Il riposte par une violente charge contre le général Michel Aoun.
Le retournement des Forces libanaises (FL), qui ont abandonné le projet électoral orthodoxe et ont conclu un accord séparé avec le Courant du futur (CDF) et le Parti socialiste progressiste (PSP), sans consulter les autres forces chrétiennes, y compris le parti Kataëb, commence à faire d’énorme vague.
L’opinion publique chrétienne ne comprend pas pourquoi le chef des FL, Samir Geagea, a décidé de briser l’unanimité chrétienne, apparue sous l’égide de l’Eglise maronite, pour conclure un accord électoral ambigu avec les deux principaux partis politiques accusés de s’accaparer la représentation parlementaire chrétienne dans plusieurs régions du pays, et ce depuis plus de 20 ans.
Perturbé par l’état d’esprit de la rue chrétienne, Samir Geagea a renoué hier avec un virulent discours hostile à Michel Aoun. Sortant des considérations politiques, il s’en est pris personnellement au leader du Coutant patriotique libre (CPL). Se posant en victime d’une nouvelle «guerre d’élimination», il a estimé que «la présence de Michel Aoun est la pire des choses qui soit arrivée aux chrétiens».
Il a affirmé que "le chef du CPL n’est qu’une façade pour le régime syrien et le Hezbollah». «Les médias du CPL, qui n’est ni patriotique ni libre, parlent de trahison. Mais la vraie trahison consiste à trahir la cause pour quelques postes ministériels», a encore dit M. Geagea.
Samir Geagea s’est déchainé contre de nombreux médias qu’il a directement nommé, comme les chaînes New TV et al-Manar et les quotidiens as-Safir, al-Akhbar, et al-Binaa. Le chef des FL a tenté de s’abriter sous l’ombrelle de l’Eglise maronite, en affirmant qu’il avait discuté au téléphone pendant 1h30 avec le patriarche Béchara Raï (qui se trouve en Amérique latine), du projet mixte.
Tout en confirmant la conversation entre Raï et Geagea en fin de semaine dernière, les sources du patriarcat assurent qu’il n’a jamais été question d’une bénédiction patriarcale à la démarche unilatérale de Geagea.
Au contraire, Mgr Raï a insisté auprès du chef des FL sur la nécessité de débattre de la question électorale avec Michel Aoun, le député Sleïmane Frangié et l’ancien président Amine Gemayel, pour préserver l’unité des rangs chrétiens. Ce que M. Geagea n’a pas fait, préférant conclure un accord avec le CDF et le PSP.
La riposte à la conférence de presse de Geagea n’a pas tardé. Mais Gebran Bassil a évité les attaques virulentes personnelles. Selon le ministre, l’accord de Taëf s’est effondré de la même manière que le projet orthodoxe.
«Vingt-quatre ans après l’accord de Taëf nous avons eu une opportunité de l’appliquer et d’améliorer la loi électorale, mais nos confrères (Forces libanaises) l’ont fait chuter», a lancé M. Bassil lors de sa conférence de presse.
«La loi orthodoxe aurait pu préserver la vie commune et renforcer le rôle des chrétiens dans le pays, tout en assurant un équilibre des pouvoirs», a-t-il ajouté, soulignant que ce projet est le seul à avoir été avalisé par la majorité des pôles politiques. «Ce texte est, de la bouche même des FL, le plus respectueux de la Constitution et du pacte national», a-t-il insisté.
«Nous avons tout fait pour préserver cette opportunité et ce rêve de donner aux chrétiens libanais 64 députés élus par les chrétiens eux-mêmes», a-t-il encore dit, tout en assurant que son parti a refusé de discuter avec ses alliés de quelque autre projet de loi que ce soit. «Nous avons fait beaucoup de sacrifices pour que soit adopté ce texte. J’ai même renoncé à mon siège à cette fin», a-t-il souligné.
Source: Médiarama