26-11-2024 10:30 PM Jerusalem Timing

L’histoire du plus humiliant retrait d’Israël du Liban

L’histoire du plus humiliant retrait d’Israël du Liban

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Sa décision avait été prise par Ehud Barak en 1999. Il avait cette année même remporté les élections, grâce à sa promesse électorale centrée sur le redéploiement de Tsahal en dehors du Liban. Le public israélien voulait en finir.
 
Cela faisait depuis 1982 que Tsahal avait envahi le Liban, puis s’était confiné en 1984 dans  son sud baptisé « Barrière de sécurité ».  Avec comme  assistant la milice collaboratrice, l’Armée du Liban sud ( ALS) dirigée par un général dissident de l’armée libanaise qui s’appelait Saad Haddad, succédé après sa mort par un autre général, Antoine Lahad.

Cette année-là, le Liban-sud était désormais banni par les médias israéliens qui ne cessaient de crier aux « sables mouvants » libanais. Les appels lancés par le mouvement des quatre mères (créé en 1997)  en faveur d’un retrait  récoltaient un soutien grandissant de la part du public  israélien : 25 mille d’entre eux avaient signé une pétition exigeant ce retrait.  

Il faut dire que le nombre des opérations de la résistance islamique avait cette année là atteint un record : 1530, (positions militaires prises sans cesse d’assaut, si ce n’est détruites,  attentats contre les militaires israéliens et libanais lahdéens (ALS), opérations d’enlèvement, pilonnage constant). Quelques 16 soldats israéliens et 21 lahdéens ont péri, et des dizaines des deux côtés ont été blessés. Quatre militaires de l’ALS furent également faits prisonniers.

Mais les Israéliens furent particulièrement accablés par la mort du commandant de l’Unité de liaison avec les forces israéliennes au Sud-Liban, Erez Guerstein . En tête d’un convoi super équipé, il a été tué par une bombe plantée en bord de route.
Procédé qui s’avérait être le plus meurtrier pour les soldats israéliens, selon des observateurs israéliens.
 

A la fin de l’année, une opération martyre de la résistance islamique, exécutée de l’autre côté de la frontière, en Palestine occupée les avait choqués. Signe que les choses étaient désormais hors contrôle.
 
En 17 années de combat de libération, le Hezbollah avait amélioré quantitativement et qualitativement ses opérations militaires contre l’occupation israélienne.  A ses débuts, il avait entamé son action par des attaques presque artisanales, individuelles. Inaugurant  toutefois des attaques alors inhabituelles dans les types de guerres arabo-israéliennes : les opérations-martyres. L’une d’entre elles perpétré en 1982 contre le siège du gouverneur militaire israélien installé à Tyr lui avait coûté cher : plus de 151 tués.
Il en a perpétré une douzaine durant les 18 années d’occupation, tuant et blessant plus de 500 militaires israéliens. 
 
Au fil des ans, le savoir qu’il avait acquis lui permit de perfectionner une façon d’agir proche de celle des milices. Le tout, motivé par une conception très approfondie de la martyrologie, puisant dans l’esprit de l’Islam.
L’une des opérations les plus performantes fut celle exécutée en 1997 : une unité des forces d’élite de l’armée israélienne, avait opéré une descente sur la plage de Zahrani, au nord du Litani, dans l’intention de prendre d’assaut un bureau du mouvement Amal.

Traqué par les combattants de la résistance islamique, elle se trouva assiégée dans un champ de feu : ses 4 officiers et 6 grades  périrent tous. « La pire chose que ses yeux ont vu de toute sa vie ! », avait alors scandé le Premier ministre israélien qui était Benjamin Netanyahou.
Ce n’en était pas encore fini : les débris des cadavres des soldats israéliens furent également utilisés par le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hasan Nasrallah comme monnaie d’échange pour libérer des détenus libanais dans les geôles israéliennes. Cette année même, une autre tentative d’infiltration israélienne du côté de la Bekaa de l’ouest  avait été prise au piège, coutant la vie à trois militaires israéliens.
 
L’année suivante, en 1998, les opérations de résistance excellaient de bravoure : durant l’une d’entre elles, 18 positions frontalières ont été prises d’assaut simultanément. Dans une autre, les résistants du Hezbollah étaient parvenus à planter une charge explosive à 75 mètres de la frontière. Dans une troisième, réalisée dans la célèbre position de Soujod, un corps à corps entre un soldat israélien et un combattant du Hezbollah prit fin en faveur de ce dernier, qui parvint également à planter le drapeau de la résistance et à rentrer sain et sauf, malgré qu’il ait été traqué par un hélicoptère de combat israélien Apache.
«  C’est un grand fiasco »… «  C’est une honte »…  «  le Hezbollah ne cesse de nous embarrasser », « c’est une guerre de cerveaux militaires ».. les responsables politiques et militaires israéliens ne cachaient désormais plus leur impuissance..leur défaite..

