George W. Bush) l'a fait en Irak, en disant armes de destruction massive".
Le gouvernement américain a évoqué pour la première fois il y a deux semaines le probable recours du gouvernement syrien à son stock d'armes chimiques, mais Barack Obama a affirmé que les preuves n'étaient pas encore suffisamment solides pour déterminer qu'une "ligne rouge" avait été franchie par le régime de Bachar al-Assad.
C'est a priori la première fois qu'un haut responsable de l'exécutif américain établit aussi clairement le lien entre la décision d'envahir l'Irak il y a dix ans et l'attitude actuelle de Washington face à la Syrie.
Kerry presse Assad de partir
De son côté, le secrétaire d'État américain John Kerry, qui enchaîne depuis trois jours des rencontres sur la Syrie, a répété jeudi lors d'une visite à Rome que le président Bachar al-Assad ne pourrait pas faire partie d'un gouvernement de transition.
Toutes les parties en présence travaillent "pour mettre en place un gouvernement de transition issu d'un consensus, ce qui signifie clairement pour nous que le président (Assad) ne participera pas à un gouvernement de transition", a déclaré John Kerry à la presse avant de rencontrer le chef de la diplomatie jordanienne, Nasser Judeh.
source: L'express