Le premier salafiste bahreïni tué en Syrie. Rôle du Qatar dans l’enlèvement du personnel de l’Onu au Golan. Projet de résolution US-turco-qatari pour condamner le Hezbollah.
Le chef du soi-disant conseil militaire suprême de l'Armée syrienne libre, Salim Idriss, a averti mardi que si le Hezbollah n'arrêtait pas dans les 24 heures son "agression" en Syrie, les rebelles les pourchasseraient "même en enfer".
"Si l'agression du Hezbollah contre le territoire syrien ne s'arrête pas dans les 24 heures, nous prendrons toutes les actions pour le pourchasser, même en enfer", a dit Idriss sur la télévision Al-Arabiya, basée à Dubaï.
Idriss s'adressait au président libanais Michel Sleiman, au secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, et au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
"Je ne serai tenu par aucun engagement que j'ai pris si une décision de stopper l'agression en territoire syrien n'est pas prise et appliquée. (…) Je ne peux plus retenir les combattants de l'Armée syrienne libre".
"Nous sommes victimes d'un génocide mené par le Hezbollah (...) et j'espère que tout monde excusera l'Armée libre syrienne" dans sa réplique, a-t-il encore prétendu.
Selon la rébellion, le Hezbollah est engagé dans une bataille féroce aux côtés de l'armée syrienne pour la conquête de Qousseir, une ville stratégique aux mains des groupes takfiris et des rebelles étrangers dans le centre de la Syrie.
Levée de l'embargo de l'UE sur les armes
Ces menaces interviennent quelques heures après la levée de l'embargo sur les livraisons d'armes aux rebelles syriens décidée par l'Union européenne.
En réaction à la levée de l’embargo, un porte-parole de la Coalition nationale de l'opposition syrienne réunie à Istanbul, Louay Safi, a indiqué qu’"il s'agit certainement d'un pas positif mais nous craignons qu'il ne soit insuffisant et qu'il n'intervienne trop tard".
"Pourquoi attendre jusqu'en août ? Pourquoi attendre encore deux mois ?, a pour sa part regretté un porte-parole du commandement militaire supérieur de l’ASL), Kassem Saadeddine. "Nous avons besoin de batteries antiaériennes, de missiles antichars", a-t-il ajouté.
Au terme de longues discussions, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé lundi soir à Bruxelles de lever l'embargo sur les armes pour les rebelles syriens, poussés par la France et la Grande-Bretagne.
Mais aucun pays n'a l'intention d'en envoyer dans les deux prochains mois, soit avant le 1er août, sous prétexte de ne pas mettre en danger l'initiative de paix russo-américaine qui doit permettre la tenue d'une conférence internationale à Genève en juin.
Pas de délai pour décider d'armer ou pas les rebelles syriens (Hague)
Or, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a affirmé mardi que la Grande-Bretagne n'était soumise à aucun délai pour décider ou non d'armer les rebelles syriens, après la levée de l'embargo européen sur la livraison d'armes.
"Je dois corriger une chose, parce que je sais qu'il y a eu des discussions sur une sorte de délai fixé au mois d'août. Ce n'est pas le cas", a déclaré William Hague sur BBC radio au lendemain d'une décision des 27 membres de l'UE.
"Il y aura une discussion au sein de l'Union européenne d'ici au 1e août", a-t-il ajouté.
"Nous avons dit que nous nous étions engagés, à ce stade, alors que nous travaillons sur la conférence de Genève (de juin), à ne prendre aucune décision sur l'envoi d'armes à quiconque", a-t-il également dit.
"Mais nous ne sommes pas liés à la date du 1e août. Je ne veux pas qu'on pense qu'il y a une décision automatique après le 1e août ou que nous excluons de le faire avant", a-t-il précisé.