En l’an 2000, quoique la décision de retrait ait été  prise, les opérations de la résistance ne connurent  aucun répit. Dès le mois de janvier, l’entité sioniste dû essuyer un coup fatal, rappelant  fort celui de Gerstein : « Notre compagnon d’arme durant plus de vingt années », selon les termes de Barak, le chef militaire de l’ALS, le collaborateur Akel Hachem succombait, sous les feux de la résistance.
Décapitée, la milice collaboratrice était désormais au bord de la banqueroute. Guerre psychologique, promesses d’amnistie  en cas de capitulation, et attaques systématiques de leurs positions jusqu’à la dernière minute, se chargèrent du reste.

Les Israéliens s’en étaient rendus compte, et peaufinaient en catimini leurs plans de retrait, sans la consulter, sans mêmes prendre en considération ses chefs.
Fidèles à leur histoire d’arnaque depuis l’usurpation de la Palestine, ils voulaient se servir d’eux pour couvrir leur retrait, sournoisement…  (À suivre)

Ce 25 mai 2000, les caméras braquées sur les centaines de collaborateurs libanais de l’ALS (ils étaient près de trois mille) entassés à la frontière ont filmé les propos presque pitoyables et inoubliables de l’un des éléments : «  Nous savions que nous allions partir. Mais pas avec tant d’humiliation », avait-il crié, alors que son commandant, le général collaborateur Antoine Lahad se querellait avec les soldats israéliens pour permettre à ses hommes d’entrer en Israël.
Il se trouvait en France lorsque le retrait israélien a été entamé. «A l’improviste», d’après ce qu’il en a dit plus tard. Il s'y étaient rendus parce que les Israéliens lui avaient dit que les Français devaient prendre leur relève.
C’est du moins ce qu’il a dit a ses miliciens, qui avaient pendant 20 années terrorisé les libanais du sud, et martyrisé leurs enfants, et se trouvaient entassés en rang, sous un soleil brulant, en attendant un feu vert pour entrer en Palestine occupée.

Alors que de l’autre côté de la barrière, les Libanais fêtaient en grandes pompes la libération de leurs régions.
Pendant les quatre derniers jours qui précédèrent le retrait israélien, les Libanais originaires du sud du Liban n’ont pas dormi. Venus par milliers de Beyrouth et de la banlieue-sud, ils ont pris part à la libération de leurs localités et villages. Ils suivaient à pieds ou en voiture les résistants, lesquels veillaient à les investir en premier.

Pourtant, en principe, personne ne devait savoir la véritable date du retrait qui avait été gardée en grand secret par les autorités israéliennes. Le Premier ministre Barak avait même laissé entendre qu’il n’aurait lieu qu’en juillet.
« Le premier jour de la conquête des habitants de leurs villages a eu lieu le 21 mai », raconte pour le journal AlAkhbar, Fatima, originaire de la localité de Ghandouriyye, et qui a fait partie de la foule en mai 2000.
«  Ce jour-la, il y avait les funérailles d’une femme de Ghandouriyee, située dans les zones libres, mais non loin de la localité occupée de Kunaytra. Cette dernier était censée été tombée militairement, sous les coups des  opérations de la Résistance contre ses positions militaires. Alors les habitants se sont rassemblés et dirigés vers cette localité à pieds », poursuit Fatima. « Leur obstination était telle que les bombardements de l’artillerie israélienne n’ont pu les intimider » assure-t-elle.  A leur tête se trouvait le député du bloc de la résistance Nazih Mansour.  

Mêmes scènes le jour suivant, le 22 mai, dans la localité de Houla. Les habitants l’ont conquise à partir de Chakra, devancés par les résistants. Ce jour-là, il y a eu deux martyrs : un cheikh- résistant qui avait fait partie aux opérations de la résistance, et dont le père avait été tué par les israéliens, lors de la première invasion du Liban en 1978. Ainsi qu’un jeune adolescent de 15 ans. Il avait insisté auprès de ses parents pour faire part à la conquête des localités du sud avec les gens. Tous deux ont été abattus par des tirs d’artillerie israélienne venant de positions pas encore évacuées.

Libération du camp de KhiamDans toutes les autres régions du sud-Liban, c’est le même scenario qui était visible : une participation de la population inédite.
Les images les plus poignantes ont sans aucun doute été celles de la libération des détenus du camp de séquestration de Khiam, tenu par l’ALS sous la supervision de l’armée israélienne. Elles ont été retransmises en détails par la télévision AlManar.
Son évacuation a été faite dans le grand secret. Lorsque les habitants l’ont investi, les geôliers de l’ALS n’étaient plus. Ils venaient de partir.

D’autres images que les Libanais ne sont pas prêts d’oublier : celles du soldat israélien en train de fermer le portail de Fatima, dernier passage vers la Palestine occupée situé à Odayssé, dernier village libanais évacuée par l’armée israélienne.
Ces images prise la nuit de 24 à 25 mai restent gravées dans la mémoire de Libanais. Elles disent que cette armée invincible qui a envahi le Liban, un 6 juin 1982, en plein jour, en est sortie, pourchassé par les résistants et les habitants, en pleine nuit, un 24 mai 2000.

A première vue, les soldats israéliens paraissaient heureux, soulagés, débarrassés, comme si c’était une nouvelle renaissance.
Ce n’est qu’en voyant l’euphorie des Libanais, qu’ils se rendirent  compte qu’ils ont essuyé une défaite. Elle a été la première et point la dernière !