"En cas de guerre, s’ils coupent dans les dépenses de défense, les politiciens devront assumer leurs responsabilités".

Les principaux ministres israéliens et le chef de l'armée discutaient dimanche d'éventuelles coupes claires dans l'intouchable budget de la « Défense », au moment où grandit la polémique sur les mesures d'austérité à venir.

Le nouveau ministre des Finances, Yaïr Lapid, un centriste qui a créé la surprise lors des élections législatives de janvier en se présentant comme le champion des classes moyennes et de l'égalité sociale, doit soumettre lundi un budget de rigueur au gouvernement libéral-conservateur de Benjamin Netanyahu.

Les Finances préconisent une réduction des dépenses de « Défense » de quatre milliards de shekels (860 millions d'euros) dans le cadre des efforts pour limiter le déficit budgétaire à 4,65% du PIB cette année et à 3% pour 2014.

Pour atteindre cet objectif, Lapid a également proposé une hausse de 1,5% des impôts directs pour les particuliers --limitée à 1% pour les entreprises-- ainsi qu'une augmentation de la TVA (+1%) et qu'une réduction des allocations familiales.

Manifestation contre l’austérité

Samedi, plusieurs milliers d'Israéliens ont défilé à Tel Aviv et dans plusieurs autres villes du pays pour dénoncer les propositions "pour les riches" de Yaïr Lapid, en écho à la vague de contestation sociale sans précédent qui avait secoué « Israël » pendant l'été 2011.

Les médias ont fait état de 10.000 manifestants à Tel Aviv, haut lieu de la contestation en 2011, et de plusieurs centaines dans les villes occupées de Jérusalem, Haïfa (nord), Modiin (centre), Rishon LetZion et Ashdod.

Tous les ministres des Finances avaient cherché ces dernières années à réduire le poids de la "Défense", qui représente 8% du PIB (en incluant les salaires et pensions), selon les chiffres du gouverneur de la Banque d'"Israël" Stanley Fischer. Mais, à chaque fois, le lobby militaro-industriel faisait échouer leurs projets.

La hiérarchie militaire menace

Pour 2013 et 2014, la hiérarchie militaire est bien décidée à contrer une nouvelle fois les souhaits des Finances.

Selon les médias, elle réclame même un supplément de plusieurs centaines de millions d'euros pour financer son programme quinquennal d'équipement "Oz" (2014-2019) et faire face à la montée des périls au Moyen-Orient.

"En cas de guerre, s'ils coupent dans les dépenses de défense, les politiciens devront assumer leurs responsabilités", ont prévenu des hauts gradés cités par la radio de l'armée d’occupation.

Parmi les "périls" évoqués figurent la brusque montée de tension face à la Syrie et au Hezbollah, ainsi les troublesdans le Sinaï égyptien.

Sans oublier que Netanyahu ne cesse de proclamer qu'il n'exclut aucune "option", y compris militaire, sous prétexte d’empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire.

 Mais l'ambitieux Yaïr Lapid, a prévenu si l'armée ne se serrait pas la ceinture, il devrait imposer des coupes encore plus sévères dans la Santé, l'Education et les budgets sociaux pour les plus démunis.