La bataille tourne autour de Ghalibaf le charismatique, Velayati l’expérimenté, Jalili le nucléaire et Rézaï le tenace...
En Iran, la campagne électorale tourne à plein vitesse. Jamais, la population n’a été aussi motivée. Les candidats aussi. Les rues de la capitale iranienne Téhéran ne connaissent pas de répit, constate le correspondant de la télévision satellitaire arabophone AlMayadeen : de nuit comme de jour, dans ce pays dont 65% sont des jeunes. Chacun affichant le portait de son candidat favori. En témoignent les photographies prises des différentes campagnes électorales des huit candidats dans les différentes régions iraniennes. La population est plus que jamais impliquée.
J – 3 jours : deux retraits seulement
Dans les deux camps réformateur et conservateur, seulement deux retraits ont été signalés ces dernières 24 heures. À 3 jours du scrutin.
Lundi avait eu lieu celle de l’ancien chef du Parlement Gholam-Reza Adel-Haddad.
Et ce mardi, celle du candidat réformateur Mahdi Aref (62 ans), proche de Hachémi Rafsandjani. Il a décidé de se retirer en faveur de cheikh Hassan Rouhani (64 ans), au score supérieur dans les sondages, à la demande aussi du chef du camp des réformateurs, cheikh Mohammad Khatami.
La bataille chez les conservateurs
Mais c'est du côté des conservateurs que devraient se situer la vraie bataille, d'autant plus que les candidats de ce courant ont le plus la côte dans les sondages. Surtout entre quatre d'entre eux.
Mais, chez l’Alliance tripartite laquelle unissait en plus d’Adel-Haddad, le maire de Téhéran Mohammad-Baker Ghalibaf, et l’ancien chef de la diplomatie Ali-Akbar Velayati, un deuxième retrait est indispensable pour ne pas disperser les voix des électeurs. Un accord entre les trois hommes le stipulait.
Ghalibaf-Velayati: plutôt serré
Or, entre Ghalibaf et Velayati la bataille se présente étroitement serrée. Alors que les instituts de sondages donnaient le premier favori, avec plus de 39% des voix, la côte du second ne cesse de monter, surtout du côté des différentes institutions. Lundi, 160 députés iraniens ont signé une pétition lui accordant leur soutien. Même appui de la part de l’Association des professeurs de la hawza (école) religieuse de Qom, qui dispose d’une influence importante au sein de la société iranienne, ainsi que l’association religieuse Moutalifa, influente dans les milieux du bazar. Alors que l’autre association, celle de la Lutte spirituelle n’a pas encore donné son avis.
Le charismatique contre l’expérimenté
Avec son physique, et son allure jeune, le maire de Téhéran dispose d’un charisme incontestable auprès des jeunes et des femmes en particulier. En revanche, il lui manque l’expérience internationale dont jouit l’ancien diplomate Velayati, fort de 16 années au poste de ministre des affaires étrangères et proche du guide suprême de la révolution, du fait de son poste comme son conseiller. Sachant que Sayyed Khamenei s’est abstenu d’accorder son soutien à aucun des candidats. Mais le fait que Velayati n’est plus très jeune pourrait très bien lui porter grief auprès d’une population jeune.
Jalili le nucléaire
Ceci n’est pas le cas pour Saïd Jalili, (né en 1965), le négociateur iranien pour le dossier nucléaire. Selon les medias occidentaux, dont le Financial Times et le New York Times, il est favori vu sa gestion de ce dossier. Ces medias étoffent leurs prévisions en rappelant également qu’il occupe le secrétariat général du Conseil de sécurité nationale iranien (CSNI) et dispose de liens étroits avec les gardiens de la révolution. Sans oublier sa participation à la guerre irako-iranienne au cours de laquelle il a perdu une jambe.
Rezaï le tenace
Et puis il ne faut oublier pas oublier Mohsen Rezaï, l’ancien chef des Pasdarans. Quoique les sondages ne le donnent pas favori, mais sa campagne se marque par une activité intense dans les villes iraniennes. Et puis, il semble avoir un soutien important dans les provinces iraniennes. Il fait part d'une ténacité étonnante, surtout que c'est la deuxième qu'il se présente.
En tête: M. Indécis
A j - 3, rien n’est encore décidé. Surtout que c’est « M. Indécis » qui décroche le plus grand pourcentage des sondages : 57% des électeurs iraniens n’ont pas encore décidé qui élire.
Heureux celui qui les convaincra, ces 48 heures prochaines...