Livrée par Saad Hariri, elle comportait des lacunes flagrantes, comme s’il fallait faire trainer le plus possible cette affaire.
Pendant deux heures, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel et le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, se sont réunis à Ankara avec des responsables des services de renseignement turcs et qataris.
M. Charbel a affirmé à Al Akhbar avoir dit lors de la rencontre: «Il y a neuf Libanais otages à Azzaz. Mais n’oubliez pas qu’il y a des centaines de milliers de Syriens qui vivent au Liban. Nous ne voulons pas que cette affaire provoque une discorde entre sunnites et chiites. Ou plutôt, nous ne voulons que cette fitna s’étende. Et vous savez parfaitement qu’elle pourrait s’étendre à l’extérieur du Liban».
Le but de cette réunion était de remettre à l’autre partie une liste de détenus dans les prisons syriennes qui comporte 81 noms, remise par les autorités syriennes aux négociateurs libanais. A l’origine, les ravisseurs avaient remis une liste de plus de 300 noms pour les échanger contre les neuf otages. Mais il est apparu que cette liste comportait de nombreuses erreurs: certaines des personnes mentionnées sont déjà en liberté, d’autres n’ont jamais été arrêtées et un même nom revient 51 fois.
M. Charbel a demandé à la partie turque: «Est-il possible que vous n’ayez pas lu la liste? Comment n’avez-vous pas remarqué que le même nom est répété des dizaines de fois».
Le ministre a indiqué que la partie libanaise a été surprise lorsque les ravisseurs ont parlé d’une nouvelle liste de 600 noms, qu’ils affirment avoir remis à l’ancien Premier ministre, Saad Hafiri, afin qu’il l’a transmette au Liban. «Nous n’étions pas au courant de cette nouvelle liste, a déclaré M. Charbel à ses interlocuteurs. M. Hariri m’a appelé un jour pour me dire qu’il avait entre les mains une liste et qu’il me l’enverrait. En réalité je n’ai jamais rien reçu».
Après le retour de MM. Charbel et Ibrahim à Beyrouth, des informations ont circulé sur une solution au problème des otages consistant à leur libération progressive. Mais le ministre a affirmé que le Liban refusait une telle éventualité. «Cette affaire a trop duré», a-t-il dit.
Mohammad Nazzal, journaliste libanais indépendant
Source : Al Akhbar