En dix minutes, 97 députés sur 128 ont voté en faveur de la prorogation du mandat du Parlement jusqu’au 20 novembre 2014!
En approuvant la prorogation de son mandat pour une période de 17 mois, le Parlement libanais a tourné la page d’une difficile et infructueuse négociation, qui a duré près de six mois entre les différents protagonistes, pour tenter d’aboutir à une loi électorale consensuelle.
Mais devant le refus du 14-Mars et du ministre Walid Joumblatt d’accepter le principe d’une loi qui ne définirait pas à l’avance le vainqueur des élections, la classe politique a convenu de proroger le statu quo. Car des élections organisées sur la base de la loi de 1960 auraient donné un Parlement qui a pratiquement la même configuration que la Chambre actuelle.
Certes, les spécialistes assurent que le Courant patriotique libre (CPL) aurait obtenu de bien meilleurs résultats que lors du précédent scrutin, car le retournement du chef des Forces libanaises contre le projet orthodoxe se serait certainement traduit par un recul dans les urnes. Le CPL aurait pu remporter des sièges supplémentaires à Achrafié, Koura et Zahlé, mais ces gains n’auraient pas changé le résultat global. Le 14-Mars et Walid Joumblatt auraient conservé une majorité, pour la simple raison que le découpage des circonscriptions et le mode de scrutin majoritaire leur sont favorables.
De plus, les troubles sécuritaires qui secouent plusieurs régions (les combats de Tripoli; la tension à Saïda; l’attaque contre l’Armée à Ersal; la chute, tous les jours, de roquettes tirées par les extrémistes syriens sur le Hermel; les tirs de roquettes contre la banlieue sud…) auraient transformé les élections en consultation à très haut risque. Or étant donné que les résultats étaient connus d’avance, il était préférable d’éviter des tensions supplémentaires, qui auraient provoqué une vaste déstabilisation du pays.
Ces arguments, avancés par les partisans de la prorogation, n’ont pas convaincu tout le monde. Le président de la République, Michel Sleiman, et le leader du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, sont déterminés à saisir le Conseil constitutionnel pour réclamer l’invalidation de cette prorogation qu’ils jugent contraire à la Loi fondamentale.
Selon des sources bien informées, le différend électoral entre le général Aoun et ses alliés du Hezbollah et du Mouvement Amal ne devrait pas remettre en cause leur alliance, car celle-ci est bâtie sur des choix stratégiques qui dépassent le cadre du Liban et concernent leur position vis-à-vis des développements régionaux. Or sur ce point, il existe une parfaite convergence de vue entre le 8-Mars et le CPL, notamment sur le sort des chrétiens d’Orient, la montée des extrémismes, et la nécessité de préserver l’unité des Etats et des sociétés. Sans compter leur position concernant "Israël".
source: médiarama