28-11-2024 10:30 AM Jerusalem Timing

L’opposition syrienne paraît encore plus divisée que jamais

L’opposition syrienne paraît encore plus divisée que jamais

Et sa crédibilité minée selon l’AFP

Après huit jours de lutte d'influence acharnée sans véritable vainqueur, l'opposition syrienne apparaît plus divisée que jamais, au grand désespoir des rebelles et militants engagés sur le terrain contre les forces du président Bachar al-Assad.
  
La Coalition de l'opposition syrienne a achevé vendredi une longue rencontre en Turquie avec un compromis de dernière minute conclu sous d'intenses pressions entre les dissidents soutenus par le Qatar et ceux liés à l'Arabie saoudite.
  
Jusqu'à présent, la coalition avait été dominée par les Frères musulmans soutenus par le Qatar, mais l'Arabie saoudite tente de limiter cette influence.
  
Le chef de la Coalition George Sabra a annoncé l'admission de 51 nouveaux membres -- portant le total à 114 membres -- parmi lesquels une dizaine de partisans de Michel Kilo, un opposant historique marxiste et laïc soutenu par Riyad.
  
"Nous sommes parvenus à une solution de compromis. D'un côté (la liste de Kilo) a intégré le groupe, de l'autre la Coalition s'est agrandie pour inclure 14 militants de la base", a déclaré à l'AFP Salem al-Moslet, membre de la Coalition.
   "Nous voulions être plus représentatifs. La réunion a été trop longue, mais nous sommes sur la bonne route", a-t-il ajouté.
  
Quinze autres sièges ont été attribués à des membres civils du commandement de l'Armée syrienne libre (ASL), qui rassemble de nombreuses brigades rebelles, essentiellement sous l'influence de l'Arabie saoudite.
  
L'équilibre semble assez instable, mais les membres de la Coalition et les responsables des pays qui soutiennent la révolte anti-Assad ont estimé que la réunion d'Istanbul avait finalement été un succès.
 "Notre mission est plus ou moins accomplie, même si c'était vraiment douloureux", a déclaré à l'AFP un diplomate occidental sous couvert d'anonymat.
  
La Coalition va maintenant pouvoir élire une nouvelle direction et discuter de l'initiative de paix américano-russe, a ajouté ce diplomate, selon lequel la prochaine réunion du groupe aura lieu dans "deux ou trois semaines".
  
Crédibilité minée
  
Mais tandis que l'opposition en exil se déchirait en Turquie, les forces du président Assad progressaient en Syrie, minant la crédibilité de la Coalition.
  
Lors d'une manifestation vendredi à Kafranbel, dans le nord-ouest de la Syrie, des militants ont d'ailleurs brandi des pancartes accusant la Coalition d'être une "partie du problème".
  
Près de la frontière libanaise, l'armée syrienne, appuyée par des centaines de combattants du Hezbollah chiite libanais, ont lancé il y a une semaine une vaste offensive contre Qousseir, longtemps place forte et point de ravitaillement des rebelles.
  
Ces combats ont fait de très nombreuses victimes des deux côtés, mais Qousseir résiste toujours. Et alors que la réunion d'Istanbul se terminait, on apprenait l'arrivée en renfort dans cette ville-clé que de "centaines" de rebelles liés aux Frères musulmans.
   "Je ne crois pas aux coïncidences", a déclaré Fares, militant syrien indépendant à Istanbul.
   "Je pense qu'on a donné aux rebelles les armes dont ils avaient besoin pour entrer à Qousseir et qu'on leur a signalé que les parties (soutenues par le Qatar et l'Arabie saoudite) étaient parvenues à un accord", a-t-il expliqué.
  
Un rebelle du centre de la Syrie a pour sa part fustigé le fossé entre la Coalition et la réalité dramatique sur le terrain.
"Ils sont déconnectés. Nous ne pouvons pas soutenir des gens qui sont devenus des opposants uniquement par intérêt personnel", a déclaré  Ali Sattuf, un ancien lieutenant de l'armée syrienne qui a rejoint la révolte en mai 2012.
 "Nous ne voulons pas qu'un régime égoïste vienne en remplacer un autre", a-t-il ajouté.
 "Nous avons besoin de soutien, et la Coalition ne nous fait pas parvenir l'aide qui nous convient", a insisté un autre déserteur, Omar Ferzat, précisant que les membres de la Coalition devaient venir vivre en Syrie s'ils voulaient gagner la confiance des militants.
   "Ici, dans cet hôtel, ils ne peuvent pas faire quelque chose de bien", a-t-il insisté.