Tous les moyens ont été utilisés: il ne reste plus que d’envoyer des armées en Syrie
Il y a quelques jours, un diplomate occidental a évoqué avec l’un de ses visiteurs l’attitude des Arabes à l’égard des nouveaux développements en Syrie et les dessous de la campagne croissante contre le Hezbollah.
Ce diplomate a déclaré que «la participation du parti aux combats en Syrie s’est soldée par des succès importants pour le régime et son armée. Un plus grand rôle du Hezbollah pourrait aider le régime à récupérer Alep, toute la campagne de Damas et d’autres régions aux frontières avec la Turquie et la Jordanie, et cela est grave». Les experts israéliens et occidentaux répètent les mêmes propos.
Le diplomate ajoute: «Si la participation du Hezbollah va donner au régime l’opportunité de réaliser d’importants succès, il faut travailler sur deux niveaux: trouver les moyens de renforcer les groupes armés rebelles et contraindre le Hezbollah à faire marche arrière et à limiter son implication dans la guerre syrienne».
Toutefois, les données montrent que «les outils de travail» de l’Occident et de ses auxiliaires imposent une nouvelle vague d’escalade articulée autour du slogan selon lequel la participation du Hezbollah est l’illustration d’une «campagne chiite contre les sunnites».
Dès lors, tout ce qui se dit et sera dit à l’avenir devient compréhensible: les fatwas exacerbant les tensions religieuses, l’encouragement à la violence sectaire, comme cela se produit en Irak, et poussent les rebelles en Syrie à commettre les pires atrocités, à l’instar de ce qui s’est passé hier dans un village chiite de Deir Ezzor (60 personnes, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées ont été massacrées par des takfiris, ndlr).
Mais cela ne s’est pas arrêté là. Il fallait que les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) prennent une autre mesure, en décidant de frapper là où le bât blesse: menacer les Libanais, notamment les chiites, dans leur gagne-pain, leur interdire de travailler dans les Etats du CCG sous prétexte qu’ils sont des partisans du Hezbollah.
Le CCG espère que ces mesures déclencheront une campagne civile chiite hostile au Hezbollah au Liban pour le contraindre à se retirer de la Syrie et à stopper son soutien au régime. De même que les pays du Golfe espèrent que ces mesures feront pression sur l’Etat libanais (par hasard, cette mentalité ressemble à celle des Israéliens dans toutes leurs guerres contre le Hezbollah au Liban). Le CCG et les pays qui le soutiennent rêvent d’une révolution libanaise contre la participation du Hezbollah aux combats en Syrie.
Bon, que va-t-il se passer maintenant?
S’attendre à ce que ces pressions donnent des résultats sérieux est une illusion. Il sera difficile d’imaginer une révolte chiite au Liban ou dans le monde arabe qui pousserait le Hezbollah à céder à ces pressions. De même, il est difficile de voir à des éléments nouveaux et qualitatifs dans le discours des dirigeants et des médias du 14-Mars.
Aussi, les Etats du Golfe et, derrière eux, les Etats-Unis, doivent réfléchir à une autre méthode pour soutenir les groupes armés en Syrie. Ils ont déjà donné tout ce qu’ils peuvent en armes, argent, appuie médiatique et politique et acheminement de combattants. Il ne leur reste plus qu’une seule option: envoyer leurs armées combattre en Syrie.
Peut-être qu’il serait temps qu’ils le fassent, directement et sans louvoiement.
Ibrahim AlAmine: rédacteur en chef
Source: AlAkhbar- Médiarama