Carlos a interdit à ses avocats de le défendre.
Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, figure du terrorisme international, a pris par surprise lundi la cour d’appel qui doit le rejuger pour quatre attentats mortels commis en France il y a trente ans, en annonçant avoir interdit ses avocats de procès pour protester contre le manque de soutien des autorités vénézuéliennes.
«J’ai interdit à mes avocats de venir me défendre», a déclaré Carlos, 63 ans, en français, à l’ouverture des débats devant la cour d’assises spéciale d’appel de Paris.
De ce fait, il a demandé que soient désignés des avocats commis d’office pour le représenter et que les débats puissent se dérouler malgré tout. La cour s’est retirée vers 11h30 pour en informer le bâtonnier de Paris.
Ni les deux défenseurs français de Carlos, Me Isabelle Coutant-Peyre et Me Francis Vuillemin, ni les avocats étrangers qu’il souhaite voir plaider en sa faveur, ne se sont effectivement présentés devant la cour.
«Ce n’est pas contre la cour (...) je n’ai aucune intention de saboter de procès», a expliqué l’accusé vénézuélien, qui met en cause le refus des autorités vénézuéliennes de prendre en charge les frais de sa défense durant le procès prévu jusqu’au 26 juin.
Il assimile l’attitude de son gouvernement à un «sabotage», ne mâchant pas ses mots contre l’ambassadeur du Venezuela qu’il a qualifié de «voleur», de «corrompu».
Ce contretemps a moins eu l’air de troubler l’accusé que le président de la cour d’assises d’appel, Regis de Jorna, qui avait attendu, en vain, des nouvelles de Me Vuillemin avant d’ouvrir les débats.
Quant à Carlos, détenu en France depuis 19 ans, mais guilleret et élégant en costume, foulard et pochette assortis, il n’a paru autrement inquiet: les avocats commis d’office «ne connaîtront pas le dossier, mais moi je le connais, ça affaiblira un peu la défense mais on va se débrouiller», a-t-il assuré.
Ces défenseurs désignés au pied levé peuvent néanmoins refuser cette charge, ce qui entraînerait un renvoi du procès.
Il leur reviendrait en effet de se plonger du jour au lendemain dans une procédure qui comprend des dizaines de tomes et remonte à une trentaine d’années: Carlos est jugé en appel pour quatre attentats commis en France en 1982 et 1983 qui ont fait onze morts et quelque 150 blessés.
En décembre 2011, la justice française l’a condamné pour ces faits à la perpétuité assortie de 18 ans de sûreté, peine maximale. Il purge déjà une peine de perpétuité prononcée en 1997 pour le meurtre en 1975 à Paris de trois hommes, dont deux policiers,
L’Allemande Christa Frohlich, 70 ans, rejugée pour un seul attentat après avoir été acquittée en première instance, a informé la cour qu’elle ne comptait pas se déplacer depuis l’Allemagne où elle vit aujourd’hui.
Selon l’accusation, le mobile de la campagne d’attentats de 1982 et 1983, pour lesquels Carlos est accusé de complicité, était d’obtenir la libération de sa compagne allemande Magdalena Kopp et du Suisse Bruno Bréguet, tous deux membres de son groupe.
Le 29 mars 1982, une bombe explosait dans un train Paris-Toulouse faisant 5 morts et 28 blessés. Le jour où débutait le procès de Kopp et Bréguet, le 22 avril, l’explosion d’une voiture piégée devant le siège du magazine Al Watan Al Arabi, rue Marbeuf à Paris, tuait une personne et en blessait 66.
Les deux autres attentats commis le 31 décembre 1983 à Marseille, gare Saint-Charles (2 morts et 33 blessés), et contre un TGV Marseille-Paris à Tain-L’Hermitage (3 morts et 12 blessés) sont intervenus alors que les deux «camarades» purgeaient leur condamnation à quatre et cinq ans de prison.