Onze personnes tuées par l’opposition, après qu’une délégation kurde anti-régime annonçait à Istanbul son désir de participer à la conférence de "Genève 2".
La Coalition nationale de l'opposition syrienne a connu un sérieux revers dans ses efforts d'unification des opposants au pouvoir syrien avec le fiasco tôt lundi d'un vote sur son élargissement à de nouveaux membres, qui laisse planer le doute sur sa participation à la conférence internationale de paix Genève-2.
Après quatre jours de pourparlers difficiles à Istanbul pour définir une liste de 22 nouveaux entrants, les membres de la Coalition, qui constitue le principal groupe de l'opposition syrienne, ne sont parvenus à ratifier l'accession que de huit d'entre eux, a affirmé à la presse Khaled Saleh, un porte-parole de l'organisation.
Les dissensions dues à la guerre d'influence entre l'Arabie et le Qatar
Des opposants ont affirmé samedi que les dissensions au sein de la Coalition étaient dues notamment à la guerre d'influence que se livraient en son sein des puissances régionales, les hostilités opposant d'un côté le Qatar et la Turquie, et de l'autre l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
La réunion de la Coalition doit se poursuivre lundi, avec notamment des débats sur Genève-2, a affirmé M. Saleh.
Plusieurs opposants s'interrogeaient sur les conséquences de ce vote, qui confirme les divisions existant au sein de l'opposition syrienne alors que deux rendez-vous sont prévus lundi.
"C'est très mal, c'est une catastrophe", a affirmé à l'AFP, défait, Monzer Makhous, l'ambassadeur de la Coalition en France.
Les membres de l'Union européenne doivent débattre lundi à Bruxelles d'une éventuelle levée de son embargo sur les armes à destination de la rébellion syrienne.
Et dans la soirée, les ministres français, américain et russe des Affaires étrangères doivent se réunir à Paris pour discuter de la préparation de la conférence internationale de paix dite de Genève 2, prévue pour juin à l'initiative de Washington et de Moscou.
Damas a annoncé dimanche son accord de principe pour cette conférence.
Ce vote survient aussi dans un contexte difficile pour les rebelles sur le terrain, l'armée syrienne étant en progression dans son offensive contre la ville stratégique de Qousseir (centre).
Syrie: combats entre rebelles et kurdes dans deux localités du nord
Dans ce contexte, des combats ont éclaté dans deux localités du nord de la Syrie entre rebelles et combattants kurdes, au moment où une délégation kurde anti-régime annonçait à Istanbul son désir de participer à la conférence de paix dite "Genève 2".
Bahzad Ibrahim, qui représentait le Conseil suprême kurde, la principale plateforme kurde syrienne, à une réunion de la Coalition de l'opposition syrienne à Istanbul, a indiqué que les Kurdes de Syrie souhaitaient participer à la conférence internationale de "Genève 2", que ce soit dans les rangs de la Coalition, qui hésite encore à s'y rendre, ou indépendamment.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), soutenu par les Occidentaux, des combats ont eu lieu dimanche à Rass al-Ain, une localité frontalière avec la Turquie, entre les rebelles et des comités de protection du peuple kurde (YPG).
"Cela faisait suite à une attaque la veille contre un poste d'YPG par le Front al-Nosra (AlQaida) et l'enlèvement de certains de ses membres par les kurdes", a ajouté l'OSDH, qui bénéficie d'un large réseau d'informateurs et de militants à travers le pays.
Par ailleurs, selon l'OSDH, onze rebelles syriens ont été tués samedi soir dans le nord de la Syrie lors de combats avec des rebelles kurdes du Parti de l'union démocratique (PYD), branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
"Des affrontements ont eu lieu hier soir à Aqaiba, dans la région d'Ifrine, entre des YPG, bras armé du PYD, faisant onze morts et vingt blessés" parmi les rebelles syriens, a précisé l'organisation.
Un membre des YPG d'Aqaiba a affirmé à l'AFP que "les combats ont débuté lorsqu'un groupe armé de Liwa al-Tawhid (proche des Frères musulmans NDLR) a envahi notre village, en exigeant de prendre le contrôle d'un barrage tenu par l'YPG".
"Ils reprochaient aux combattants de l'YPG de faciliter le passage des habitants de Nubel", un village fréquenté par les musulmans chiites distant de quelques km et encerclé par les rebelles.
Après le refus des combattants kurdes d'obtempérer, des combats ont commencé au cours desquels un commandant rebelle et six de ses hommes ont été tués, selon lui. Les membres de Liwa al-Tawhid ont "bombardé à partir de Ziyara durant toute la nuit, puis la situation s'est calmée. Nous avons eu des blessés", a-t-il dit.
Les relations ont souvent été tendues entre les rebelles et les organisations kurdes, qui essaient d'empêcher les insurgés d'entrer dans leurs régions.