Les Américains prennent soin d’informer les Russes, évoquent des armes non-létales pour les insurgés et une zone d’exclusion..
Au minimum, les Etats-Unis s’efforcent de donner l’impression qu’ils veulent intervenir plus efficacement en Syrie. Tout au plus, Ils se préparent à mettre en place une zone d’exclusion à la frontière avec la Jordanie.
Si ce n'est qu'elle est déjà mise!
Ce jeudi, l’administration américaine a repris à son compte le scénario irakien, propulsé frénétiquement par les Français et Britanniques ces dernières semaines !
Après avoir feint afficher un scepticisme, le président américain Barak Obama feint « reconnaitre » que l’armée syrienne régulière a eu recours aux armes chimiques.
«Après un examen approfondi, la communauté du renseignement (américaine) estime que le régime Assad a utilisé des armes chimiques, dont le gaz sarin, à échelle réduite contre l'opposition et à de multiples reprises dans l'année écoulée», a déclaré son conseiller adjoint de sécurité nationale, Ben Rhodes.
Ces accusations seraient étayées « par des sources d’informations multiples et indépendantes », explique Rhodes, qui ne se donne même pas la peine de les mettre au clair, comme d’habitude !
Et de surenchérir : « ce qui viole les règles internationales et franchit clairement les lignes rouges qui existent depuis des décennies au sein de la communauté internationale ».
Version officielle et médias
S’agissant des mesures américaines qui devraient découler de cette escalade, il existe un vrai clivage entre les mesures annoncées officiellement et celles mises en avant par les medias.
Alors que la présidence américaine se contente « d’évoquer une augmentation de l’aide militaire non-létale » et d’assurer qu’elle prendrait « des décisions à son propre rythme », les medias occidentaux se sont mis à laisser planer l’éventualité de la mise en place « une petite zone d’exclusion qui s’étendrait au-dessus de la région frontalière avec la Jordanie », à la suggestion des responsables militaires américains.
Cette zone s'avancerait d'environ 40 km à l'intérieur de la Syrie et serait en fait opérée par des avions volant en Jordanie et armés de missiles air-air, écrit le Wall Street Journal qui cite sans les nommer des responsables américains.
Les militaires estiment qu'une réelle zone d'exclusion au-dessus de la Syrie est extrêmement difficile à mettre en place car il faudrait tout d'abord détruire l'important système de défense anti-aérienne syrien.
En revanche, cette petite zone évitant tout survol de la Syrie pourrait être mise en place d'ici un mois, et peut l'être sans résolution du Conseil de Sécurité des Nations unies puisqu'il n'y aura pas de violation de l'espace aérien syrien.
Le double veto sino-russe est toujours vivant dans les mémoires
Informer Moscou
Raison pour laquelle, sur le champ diplomatique, le souci russe subsiste : les Américains ont pris le soin d’informer Moscou, lui dépêchant leurs soi-disant données en main.
"La Russie n'a pas encore accepté le fait que Bachar el-Assad doit partir. Nous avons fourni aux Russes les données dont nous disposons. Nous leur avons déjà transmis nos estimations sur l'usage d'armes chimiques en Syrie. Nous estimons que la Russie ainsi que tous les membres de la communauté internationale doivent être au courant de l'usage d'armes chimiques où que ce soit", a indiqué Ben Rhodes.
Mais du côté des Russes, la duperie ne passe pas.
Les accusations des Etats-Unis sur le recours à l'arme chimique par le régime de Bachar al-Assad en Syrie ne sont "pas convaincantes", a déclaré vendredi le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov.
"Nous le dirons clairement: ce qui a été présenté par les Américains ne nous semble pas convaincant", a-t-il dit à des journalistes, indiquant qu'une rencontre avait eu lieu entre représentants russes et américains au cours de laquelle ces derniers avaient exposé leurs informations.
Quant au chef de la Commission des Affaires internationales de la Douma (chambre basse du parlement russe) Alexeï Pouchkov, il va plus loin en estimant que ces informations « sont fabriquées de toutes pièces au même endroit que les mensonges concernant la possession d'armes de destruction massive par Saddam Hussein ».
Damas : rien de nouveau
Il va de soi que la perception est similaire chez le gouvernement syrien, lequel a accusé "la Maison Blanche d’avoir fait publier un communiqué truffé de mensonges sur le recours aux armes chimiques en Syrie, en se basant sur des informations fabriquées à travers lesquelles elle a tenté de faire assumer au gouvernement syrien la responsabilité d'un tel usage", a indiqué un responsable des Affaires étrangères.
