Les heurts de dimanche y ont fait, selon le ministère de l’Intérieur, un mort parmi les manifestants et 18 blessés dont quinze policiers.
Le calme était revenu lundi à Tunis, où policiers et salafistes se sont affrontés la veille, et le gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda semblait lever l'ambiguïté en se disant déterminé à lutter contre cette mouvance désormais qualifiée de "terroriste".
Aucun incident n'a été signalé dans la matinée dans les cités Ettadhamen et Intilaka, à l'ouest de Tunis. Le calme y régnait et aucune présence policière particulière n'y était visible.
Les heurts de dimanche y ont fait, selon le ministère de l'Intérieur, un mort parmi les manifestants et 18 blessés dont quinze policiers.
Selon Ansar Ashariaa et une source policière , un deuxième manifestant a été tué. L'organisation salafiste jihadiste assure cependant que ces deux victimes n'appartiennent pas au mouvement. Le ministère assure que le deuxième décès "n'est pas lié aux affrontements".
Le Premier ministre Ali Larayedh, en déplacement au Qatar, a pour sa part indiqué qu'environ 200 personnes avaient été arrêtées. "Ceux qui n'ont rien à se reprocher seront relâchés, mais ceux dont la violation de la loi est prouvée seront poursuivis", a-t-il dit.
Ce cadre d'Ennahda a tenu dimanche un discours très ferme à l'égard d'Ansar Ashariaa, dénonçant pour la première fois l'implication dans le "terrorisme" du principal mouvement salafiste tunisien. Le parti islamiste au pouvoir a longtemps entretenu des relations ambiguës avec les jihadistes malgré l'essor de ces groupes violents depuis la révolution de janvier 2011.
Confronté à des bandes armées liées à Al-Qaïda à la frontière algérienne et aux menaces de "guerre" formulées la semaine dernière par Ansar Ashariaa, le gouvernement avait réagi en interdisant le congrès dimanche de ce mouvement à Kairouan (centre).
Les violents heurts à Tunis ont éclaté lorsque le groupe salafiste a appelé ses partisans à organiser ce rassemblement à la cité Ettadhamen.
Des analystes soulignent dans ce contexte que le discours de M. Larayedh peut signifier un tournant.
"C'est un changement de discours. Jamais Larayedh n'avait utilisé ce terme pour Ansar (...) réservant le mot de terroriste aux groupes" armés traqués à la frontière algérienne, note Michael Ayari du International Crisis Group à Tunis.
Il reste cependant à voir si ces propos seront suivis d'actes, M. Ayari rappelant que les autorités avaient arrêté des dizaines de militants salafistes après l'attaque de l'ambassade américaine en septembre 2012 à Tunis mais que l'écrasante majorité avait été libérée quelques mois plus tard.
"Les mots ça compte mais on ne peut pas dire encore que la politique a changé, qu'ils marquent un point de non retour et que les militants d'Ansar Ashariaa vont être arrêtés désormais pour leur appartenance à l'organisation, pour leur identité politique", relève-t-il.
Néanmoins, dans les rangs des forces de l'ordre, dont les syndicats se plaignaient fin avril et début mai de l'absence de directives claires pour lutter contre les jihadistes, on se satisfait des ordres reçus dimanche.
"L'administration a cette fois-ci été claire, et elle nous a fourni les moyens nécessaires", a dit Sami Gnaoui du syndicat de la Garde nationale, l'équivalent de la gendarmerie.
Le chef du mouvement, Abou Iyadh, un vétéran d'Al-Qaïda en Afghanistan recherché par la police depuis l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis, n'a pour sa part pas donné de signe de repli.
Dans un enregistrement diffusé tard dimanche et qui semble avoir été enregistré avant les heurts, il assure que ses partisans ne pouvaient être "vaincus" malgré la "persécution".
"Vous avez montré au monde entier que vos efforts ne peuvent être vaincus malgré la persécution de vos chefs", y dit cet homme lié à l'attentat qui a tué le commandant Massoud, chef de la résistance aux talibans afghans, deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001.
Abou Iyadh remercie aussi avec ironie le pouvoir tunisien : "Notre religion nous a appris à remercier les méritants, et vous les tyrans êtes le mieux placés pour être remerciés car vous avez commis tant de bêtises qui ont permisla propagation de notre prédication sans qu'on ait besoin d'en faire la publicité".