Washington fait pression sur le Conseil constitutionnel pour invalider une décision prise par les députés libanais!
Les Etats-Unis se sont invités dans la polémique concernant les pressions qui seraient exercées sur des membres du Conseil constitutionnel afin de boycotter –ou de participer- aux réunions du Conseil constitutionnel consacrées à l’examen des recours en invalidation de la prorogation du mandat du Parlement.
Dans un tweet émis hier, l’ambassade américaine a insisté sur «l’obligation du Conseil constitutionnel d’examiner et de se prononcer sur les recours dont il est saisi, loin de toute ingérence politique».
«Le boycott des réunions du Conseil constitutionnel aboutiront à un émiettement supplémentaire de la démocratie et refléteront un manque de respect pour les institutions libanaises et l’État de droit», ajoute le tweet de la chancellerie. L’ambassade a ajouté que «la démocratie du Liban est un fondement de la stabilité, et les efforts pour ébranler le processus démocratique troublent cette stabilité mais aussi la confiance internationale dans le pays.»
Cette ingérence directe dans un détail de la vie politique libanaise est intervenue le jour même de l’échec d’une deuxième réunion du Conseil constitutionnel faute de quorum, après l’absence de trois juges.
Cet intérêt marqué par les Etats-Unis à cette affaire confirme les informations selon lesquelles le Courant du futur, co-parrain du projet de prorogation de 17 mois du mandat du Parlement, aurait renié les engagements qu’il avait pris avec le tandem chiite (Amal et le Hezbollah) et le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, après de fortes pressions américaines exercées sur lui. Ce revirement a provoqué le mécontentement de M. Joumblatt, qui a qualifié de «suicide» l’organisation des élections dans les circonstances actuelles.
Le président du Parlement, Nabih Berry, est allé dans le même sens, affirmant que les trois membres ont boycotté les réunions afin d’éviter au Liban le danger d’une discorde. «Nous craignons que les élections auxquelles certains appellent de leurs voeux ne soient un chemin qui conduise à la fitna», a-t-il dit aux députés qu’il a reçus hier. M. Berry a souligné que les trois membres «ont assisté à trois autres réunions et ont présenté une note écrite au président du Conseil constitutionnel pour tenter de rectifier l’action de cette institution».
Dans ce contexte, des informations de presse ont indiqué que les trois membres ont réclamé dans la note que les services de sécurité leur fournissent une évaluation de la situation sécuritaire et un avis sur la possibilité de la tenue des élections.
Mais le président du Conseil, Issam Sleiman (proche du président de la République), a rejeté cette demande, «ce qui prouve les pressions qui faussent le débat actuel au sein de cette entité», a expliqué le député d’Amal Ali Bazzi.
Issam Sleiman a indirectement reconnu l’existence de cette note, faisant état de l’existence d’un document qui prouve que le Conseil constitutionnel a présenté la demande aux responsables sécuritaires pour vérifier si l’on est en présence de circonstances exceptionnelles susceptibles de justifier la prorogation. «Mais les autorités concernées n’ont pas fait suite à cette demande au motif qu’elle fait partie de la seule compétence du Conseil supérieur de la défense et du gouvernement, et non du Conseil constitutionnel», a ajouté le juge Sleïmane dans un entretien à l’agence de presse Al-Markazia.
Médiarama