27-11-2024 08:44 PM Jerusalem Timing

Dans les geôles israéliennes, les détenus palestiniens à la merci d’"indics"

Dans les geôles israéliennes, les détenus palestiniens à la merci d’

L’existence de ce vaste réseau d’indicateurs palestiniens derrière les barreaux israéliens a été mise en lumière en mars.

Dans les geôles israéliennes, les détenus palestiniens à la merci d'"indics"Dans les geôles israéliennes, les détenus palestiniens doivent aussi se méfier de leurs propres camarades parmi lesquels se nichent des informateurs des services israéliens, surnommés les "oiseaux".

L'existence de ce vaste réseau d'indicateurs palestiniens derrière les barreaux israéliens a été mise en lumière en mars, quand le ministère palestinien des Prisonniers leur a imputé la mort d'un détenu, Arafat Jaradat.

Palestine/Arafat Jaradat"Le martyr Arafat Jaradat, qui a succombé le 23 février (...) est décédé dans la salle d'interrogatoire du Shin Bet, surnommée +salle des oiseaux+, de la prison de Megiddo, où se trouvent des collaborateurs qui travaillent sous les ordres et les instructions de ce service de sécurité israélien", a affirmé le ministère dans un communiqué.

Ces informateurs ont pour mission d'amener, par un mélange de charme, de camaraderie et de faveurs, le détenu à des confessions compromettantes afin d'obtenir sa condamnation, ont témoigné à l'AFP d'anciens prisonniers palestiniens.

Ahmad Azzam, 30 ans, raconte avoir été approché après plusieurs tentatives infructueuses des interrogateurs israéliens.

"Lorsque j'avais 18 ans, j'ai été arrêté par l'armée et accusé d'avoir mis le feu à un autobus israélien. J'ai subi un interrogatoire des services de sécurité, mais je n'ai pas avoué", affirme-t-il.

"Après trois jours d'interrogatoires, j'ai été amené dans une pièce où se trouvaient d'autres détenus, qui ont commencé à me parler pour faire connaissance", se souvient-il.

"L'un d'eux m'a dit qu'il avait tiré sur des cibles israéliennes, un autre m'a raconté que son frère avait été tué, si bien que j'ai pensé me trouver dans une cellule de révolutionnaires", ajoute Ahmad Azzam.

"J'ai dit que j'avais envie de friandises, et le lendemain j'en ai reçu", ajoute-t-il, précisant qu'il était normalement impossible de s'en procurer en prison.

"Après un traitement pareil et avoir entendu leurs actes héroïques contre l'occupation, je leur ai dit ce que j'avais fait et comment avec un ami nous avions brûlé l'autobus", explique-t-il.

"Obtenir des aveux"

Trois jours plus tard, Ahmad Azzam se retrouve devant un tribunal qui le condamne à trois ans de prison sur la base des confidences soutirées par les "oiseaux".

Moussa Hassan, 50 ans, a vécu la même expérience il y a 15 ans lorsqu'il a été transféré dans une de ces cellules après 10 jours d'interrogatoire pour appartenance présumée à un groupe armé palestinien.

"Lorsque vous entrez, un homme se présente à vous en se prétendant membre du Fatah ou du Hamas", indique-t-il.

"Je connaissais déjà l'existence des +salles des oiseaux+ ou +salles de la honte+ comme on les appelle également, c'est pourquoi je leur ai dit que je n'avais rien fait et que j'étais accusé à tort", poursuit-il.

Moussa Hassan n'en a pas moins été condamné à deux ans de prison, mais sur la base du témoignage d'un membre de son groupe.

Sollicitée par l'AFP, la porte-parole de l'administration pénitentiaire israélienne Sivan Weizman s'est refusée à tout commentaire.

Des avocats confirment que ces informateurs sont utilisés fréquemment et efficacement par "Israël".

"Il y a des +oiseaux+ disséminés dans les prisons israéliennes parmi les détenus", déclare Jawad Boulos, avocat du Club des prisonniers palestiniens.

"Les confidences recueillies par les +oiseaux+ ne sont en général pas utilisés devant les tribunaux mais plutôt lors de nouveaux interrogatoires afin d'obtenir des aveux", précise-t-il.

Certains accusent ces informateurs d'aller encore plus loin.

Selon l'avocat d'Arafat Jaradat, Kamil Sabbagh, son client "a apparemment été transféré du centre de détention de Jalameh vers une section spéciale des +oiseaux+, où il est décédé".

"Il n'y a eu aucune reconnaissance de son transfèrement ni de l'existence de la section des +oiseaux+", a reconnu l'avocat, "mais la majorité des prisonniers palestiniens qui ont subi des interrogatoires y sont allés et la connaissent bien. C'est souvent là qu'ils avouent".