Le premier salafiste bahreïni tué en Syrie
S’agissant de l’implication des groupes étrangers en Syrie, un ancien député bahreïni proche du courant salafiste Mohamad Khaled, a déclaré que le combattant salafiste bahreini Abd el-Rahman al-Hamad (19 ans) a été tué lundi 27 mai en Syrie. Al-Hamad luttait aux côtés du Front al-Nosra, une filiale d'al-Qaïda en Syrie.
Abd el-Rahman est le fils du célèbre imam de la mosquée al-Nisf, cheikh Adel al-Hamad, connu pour ses prêches appelant les gens à participer au combat contre le régime en Syrie.
Les autorités bahreïnies se sont abstenues de tout commentaire.
Ce qui n’est pas le cas, au sein de l’opposition bahreïni. Le responsable du mouvement al-Wefaq, Jamil kadhem, a réclamé du ministre de la Justice d'interdire de prendre des contacts avec les bandes takfiris, surtout le Front al-Nosra, classées sur la liste terroriste des Grands pays.
«Comment les régimes pétrodollars dépensent plus de 12 milliards dollars pour armer des bandes terroristes dans des guerres longues et infinies, et ne dépensent un seul dollar pour libérer la Palestine ?», s’est interrogé l’opposant via son compte Twitter, avant d’ajouter: «c'est l'époque des contradictions».
Rôle du Qatar dans l'enlèvement du personnel de l'Onu au Golan
Toujours en ce qui concerne l’implication étrangère en Syrie, le délégué permanent de la Syrie auprès de l'ONU, Bachar al-Jaafari, a affirmé que la Syrie insiste sur l'ouverture d'une enquête internationale sur le rôle des services spéciaux qataris dans l'enlèvement du personnel de l'ONU au Golan syrien.
Dans un entretien accordé à l'agence de presse russe "Novosty", al-Jaafari a précisé qu'une personne de Doha a contacté la partie qui a enlevé le personnel de l'Onu et lui a expliqué comment faire à ce sujet, ajoutant que ces informations ont été confirmées par un E.mail envoyé par un employé de la mission de l'ONU à Damas au siège de l'ONU, mais cette "lettre n'a jamais été publiée".
Il a exprimé, à cet effet, son regret pour l'absence de toute réaction du secrétaire général de l'Onu à ce sujet, soulignant que le responsable des opérations de la sauvegarde de la paix à l'ONU, Hervé Ladsous, lui a promis d’ouvrir une enquête sur cette affaire. Mais rien ne s'est passé jusqu'à présent.
M.Jaafari s’est dit convaincu que les groupes terroristes armés au Golan reçoivent leurs instructions des services de renseignements qataris dans le but d’aider « Israël ».
Damas dénonce "la partialité flagrante" de Navi Pillay
Entre-temps, les autorités syriennes ont dénoncé mardi "la artialité flagrante" affichée par le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU.
Selon Sana, Mme Pillay "blâme le gouvernement syrien et passe sous silence les violations des droits de l'Homme perpétrées à grande échelle par les groupes d'Al-Qaïda, du Front Al-Nosra et des islamistes extrémistes".
Projet de résolution US turco-qatari pour condamner le Hezbollah
Le Conseil des droits de l'Homme a pour sa part été saisi d'une demande de débat urgent de la part des Etats-Unis, de la Turquie et du Qatar sur la "détérioration de la situation des droits de l'Homme en Syrie".
Le Conseil des droits de l'Homme va se pencher mercredi sur un projet de résolution condamnant "l'intervention de combattants étrangers" à Qousseir.
Ce projet de résolution, déposé par les Etats-Unis, la Turquie et le Qatar, vise le Hezbollah, sans le nommer.
Le projet de résolution, qui est publié par le Conseil, dont les résolutions n'ont toutefois pas de caractère contraignant, "condamne l'intervention de combattants étrangers qui lutte pour le compte du régime syrien à Qousseir" et se dit "profondément préoccupé par le fait que leur implication pose une grave menace à la stabilité régionale".