08-11-2024 03:30 AM Jerusalem Timing

Le navire de combat littoral, future bête de somme multitâche de l’US Navy

Le navire de combat littoral, future bête de somme multitâche de l’US Navy

Des problèmes subsistent encore avant qu’ils ne soient opérationnels

Symbole affiché de la stratégie américaine tournée vers l'Asie, le navire de combat littoral (LCS) déployé à Singapour et visité dimanche par le chef du Pentagone, doit constituer à terme le bête de sommes multitâches de l'US Navy malgré sa mise au point chaotique.
  

Premier des 52 navires de ce type dont la marine américaine compte s'équiper pour un coût total de 37 milliards de dollars, l'USS Freedom est arrivé mi-avril à Singapour pour son premier déploiement.
  
Quatre LCS doivent à terme être "déployés de l'avant" sur la base navale singapourienne de Changi, un concept mis en avant par les autorités américaines dans le cadre de leur stratégie dite du "pivot" vers l'Asie-Pacifique. Celui-ci vise à augmenter la présence militaire américaine dans la région en déployant au plus près de la zone d'opérations les navires et ainsi éviter les deux semaines de traversée depuis la côte ouest américaine.
  
En le visitant dimanche, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel n'a ainsi pas hésité à se montrer emphatique en s'adressant depuis la passerelle à l'équipage, a constaté un journaliste de l'AFP.
 "Ce que vous faites ici est historique", a-t-il lancé au micro.
  
L'USS Freedom est un navire de 120 mètres d'un nouveau genre, mettent en avant les marins américains: tel un Lego, il est adaptable à la mission par un système de modules --et d'équipage-- interchangeables.
 "On le voit un peu comme un camion, on peut mettre différentes choses dedans", explique le capitaine de corvette Clayton Doss. L'USS Freedom est actuellement doté d'un module "combat de surface" comprenant un hélicoptère, deux canons de 30 mm et deux puissants Zodiac pour des missions de sécurité maritime dans le sud-est asiatique, zone stratégique où les contentieux territoriaux maritimes sont nombreux et la piraterie toujours présente dans le détroit de Malacca.

Près de 20% de la flotte américaine

Sur la centaine d'hommes d'équipages, 38 d'entre eux sont dédiés à ce module et seront remplacés par d'autres marins si l'US Navy décide de remplacer ce kit par le module de lutte anti-sous-marine ou celui de lutte contre les mines, explique Clayton Doss. Remplacer un module par un autre ne prend que "96 heures", selon lui.
  
L'intérêt est de garder le navire "léger" --le LCS peut naviguer à 40 noeuds-- et d'éviter d'avoir un équipage et les tâches de maintenance afférentes pour ces différents équipements trop importants.
  
"L'autre intérêt de la modularité est qu'il est très difficile de savoir de quels systèmes de combat on aura besoin dans l'avenir. Nous avons trois modules différents mais rien ne dit qu'on en restera là, on va continuer à en créer de nouveaux", avance le capitaine Doss.
   La Marine américaine croit tellement au concept du LCS que ces navires de deux classes différentes constitueront à terme près de 20% de l'ensemble de la flotte. Outre les quatre navires déployés à Singapour, huit autres devraient l'être dans le Golfe, à Bahreïn.
  
Mais le programme connaît des problèmes de jeunesse qui inquiètent.
"Le programme LCS est devenu controversé en raison de l'inflation de son coût, de problèmes de conception et de construction, de l'inquiétude sur la capacité du navire à supporter les dégâts lors de combats et sur son niveau d'armement", affirme le Service de recherches du Congrès (CRS) dans un rapport dévoilé début avril.
  
Deux ans après son lancement, la marine " a découvert des fissures dans la superstructure et la coque" et des problèmes de corrosion, ajoute le rapport. Problèmes aujourd'hui en voie de règlement, selon Clayton Doss.
  
Mais le vice-amiral Allen Myers, numéro deux de l'US Navy l'a reconnu récemment lors d'une audition au Sénat: "Nous allons tomber sur des problèmes et faire des découvertes avant que le LCS ne soit pleinement opérationnel".