Le Hezbollah attaché plus que jamais à son droit d’être présent au sein du pouvoir exécutif en tant que représentant d’une large faction de la population libanaise.
Le flou le plus total entoure les intentions du Conseil constitutionnel au sujet des deux recours en invalidation de la prorogation de 17 mois du mandat du Parlement.
Diverses sources journalistiques et politiques font état de pressions américaines afin que la prorogation soit invalidée et que les élections soient organisées prochainement, sur la base de la loi de 1960.
Des informations ont fait état d’un revirement du Courant du futur –un des parrains de la prorogation-, ce qui aurait provoqué le mécontentement du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, qui aurait reproché à M. Saad Hariri d’avoir renié ses engagements.
Mais M. Joumblatt a fait une déclaration affirmant qu’il était en contact permanent avec l’ancien Premier ministre.
«Les élections maintenant c’est un suicide», selon Joumblatt
Joumblatt, a assuré devant ses visiteurs que l’organisation des élections avant la chute de Qoussair en Syrie était pleine de danger. Aujourd’hui, après la chute de cette ville, il ne faut pas traiter cette échéance à travers un prisme étroit et personnel.
Il souligne, à cet égard, que les élections ne changeront rien au paysage politique dans les régions du Chouf et d’Aley et aucune surprise n’y est attendue.
Selon M. Joumblatt, il est nécessaire de dépasser les calculs personnels car l’intérêt du pays passe avant tout et il est primordial de préserver un minimum de stabilité.
Il affirme ne pas avoir d’inconvénients à organiser les élections selon la loi de 1960 si le Conseil constitutionnel juge qu’il est opportun de raccourcir la durée de la prorogation. «Mais qui pourra empêcher, alors, que le pays ne glisse dans la discorde», s’interroge-t-il.
Selon M. Joumblatt, «organiser les élections dans les circonstances actuelles est une folie, voire un suicide, alors que leur report aide à ajournée la fitna, notamment entre les sunnites et les chiites, dont les répercussions n’épargneront personne, pas même ceux qui pensent pouvoir cueillir les fruits d’un affrontement féroce entre ces deux communautés».
Et M. Joumblatt de poursuivre: «Il est préférable pour tous les protagonistes de reporter la fitna tant que nous sommes incapables de l’étouffer. La seule issue c’est de ne pas organiser les élections jusqu’à nouvel ordre, sinon le pays risque de tomber dans le vide, au Parlement d’abord avant de s’étendre à toutes les autres institutions».
Le président de la Chambre, Nabih Berry, a également exprimé les mêmes craintes. Cependant, le Courant du futur, co-parrain de la prorogation, ne s’est pas exprimé sur la question, ce qui laisse penser que les informations sur son éventuel revirement sont vraies.
La confusion a été alimentée par le fait que la réunion du Conseil constitutionnel, prévue mardi pour examiner les recours en invalidation de la prorogation du mandat du Parlement, a été annulée en raison d'un défaut de quorum. Pour pouvoir se réunir, huit des 10 membres de cette instance doivent être présents. Trois d’entre eux ne se sont pas présentés à la réunion.
Le Conseil constitutionnel devait étudier le rapport de son président, le juge Issam Sleiman, sur les deux recours en invalidation. Une autre réunion a été fixée à mercredi 10h.
Tammam suspend ses contacts
Le sort du prochain gouvernement est lié à celui de la prorogation. Le Premier ministre désigné, Tammam Salam, a suspendu ses contacts en attendant le jugement du Conseil constitutionnel.
S’exprimant devant ses visiteurs, M. Salam a dit redouter un durcissement des positions du Hezbollah concernant la formation du cabinet, après sa victoire à Qoussair.
Pour sa part, le Hezbollah dénonce une campagne de dénigrement lancée contre lui et des appels à son exclusion du gouvernement, sous prétexte de sa participation aux combats en Syrie.
Pour le parti, ceux qui lancent ces appels ne font qu’exécuter des ordres venus des pays du Golfe et des Etats-Unis. Aussi, a-t-il décidé de s’attacher plus que jamais à son droit d’être présent au sein du pouvoir exécutif en tant que représentant d’une large faction de la population libanaise.
Mediarama