Plus de 70 avocats interpellés.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a assuré mardi que son gouvernement ne ferait plus preuve d'aucune "tolérance" envers les manifestants qui réclament depuis douze jours sa démission à travers toute la Turquie.
"Je m'adresse à ceux qui veulent poursuivre ces événements, qui veulent continuer à terroriser: cette affaire est maintenant terminée. Nous ne montrerons plus de tolérance", a lancé M. Erdogan lors d'un discours devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP), quelques heures après que la police a repris le contrôle de la place Taksim d'Istanbul.
M. Erdogan, principale cible de la contestation, a une nouvelle fois présenté comme des "extrémistes" ou des "terroristes" les groupes de manifestants qui ont riposté aux forces de l'ordre par des jets de pierres ou de cocktails Molotov.
"Il rendront des comptes pour ce qu'ils ont fait, je vous l'assure", a-t-il promis, ovationné par ses élus et ses partisans.
"Ces événements vont se terminer, nous sommes un gouvernement très puissant", a ajouté le Premier ministre.
Plus de 70 avocats interpellés
Entre-temps, la police a interpellé mardi 73 avocats qui protestaient contre l'intervention dans la matinée des forces de l'ordre contre les manifestants occupant la place Taksim d'Istanbul, a annoncé leur association.
"Le nombre des avocats arrêtés à maintenant atteint 73", a annoncé l'Association des avocats contemporains (CHD) dans un message sur Twitter.Un précédent bilan faisait état d'une cinquantaine d'arrestations.
En grève depuis le début de la fronde qui vise le Premier ministre Recep
Tayyip Erdogan il y a douze jours, ces avocats se sont réunis dans l'enceinte
du palais de justice d'Istanbul pour dénoncer la police, qui a repris manu
militari le contrôle de la place Taksim, aux cris de "Taksim est partout", "la
résistance est partout", a raconté à l'AFP une avocate ayant requis l'anonymat.
La police est alors intervenue dans le palais de justice pour les en
déloger. Les manifestants ont été interpellés après de brèves échauffourées, a
rapporté la CHD.
"Les avocats se trouvant au palais de justice ont affirmé qu'ils resteraient sur place jusqu'à la libération de leurs confrères", a ajouté
l'association.
Dans un commentaire publié sur sa page Facebook, le président des barreaux
de Turquie, Metin Feyzioglu, s'est ému de ces arrestations. "Nous nous rendons
(d'Ankara) à Istanbul pour rencontrer les autorités sur place", a dit Me
Feyzioglu.
Le Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde) a pour sa part
réclamé dans un communiqué "la libération immédiate des avocats en garde à vue
et le lancement d'une enquête contre les responsables qui ont abusé de leur
charge officielle en ayant recours à la violence".
Il a également enjoint le gouvernement d'arrêter d'utiliser "le langage de
la violence".
Les avocats sont fréquemment la cible des autorités turques. Plusieurs dizaines d'avocats --32 selon le BDP-- sont actuellement en détention provisoire en Turquie pour leurs liens supposés avec des organisations clandestines, principalement les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le bâtonnier du barreau d'Istanbul et neuf de ses confrères sont par
ailleurs poursuivis pour avoir mis en cause l'attitude des juges à l'égard de
la défense lors d'une audience, en avril 2012, d'un procès controversé sur un
projet de coup d'Etat contre le gouvernement d’Erdogan.