Elle retourne avec ironie les mots qu’Ankara avait utilisés contre elle
Commentant les manifestations qui frappent la Turquie et la répression violente de la part des autorités, la direction syrienne et les médias officiels reprennent le même vocabulaire dont la Turquie, soutien des rebelles syriens, a usé à l'égard du président Bachar al-Assad.
A titre d’exemple, les ministres syriens ont accusé Ankara de "terroriser" sa population et ont décrit le mouvement de protestation comme le "vrai Printemps".
Dimanche, le ministère des Affaires Etrangères a "conseillé" aux Syriens d'éviter
de se rendre en Turquie "à cause de la détérioration de la situation sécuritaire".
La télévision officielle syrienne couvre les événements en Turquie en continu et a annoncé dans une alerte que les manifestants réclamaient la démission du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
"Vous devez démissionner si vous respectez réellement la démocratie. Le mouvement enTurquie est un vrai Printemps", a lancé à Erdogan un expert syrien sur lachaîne officielle al-Ikhbariya.
"C'est unerévolution pure car ni le Qatar ni Israël ne sont impliqués", assure la
télévision, qui accuse régulièrement ces deux parties de soutenir les insurgés
syriens.
Samedi, le ministre de l'Information Omrane al-Zohbi a repris mot pour mot les appels à ladémission d’Erdogan à l'adresse du président Assad.
"Le fait qu'il empêche les manifestations pacifiques prouve qu'Erdogan est déconnecté de la réalité. Le peuple turc ne mérite pas une telle sauvagerie", a-t-il
dénoncé.
Dimanche, le ministre a enfoncé le clou en appelant la Turquie à "libérer tous les prisonniers de conscience" et en estimant que "rien ne justifiait l'arrestation
d'un si grand nombre de manifestants pacifiques". Il est même allé jusqu'à conseiller Erdogan de s'exiler à Qatar!
Deux jours deviolents incidents ont fait des centaines de blessés en Turquie, où plus de1.700 manifestants ont été arrêtés.
Pour Damas, les images de violences en provenance d'Ankara constituent une preuve sur la nature répressive du gouvernement islamo-conservateur
d'Ankara.
La Turquie est le principal appui à la rébellion, et la longue frontière commune permet le passage de rebelles et de munitions. Une grande partie du nord syrien est d'ailleurs hors de contrôle du gouvernement, alors que la Turquie a pillé ses
usines dans la région d'Alep.
La télévision syrienne accorde une couverture exceptionnelle aux manifestations contre "la junte au pouvoir" en Turquie.
Les médias syriens assurent même que le projet d'aménagement urbain contesté, à l'origine de la révolte à Istanbul, vise à construire un centre commercial "financé par des investisseurs qataris et la famille d'Erdogan".
Ces médias ont dénoncé la répression des protestations populaires, des manifestations pacifiques mais aussi la répression violente de la révolution dans ce pays.
Le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, résumait ainsi dimanche le sentiment des autorités syriennes: "Après des dizaines de déclarations critiquant la Syrie, le
Premier ministre a autorisé ses forces à utiliser une force excessive et la
barbarie contre des milliers de manifestants pacifiques".