24-11-2024 10:34 PM Jerusalem Timing

La Turquie veut-elle torpiller la conférence sur la Syrie?

La Turquie veut-elle torpiller la conférence sur la Syrie?

La Turquie exploite les attentats pour torpiller la conférence sur la Syrie convenue par Moscou et Washington, assurent les experts.

La Turquie a été rattrapée par le conflit syrien après le double attentat qui a fait, samedi, 46 morts et des dizaines de blessés dans la ville de Reyhanli, non loin de la frontière syrienne.

Immédiatement accusée d'être responsable de ces explosions, la Syrie a fermement démenti. Selon le ministre syrien de l'Information, le gouvernement turc a transformé les régions frontalières en sanctuaire pour le terrorisme international. Selon Omrane al-Zohbi, Ankara facilite le trafic d'armes, d'explosifs, de voitures piégées, d'argent et de criminels à destination de la Syrie.

Aussi, le gouvernement turc et son chef assument-ils, selon lui, une responsabilité directe, politique et morale, vis-à-vis des peuples turc et syrien. M. Zohbi a appelé au départ du Premier ministre turc Recep Tayyeb Erdogan, responsable, selon lui, des malheurs qui frappent la Syrie.

Pour sa part, M. Erdogan a affirmé dimanche que le régime syrien tentait d'entraîner la Turquie dans un "scénario catastrophe".                                       De son côté, son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoğlu, a reproché à la communauté internationale son "silence". "La Turquie est en droit de prendre toutes les mesures qu'elle veut, et continuera à le faire", a assuré M. Davutoğlu, invitant la communauté internationale à "dire stop" et à "adopter une position claire contre les provocations du régime de Damas qui alimentent le feu". Il a appelé à "une initiative diplomatique urgente pour trouver une solution à la crise syrienne".

La Russie, par la bouche du chef de la commission des AE à la Douma, a affirmé que les accusations portées contre Damas "visent à faire échouer la conférence internationale sur la Syrie" convenue entre MM. John Kerry et Serguei Lavrov.
Omrane al-Zohbi est allé dans le même sens. "Pourquoi ces attentats quelques jours avant la rencontre entre Erdogan et Obama? Lui (Erdogan) dont le pays est membre de l'Otan, veut-il inciter les Etats-Unis à une intervention en Syrie en lui disant que son pays est attaqué?". "Veut-il faire échouer les efforts entre les Russes et les Américains?", a-t-il dit.

La presse turque, notamment celle de l'opposition, s'est montrée dubitative à l'encontre des accusations contre la Syrie, et critique à l'égard de la politique de soutien à la rébellion syrienne. "La Turquie semble s'enfoncer dans le marécage syrien. Depuis des mois, elle est devenue partie prenante dans cette guerre civile en soutenant directement l'opposition", a estimé l'éditorialiste Can Dündar dans le quotidien Milliyet. "Le gouvernement aurait dû prévoir la réaction de Damas et prendre les mesures nécessaires pour protéger la population", a-t-il ajouté.

Plus critique, Orhan Bursali, du quotidien d'opposition Cumhurriyet estimait que "ce massacre est le produit des politiques belliqueuses du pouvoir" turc. Le chef de l'opposition sociale-démocrate, Kemal Kiliçdaroglu, a quant à lui appelé le gouvernement à "revoir sa politique étrangère".

Dans Zaman, proche du gouvernement, Abdülhamit Bilici a mis en garde: "Nous sommes engagés dans une guerre qui ne dit pas son nom avec une Syrie qui partage avec nous une frontière de 910 km. Nous pouvons à chaque instant être confrontés à des attaques encore pires."

A la recherche d'un rôle, la Turquie accueillera le 23 mai une réunion de la Coalition de l'opposition syrienne, qui discutera de la proposition russo-américaine de conférence internationale réunissant régime et opposition.