Okab Sakr, un des plus proches collaborateurs de M. Saad Hariri reconnaît son implication dans des opérations de financement et d’armement des rebelles syriens.
En l'espace d'une semaine, la politique de "dissociation" à l'égard de la crise syrienne, adoptée par le gouvernement libanais, a volé en éclat, et avec elle se sont évaporées toutes les déclarations du 14-Mars sur le fait que son implication en Syrie ne dépasse pas le cadre de l'"assistance humanitaire" fournie au peuple syrien.
La mort, la capture et la disparition d'une vingtaine d'islamistes sunnites libanais, tombés dans une embuscade vendredi près de Tal Kalakh, apporte la preuve matérielle de l'implication du 14-Mars dans le conflit syrien.
Des députés du Courant du futur de l'ancien Premier ministre Saad Hariri ont officiellement cautionné l'action de ces militants islamistes et ont salué leur "martyre". C'est notamment le cas des députés du Akkar Mouïn Merhebi et Khaled Daher, très actifs dans le soutien à la rébellion syrienne. Si cette affaire a fait tellement de bruit, c'est en raison du nombre élevé de morts, tombés en une seule fois.
Mais les services de sécurité libanais estiment à plusieurs dizaines -certaines sources parlent de 200- le nombre de Libanais tués ou portés disparus en combattant dans les rangs des rebelles syriens.
La semaine dernière, Damas avait remis au Conseil de sécurité des Nations unies une liste de 143 "terroristes islamistes étrangers" tués par les forces syriennes, précisant leur nationalité et les circonstances de leur mort. Cinq Libanais figurent parmi les victimes.
La disparition du groupe d'islamistes libanais a provoqué de fortes tensions dans la ville de Tripoli, d'où sont originaires la plupart des militants.
Selon la LBC, les habitants du quartier sunnite de Bab el-Tebbané ont menacé lundi d’enlever des habitants du quartier alaouite de Jabal Mohsen pour obtenir le rapatriement des corps de leurs proches tués en Syrie. En conséquence de quoi, les habitants de Jabal Mohsen se terraient chez eux et évitaient tout déplacement. Dimanche, des coups de feu avaient été tirés vers Jabal Mohsen, après l'annonce de la mort des islamistes libanais en Syrie.
L'Armée libanaise a renforcé ses patrouilles pour éviter un embrasement généralisé entre les deux quartiers. De violents accrochages armés ont également éclaté dimanche dans la région des projets agricoles de Qaa dans la Békaa, à la frontière libano-syrienne, entre des soldats de l'Armée libanaise et des rebelles syriens.
Okab Sakr reconnaît son implication dans le conflit syrien
L'autre preuve vivante de l'implication du 14-Mars est venue de la bouche de Okab Sakr, un des plus proches collaborateurs de M. Saad Hariri. Le député a reconnu la véracité des enregistrements sonores révélés par le quotidien Al-Akhbar la semaine dernière, portant sur son implication dans des opérations de financement et d'armement des rebelles syriens.
Dans une interview accordée au quotidien Ach Shark Al-Awsat, il a défié la justice libanaise d'engager des poursuites contre lui .
L'embuscade de 20 islamistes sunnites libanais de Tal Kalakh: 2ème partie
Sur le terrain, des informations contradictoires ont circulé au sujet de la mort de jeunes libanais près de la ville syrienne de Tal Kalakh, vendredi.
La première contradiction concerne le nombre d'islamistes interceptés par les troupes syriennes, qui a varié entre 17 et 40.
Selon des informations sûres, leur nombre serait en fait de 15 seulement, tous des salafistes. Ils sont tombés dans une embuscade alors qu'ils venaient d'entrer en Syrie près village de Tal Nesrine. Leur destination finale était Tal Kalakh. Alors que l'on parlait au début de 17 morts, le bilan a été revu à la baisse jusqu'à 4 morts. Mais la télévision syrienne a fait état de "21 morts et blessés", montrant les images de plusieurs cadavres. Un militaire syrien a annoncé que tous les membres du groupe sont morts dans l'embuscade.
Mais la surprise est venue des informations venant de sources islamistes à Tripoli, selon lesquelles les jeunes seraient allés en Syrie à l'appel d'un membre de Fatahel-Islam, KH. M., récemment sorti de la prison de Roumié. Après sa libération, il s'est rendu en Syrie pour combattre dans les rangs des rebelles. Il a fondé une sorte d'émirat islamique près de la ville de Homs. Ses proches collaborateurs se sont employés à former des groupes de volontaires pour le Jihad en Syrie.
La disparition des intermédiaires chargés d'enrôler ces jeunes, âgés de 19 à 26 ans, conforte cette thèse.
On ne connait toujours pas les circonstances de l'embuscade qui leur a été tendue. Mais le fait que les membres du groupe se soit rendus en Syrie, ouvertement, après la prière de l'aube, montre qu'ils n'étaient pas très conscients de la portée de leurs actes.
Les parents des victimes ont subi un véritable choc car ils n'étaient pas au courant de ce qui se préparait pour leurs enfants. Après avoir placardé des faire part de décès, ils se sont empressés de les retirer après avoir reçu des sms de Syrie leur annonçant que leurs enfants étaient en bonne santé, et qu'ils se trouvent avec l'Armée syrienne libre.
La position de la famille Alameddine, dont le cadavre du fils est apparu à la TV syrienne, était marquante. Le père a demandé des comptes à ceux qui ont sacrifié la vie de son enfant. "Je ne savais pas qu'il se rendait en Syrie. S'il avait voulu combattre Israël, je l'aurais moi-même envoyé. Mais qu'ils l'envoient pour participer à une discorde dans nos pays est inadmissible", a-t-il dit à la presse.
Source: médiarama