Le ministre de l’information syrien Omrane al-Zohbi, a accusé depuis le mois d’avril dernier les puissances occidentales de vouloir instrumentaliser le thème des armes chimiques pour répéter en Syrie le "scénario irakien" qui a mené à la chute du dictateur irakien Saddam Hussein.
Le ridicule de l’ONU
Bien entendu, ces accusations arbitraires ont été soutenues au préalable par des positions onusiennes, tellement contradictoires qu'elle frisent le ridicule.
Au début du mois de juin, les Nations Unies avaient sacrifié une fois de plus leur crédibilité se laissant persuader de faire une déclaration, évoquant « des motifs raisonnables de penser que des quantités limitées de produits chimiques ont été utilisés», dans quatre évènements (à Khan al-Assal près d'Alep le 19 mars, à Uteibah près de Damas le 19 mars, dans le quartier de Cheikh Maqsoud, à Alep le 13 avril, et dans la ville de Saraqeb le 29 avril) .
Comble du ridicule : les seules preuves dont dispose cette organisation ne sont que : «des interviews de victimes, de réfugiés,..., et de personnel médical », comme l’a expliqué le président brésilien de la commission d’enquête de l’ONU, Paulo Pinheiro. L’agence onusienne ne sait même pas la nature de l’agent chimique utilisé.
Pourtant, un mois auparavant, la responsable de l’ONU Carla Del Ponte avait soupçonné les rebelles en Syrie d’avoir utilisé du gaz sarin. Une attaque avérée venait d’être effectuée contre un barrage de l’armée en mars à Khan al-Assal, à Alep, et qui s’est soldée par la mort de 15 militaires par inhalation de produits toxiques.
Les images retransmises en direct par les télévisions syriennes des tués, sans traces de blessures, et celles des rescapés, (enfants, femmes et hommes) souffrant de problèmes respiratoires dus à l’attaque ne pouvaient tromper personne.
Une enquête en emporte le vent
Le gouvernement syrien avait alors exigé une enquête internationale, mais sa mise en place a été torpillée par les Français et les Britanniques qui refusaient la participation ou la présence des responsables officiels syriens lors de son exécution en Syrie. Les autorités syriennes appréhendaient qu’une fois sur place, d’aucuns enquêteurs ne tentent de sortir un quelconque produit toxique, après l’avoir eux-mêmes inoculé, pour permettre d’accuser la Syrie.
Alors que dans leurs medias, les responsables occidentaux, français et britanniques en particulier s’acharnaient pour imputer aux Syriens la responsabilité de refuser l’enquête de l’ONU sous prétexte que Damas a rejeté l’élargissement du champ d’action de l’enquête vers d’autres régions qu’Alep, pour faire croire que le pouvoir tente de couvrir ses crimes.
Manipulation toujours et encore
Il faut dire que les medias occidentaux aussi se sont mis à la tâche, pour accuser le pouvoir syrien. Les déclarations onusiennes rédigées au conditionnel sont traitées comme une confirmation de l’accusation. Le gazage de Khan al-Assal est occulté. Ainsi que les informations rendant compte de la confiscation par les miliciens de produits chimiques toxiques qu’ils ont testés entre autre sur des lapins, menaçant les Alaouites d’un sort similaire. Et l'information sur le gaz sarin retrouvé entre les mains de miliciens du front al-Nosra en Turquie !
Et pour faire encore plus crédible, certains journaux ont trouvé bon de dépêcher des journalistes sur place, clandestinement, pour raconter de retour comment ils ont été témoins « plusieurs jours d’affilée d’utilisation d’explosifs chimiques et de leurs effets sur les combattants », et comment ils ont vu des combattants «commencer à tousser, puis mettre leurs masques à gaz, sans hâte apparemment, mais en réalité déjà exposés. Des hommes s'accroupissent, suffoquent, vomissent»... Sans jamais nous les montrer faire ceci. Les images qui n’ont rien à voir avec les mots ressemblent à une mise en scène.
De nombreux lecteurs français l’ont bien deviné, à en croire leurs commentaires !
A l’heure ou tout ou presque tout sur la Syrie est vidéo filmé et posté sur la Toile, rien ne pallie à l'absence de ces soi-disant attaques chimiques.
Preuve irréfutable qu'elles n'ont jamais eu lieu.
Quand bien même le chef de la diplomatie française trouve bon de prétendre que ce sont ces journalistes-là qui ont apporté avec eux la preuve du recours aux armes chimiques par les forces gouvernementales. Involontairement, il ne fait que confirmer les craintes de M. Zoebi quant à l'envoi d'enquêteurs sur place! Certes, la diplomatie française est en perte d'intelligence !!