Les responsable d’Amal et du Hezbollah ont expliqué que toute action punitive contre Ersal risque de provoquer une fitna entre sunnites et chiites, et «c’est exactement ce que veulent les groupes extrémistes armées en Syrie».
Dans son dernier discours vendredi 14 juin, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a mis en garde contre des tentatives visant à semer la discorde entre sunnites et chiites, citant nommément la région de la Békaa. Ses craintes se sont avérées fondées.
Deux jours après son discours, des inconnus ont tué par balles deux membres du clan des Jaafar, Ali Karamé et Mohammad Ali, un jeune homme d’origine turque, Ali Abdo Rachini Uglu, et un homme du clan Amhaz, Hussein Charif.
Les victimes roulaient à bord d’une Jeep Cherokee sur une route traversant la haute montagne de Ras-Baalbeck dans la Békaa.
Une cinquième personne a été grièvement blessée. Selon des sources bien informées, les victimes sont tombées dans une embuscade alors qu’ils se rendaient dans la région pour réparer une camionnette en panne depuis plusieurs jours.
Dès que la nouvelle du quadruple crime a été connue, une forte tension est apparue dans la Békaa Nord.
Des hommes armés des clans de la région se sont déployés, notamment sur la route menant de la localité de Laboué vers Ersal.
Un désordre sécuritaire a régné pendant deux heures, faisant craindre le pire, avant que la situation ne soit contrôlée grâce aux efforts déployés par le Hezbollah et le Mouvement Amal, les notables de la région et les mesures de l’Armée libanaise.
De hauts responsables des deux formations chiites se sont rendus auprès des familles des victimes, les exhortant à éviter toute réaction contre la localité de Ersal, surtout que des habitants de ce village résident dans la région où le crime a été commis.
Les responsable d’Amal et du Hezbollah ont expliqué aux familles que toute action punitive contre Ersal risque de provoquer une fitna entre sunnites et chiites, et «c’est exactement ce que veulent les groupes extrémistes armées en Syrie».
Cheikh Mohammad Yazbeck, membre du Conseil de la Choura du Hezbollah, a appelé les habitants de Ersal à livrer les suspects aux services de sécurité.
Les familles des victimes ont pointé un doigt accusateur contre certains habitants de Ersal, dont le président du Conseil municipal, Ali Hujeiri, et son fils, le cheikh Moustapha Hujeiri (Abou Takié). Mais les habitants de Ersal ont publié un communiqué dénonçant «fermement cette agression contre des membres honorables de la région qui vise à semer la discorde confessionnelle». «Nous nous dissocions des auteurs de ce massacre quelle que soit leur identité», ont-ils souligné.
Sur le même ton d’apaisement, les habitants de la région de Baalbeck et Hermel ont souligné l’importance «de préserver la paix civile et la coexistence» entre les communautés. Ils ont appelé «à surmonter la douleur et à être patient».
Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a dénoncé l’assassinat des quatre jeunes gens, estimant que l’incident vise à déclencher un conflit sectaire dans le pays.
«Les assassinats se répètent de ville en ville dans une tentative désespérée de créer un conflit sectaire dans le pays», a souligné le dignitaire religieux dans son communiqué de condoléances destiné aux familles des quatre victimes. Cheikh Kabbani a appelé les Libanais à être «prudents et conscients du complot ourdi pour engendrer la division».
Le ministre de l'Intérieur Marwan Charbel a assuré que ce crime vise à «créer un conflit sectaire» dans la région. Il s’est déclaré favorable à ce que la Békaa soit décrétée zone militaire.