Le 25 Mai 2000, un jour inoublibale pour ce responsable militaire israélien: «Ce n’était pas un départ, ni même un retrait. Mais tout simplement une dérobade, une fuite » .
Nul doute que le mois de mai pour les dirigeants israéliens est un mois qui ravive chez eux une blessure dans leur fierté, un coup porté à leur arrogance voire un sentiment d'amertume suite à la dérobade de leurs forces armées du Liban-sud .. Voici quelques responsables qui racontent ce qui s'est passé en ce jour historique du 25 Mai 2000 où a été réécrite l’histoire de l’occupation israélienne du Liban :
L’ex-ministre de la guerre israélien Ehud Barak : lors d'un séminaire organisé à l'Institut d'études de sécurité nationale à Tel-Aviv, à l'occasion du dixième anniversaire du retrait forcé du Liban, Ehud Barak déclare: «le retrait du Liban a mis un terme à une tragédie israélienne de 18 années où nous avons payé chèrement la vie de nos meilleurs fils, et celui qui ne le sais pas qu’il aille au nord voir comment la population vit ces dernières années dans le plus grand calme et la paix ».
Barak a ajouté qu' « il y a d'autres raisons pour le retrait, notamment l’effondrement du plan stratégique qui consistait à faire des chrétiens les propriétaires du Liban et les Palestiniens propriétaires de la Jordanie ».
L’ex-ministre israélien de la guerre Moshe Arens a déclaré au journal Haaretz : « Dix ans après le retrait israélien du Liban, l'image de ce retrait forcé effectué sous la pression a eu des conséquences presque immédiates. Quelle que soit la force de dissuasion d'Israël à cette époque, elle a subi un sévère revers et son rétablissement coûtera énorme ».(Samedi 22 mai 2010 - AFP)
L'ancien fonctionnaire du renseignement militaire israélien (Aman), Yair Rabitz : il a travaillé depuis 1968 en tant qu’officier de renseignement dans le front Nord (la frontière libano-palestinien), il était le chef de l'unité de l'intelligence humaine 504 au milieu des années 70 : cette unité est responsable du recrutement des agents dans les pays voisins à « Israël » , y compris le Liban.
Commentant le retrait israélien du Liban-sud, Rabitz souligne : « le retrait précipitée du Liban en mai 2000, sur décision du Premier ministre de l'époque, Ehud Barak, a renforcé la puissance du Hezbollah mais aussi sa capacité à diriger un coup fatal à la force de dissuasion de l'armée israélienne. De plus, cela a encouragé les Palestiniens à déclencher une seconde Intifada la même année ».
Et de poursuivre : « la comparaison faite par Nasrallah (secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan) sur Israël avec une toile d’araignée n'est pas par hasard. Si j’avais le pouvoir de décision à l'époque, j'aurai commandé (avant le retrait du sud du Liban) d'imposer un couvre-feu sur les villages du sud, collecter les armes et rassembler les blindés militaires et inviter les miliciens à une cérémonie d'adieu respectable, ce qui ne s'est pas produit ». (Al-Akhbar: 24 Octobre, 2012)
Le général Amos Malka , ex-chef d’Aman, la Division de renseignement militaire a exprimé un avis devant la commission d’enquête différent de celui de M. Barak. Selon ses termes, « le Moyen-Orient est plus sensible aux messages de Nasrallah qu’à ceux d’ Ehud Barak, et donc le retrait du Liban a été ressenti par le monde arabe comme une défaite d’ Israël et le Hezbollah en a profité pour renforcer la dynamique de construction de sa force militaire avec l'aide de l'Iran et de la Syrie, bien sûr ».(alAlkhbar Numéro 301, 13 Août 2007 - citant "le premier numéro d’un rapport stratégique publié par l'Institut d'études de sécurité nationale à l'Université de Haïfa, Juin 2007)
Un chercheur de l'Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, David Makovsky, a affirmé lors d'une interview sur les conséquences de la guerre de Juillet 2006 que « le discours de du secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah à Jbeil en l’an 2000, a joué un rôle central dans le déclenchement du soulèvement palestinien, dans la mesure où le terme de toile d'araignée est devenu une métaphore préférée chez le Hezbollah pour décrire les forces israéliennes ».
Selon lui, « cette comparaison a renforcé chez les principaux généraux israéliens le sentiment que Nasrallah sait parfaitement cibler la force de dissuasion d'Israël, un sentiment qui s’est accentué après le retrait de Gaza en 2005, lorsque le gouvernement d’ Ehud Olmert est devenu hyper sensible. Au point que la position d’ Olmert a été remise en question avec la poursuite de la chute de roquettes Qassam sur les colonies ». (Al-Akhbar Numéro 6021 Octobre 2006)
Une déception parfaitement bien décrite par le Premier ministre israélien de l'époque du retrait, Ehud Barak, qui a déclaré lors d’une visite sur le front nord : «nous disposons des meilleurs services de renseignements au monde, toutefois nous éprouvons le vertige quand il s’agit de savoir comment le Hezbollah a réussi ». (alAkhbar - N ° 2006 - citant les journaux israéliens)
Le général en retraite Noam Ben-Tzevi, un des derniers commandant en chef de la Brigade Ouest de l'armée israélienne dans le sud et qui avait participé à la défaite du 25 mai 2000 alors qu’il avait commandé la brigade durant quatre ans, raconte ce qui s'est passé il y a plus de dix années.
«Ce n'était pas un départ, ni même un retrait. Mais tout simplement une dérobade, une fuite » avoue-t-il.
Selon lui, « l’exécution de l’opération était échec. Car l'armée israélienne n'a pas véritablement appliqué les règles d’un retrait, en fait la plupart des officiers supérieurs ont provoqué l'effondrement ».
Nullement impressionné par les rumeurs selon lesquelles aucun soldat n’ a été blessé lors du « retrait » , Noam Ben-Tzevi confirme que « l'image du retrait israélien a été interprétée au Moyen-Orient comme une dérobade. Ainsi, les forces armées israéliennes ont laissé derrière elles leur équipement militaire et leurs blindés. Dans de nombreux cas, les soldats ont pillé les équipements.. C'était humiliant de voir les hommes de l’ Armée du Liban Sud se précipitaient à la Porte de Fatima. La fuite était imprévue, car le Hezbollah n’a pas tiré sur les soldats et ces derniers ont compris la question c’est pourquoi je pense qu’on a tout simplement renoncé à nos valeurs de soldats ». (asSafir - 2001 – mai)
Enfin, le chroniqueur politique de Maariv, Ben Caspit a écrit un article intitulé « Pleurer pendant des générations» dans lequel il évoque les circonstances politiques qui ont poussé le nouveau Premier ministre de l'époque, Ehud Barak, de décider de se retirer de façon unilatérale.
Il se réfère à une réunion tenue le 20 mai 2000 entre le commandant de la région nord, le lieutenant général Gaby Ashkenazi, actuellement chef de l'état-major israélien et un ministre israélien. Durant cette réunion, Ashkenazi a expliqué que la "zone de sécurité pourrait s'effondrer à tout moment. D’où la nécessité de se retirer au plus vite, si possible cette nuit. La transaction est sur le point de s’effondrer et l’armée du Liban-sud est au courant de la situation, cela peut se produire à n’importe quelle seconde : tout s'effondrera comme un château de cartes ». ( asSafir- mai 2011).