Le début d’une révolution contre le mensonge est, par-dessus tout, contre le mépris des peuples
«Election présidentielle verrouillée en Iran-Ça sera encore un fidèle du guide suprême». Rien de plus vrai.
Dans ce pays, c'est le guide suprême, l'ayatollah Khamenei, qui symbolise l'autorité idéologique incontestée. Donc, sur ce plan, le titre n'a rien de déplacé.
Pourtant, il y a comme un problème si nous commençons à relativiser la chose.
Nous pourrions de même titrer, dans la même teneur, un article sur les Etats-Unis. Nous aurions ceci : «Election présidentielle verrouillée aux Etats-Unis-Ça sera encore un démocrate ou un républicain, un fidèle de Wall-Street qui sera élu». Mais personne n'en aura l'idée, même si le scénario dure depuis plus de deux siècles.
Nous pouvons prendre dans la même veine cette attitude de l'ONU, qui considère que les élections en Iran ne seront «ni libres ni équitables», comme si aux Etats-Unis ou dans n'importe quel pays dit démocratique, il était loisible à quiconque, se porterait candidat, d'accéder aux gigantesques moyens matériels et financiers et d'affronter, ce faisant, un scrutin «libre et équitable».
Une réponse est d'ailleurs donnée quotidiennement partout en Occident, où ce sont plutôt les directives du FMI et des banques privées qui servent de programme aux gouvernements.
Alors, pourquoi est-il communément accepté que le monde occidental peut s'ériger en donneur de leçons, quand il s'agit de juger les situations en dehors de ses bases ?
Comme explication, il y a d'abord et avant tout la mise en coupe réglée de la presse et des espaces publics de communication. Cet avantage permet de fermer la porte à toute voix discordante et d'opérer à loisir le matraquage qui sied aux intérêts impérialistes.
Heureusement, qu'avec les «printemps» libyen puis syrien, le procédé ne fonctionne plus chez les Arabes et assimilés, qui ont rapidement compris que tout n'est pas rose dans les médias et, surtout, que l'information n'est pas aussi neutre qu'elle prétend l'être.
Al Jazeera et de nombreux centres similaires de propagande en ont pour leurs frais.
Heureusement encore que la soif de vérité a poussé au développement de réseaux alternatifs, ouvertement destinés à la fonction de «ré-information».
Le début d'une révolution contre le mensonge est, par-dessus tout, contre le mépris des peuples. Contre ce type de tentative éhontée de tromper à n'importe quel prix. Un petit exemple tout frais, repris par la presse, est un communiqué du secrétariat du Conseil national de la résistance iranienne.
En voici un extrait : «La dictature religieuse prépare des fraudes électorales massives, en plus d'un bourrage des urnes, d'un recours à des millions de cartes d'identité de personnes décédées, et d'urnes remplies à l'avance de faux bulletins de vote, le régime des mollahs, lors du décompte dans la salle dite de ‘’regroupement des voix’’ multipliera le nombre de votants par quatre ou cinq.»
Tel qu'on peut le constater, le délire est à la mesure du peu de cas que font ces opposants de l'intelligence de leurs concitoyens, tout préoccupés qu'ils sont à diaboliser le pouvoir en place.
Ils contribuent néanmoins à tuer la propagande.
Ahmed Halfaoui