De nombreux Français sont décidés à lutter indéfiniment contre la loi sur le mariage homosexuel.
Eline Briant
Le 26 Mai, c'est un flot humain déversé sur Paris. 150.000 manifestants pour la police et plus d'un million pour les organisateurs sont arrivés de toutes les régions de France.
Ils sont venus en masse pour contester la loi Taubira ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, c'est d'une seule et même voix que les français de tous bords, de toutes origines sociales, culturelles, religieuses criaient haut et fort leur mécontentement sur un projet de société "criminel pour la filiation humaine et le droit de l'enfant".
Haut en symbole, le choix de la date n'est pas anodin. En effet, ce dimanche 26 Mai on fêtait en France la fête des mères.
Partis de quatre points différents de la capitale, mais convergents tous sur la place des invalides au cœur de Paris, les parcours étaient ultra sécurisés, les risques d'échauffourées entre les manifestants et les pro Taubira étaient à juste titre très importants.
Arrivés sur la place, des écrans géants parsemaient les jardins et retransmettaient en direct les différentes interventions des personnalités publiques et privées ayant joué un rôle dans la "résistance" à la loi promulguée le 18 Mai dernier par le Président de la République française, François Hollande.
Sociologues, hommes d'Eglise, députés, juristes et membres du collectifs se sont succédés afin de dénoncer une loi « contraire à la nature », une loi qui, selon Monsieur Brumet, porte parole du collectif pour l'enfant, «créera la zizanie dans la famille et la société française et enlèvera à l'enfant son droit à la généalogie ».
Des députés venus de toute la France mais aussi d'Italie se sont joints d'une même voix, pour féliciter ces français qui ont rejoint la marche de la "dignité humaine". Et de se dire "fiers de cette France qui dit non à la dictature de la liberté biaisée".
Et de décrier : "l'Europe ne veut pas d'un ventre ukrainien" en référence aux militantes du Femen, un mouvement né en Ukraine, jouant sur la provocation et les scandales, car adeptes d'un féminisme radical qu'elles appellent « sextrémisme ».
Puis c'est au tour de Fatima Chaati, jeune femme voilée membre du collectif, de prendre la parole. Pour elle, pas de différenciation, pas de division, pas d'appartenance. Tous les français s'unissent à la cause de l'enfance et de son droit à la filiation. « C'est de l'avenir de l'humanité dont on parle!! », lance-t-elle devant la foule. Et de terminer par un slogan largement repris : "Jamais, jamais, jamais! On ne lâchera rien! Jamais"
Elle est suivie par le groupe des marcheurs de l'Ouest, partis à pied de Rennes, le 6 Mai dernier, pour arriver à Paris en cette journée de la fête des mères. "C'est aussi en marchant à travers les villages que nous pouvons réveiller les consciences" affirmait l'initiateur de cette marche.
"Mes frères! " lance quand à lui à la foule, Najib, également marcheur. Tenant à rappeler que les musulmans sont contre cette idéologie destructive, il se félicite de ce mouvement qui, au-delà de réveiller les consciences, rapproche le peuple français pour une seule et même cause : la résistance à cette loi.
La manifestation prend fin à 19h30 dans le calme, les dizaines de milliers de manifestants se dissipent dans le calme.
Pourtant, en quelques minutes, un attroupement se forme sur un flanc des Invalides. Les CRS y avaient dressé un barrage et bloquaient ainsi l’accès à plusieurs bâtiments officiels et ministères.
Absente lors des affrontements, j'ai tout de même reçu quelques témoignages sur l'extrême violence de ceux-ci.
Le visage couvert, certains semblaient bel et bien résolus à se confronter aux forces de l'ordre et toutes sortes de projectiles ont été jetées en direction du cordon de sécurité.
Ceux-ci s'en sont également pris à certains journalistes restés sur place au moment des échauffourées, des manifestants leur reprochant leur partialité. Un photographe a d'ailleurs été blessé.
Guillaume, un activiste présent lors des échauffourées tenait à m'informer qu'outre les CRS et policiers en civil, il y avait dans la foule des miliciens qui "nous attaquaient par derrière avec une grande violence, faisaient et criaient des insultes aux manifestants ". Tout ceci, toujours selon Guillaume, pour énerver la foule avant de se réfugier derrière les barrières.
Au bout de deux heures de heurts, la police avait interpellé près de 300 personnes, dont 231 placées en garde à vue. 36 personnes ont par ailleurs été blessées, dont 34 policiers et gendarmes.