Quel lien entre la reprise des combats et l’appel au jihad lancé par Qaradaoui?
Subitement et sans raisons apparentes, les miliciens ont rallumé les fronts de Tripoli, paralysant pour la deuxième journée consécutive le chef-lieu du Liban-Nord et fauchant des dizaines de civils innocents.
Certains milieux politiques et journalistiques libanais établissent un lien entre cette nouvelle flambée de violence et l’appel au jihad contre les musulmans chiites lancé, vendredi dernier, par le prédicateur qatari d’origine égyptienne, Youssef al-Qaradaoui. D’autres placent cette reprise des combats dans le cadre d’un désir de vengeance des revers subis par les rebelles en Syrie.
Avec la poursuite des affrontements, aucune démarche politique sérieuse n’est entreprise pour tenter de ramener le calme à Tripoli, livrée aux snipers qui sévissent sur les différents axes contre les civils et les soldats.
Le bilan est élevé: six morts et une quarantaine de blessés depuis dimanche soir. L’Agence nationale d’information (Ani, officielle) écrit, citant son correspondant sur place, que «les tirs se sont poursuivis dans la nuit de lundi à mardi et quelques roquettes ont été tirées».
«L'armée a riposté aux tirs et tente de rétablir le calme», ajoute l’agence. Les écoles proches des quartiers de Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen sont restées fermées ce mardi, alors que les rues de la ville sont désertes.
Le député de Tripoli, Samir Jisr, a appelé l'Armée libanaise à mettre fin aux tirs de snipers exprimant sa confiance totale dans l'institution militaire.
Sauf que les militaires sont la cible privilégiée des francs-tireurs. Trois soldats, Mahmoud Makari, Ali Chami et Khaled Chmeit, ainsi que deux agents des FSI, Charbel Madi et Élie Sleiman ont été blessés par balles, alors qu’ils se rendaient dans leurs voitures à leurs postes de travail, a indiqué un communiqué de l’armée.
Trois autres souffrent de contusions lorsque le conducteur, atteint d’une balle, a perdu le contrôle de sa voiture et en a percuté une autre.
Selon l’agence al-Markaziya, le secrétaire général du Parti arabe démocrate, Ali Eid, a tancé ses partisans après la mort d’une femme et l’hospitalisation d’une autre, enceinte, blessée par balles. Il les a mis en garde contre toute agression contre des femmes, des enfants et des personnes âgées.
«De tels actes sont honteux. Notre problème se pose avec ceux qui nous tirent dessus», a-t-il dit. Le chef du Courant du futur, l’ancien Premier ministre Saad Hariri, a qualifié d’«inacceptables» les combats à Tripoli, appelant l’armée à assumer ses responsabilités pour protéger les civils.
Mais les hommes politiques semblent avoir perdu toute influence sur les miliciens, qui sont désormais contrôlés par des groupes extrémistes financés et armés par des pays du Golfe.
31 personnes avaient été tuées et 212 autres blessées lors du dernier round de combat (le 16ème depuis 2007), qui s’est terminé le 26 mai par l’instauration d’une trêve fragile, violée par des tirs de francs-tireurs et des jets de grenades.
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