Mahmoud Abbas n’a pas indiqué s’il acceptait la démission de Hamdallah.
Moins de trois
semaines après sa nomination,
le Premier ministre palestinien
Rami Hamdallah a
présenté jeudi sa démission à la
suite d'une mésentente avec ses deux
vice-Premiers ministres, un
nouvel épisode de la crise
grandissante à la tête
de l'Autorité palestinienne.
Le président Mahmoud Abbas n'a pas indiqué s'il acceptait la démission de
M. Hamdallah, nommé le 2 juin pour succéder à Salam Fayyad, démissionnaire, favori de la communauté internationale, en poste depuis juin 2007.
"M. Hamdallah a remis sa lettre de démission au président à la suite de
divergences avec ses deux vice-Premiers ministres", a affirmé à l'AFP une
source gouvernementale.
Il a pris cette décision "en raison de mésententes au sujet des
prérogatives", a confirmé une source au bureau du Premier ministre
démissionnaire, apparemment frustré de devoir partager ses pouvoirs avec les
deux vice-Premiers ministres imposés par M. Abbas.
M. Hamdallah était encadré au sein du gouvernement, qui a prêté serment le
6 juin, par deux vice-Premiers ministres, le député Ziad Abou Amr et, pour les
questions économiques, Mohammad Moustapha, président du Fonds d'investissement
de Palestine (FIP) et conseiller économique du président.
C'est d'ailleurs M. Moustapha qui avait tenu la première conférence de
presse à l'issue du premier Conseil des ministres, le 11 juin, insistant sur la
nécessité d'assainir les finances de l'Autorité palestinienne, endettée à
hauteur d'environ 3,2 milliards d'euros.
Gouvernement d'union nationale
Dès sa nomination, M. Hamdallah avait dit vouloir rapidement s'effacer en
faveur d'un gouvernement d'union nationale, comme le prévoient les accords de
réconciliation entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas.
"Ce gouvernement fait partie des efforts de réconciliation. J'espère que le
14 août, le président Abbas formera un nouveau gouvernement, en vertu de
l'accord entre le Hamas et le Fatah", avait-il indiqué.
Lors d'une réunion au Caire le 14 mai, le Fatah et le Hamas, qui gouvernent
respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et de la bande de Gaza,
s'étaient donné trois mois pour appliquer enfin les principales clauses de
leurs accords de réconciliation, dont les échéances sont constamment reportées
depuis plus de deux ans.
Ces accords signés au Caire (avril/mai 2011) et à Doha (février 2012)
prévoient que les gouvernements rivaux cèdent la place à un exécutif
transitoire non partisan chargé d'organiser des élections dans un délai de
trois mois.
"Il aurait mieux valu que ce gouvernement soit un gouvernement d'union
nationale, mais nous n'y sommes pas parvenus, faute d'accord du Hamas sur la
tenue d'élections jusqu'à présent", avait déclaré Mahmoud Abbas après la
prestation de serment. La plupart des ministres appartenaient au gouvernement
sortant.
Une majorité absolue de Palestiniens (59 %) approuve la nomination de Rami
Hamdallah pour succéder à Salam Fayyad, dont deux tiers de l'opinion soutient
le départ, selon un sondage publié lundi.
Une majorité relative (40%) estime en outre que l'Autorité palestinienne
est devenue un fardeau, contre 30% qui la considèrent encore comme un "acquis",
indique cette enquête.
Agé de 54 ans et président depuis 1998 de l'Université Al-Najah de
Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, M. Hamdallah est également secrétaire
général de la Commission électorale centrale (CEC) et président du directoire
de la Bourse palestinienne, basée à Naplouse.
Proche du Fatah et membre du directoire de la Fondation Yasser Arafat,
dédiée à la mémoire du défunt président palestinien, il est docteur en
linguistique appliquée de l'Université britannique de Lancaster.
Dix jours après la prestation de serment de son gouvernement, il s'était
rendu à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem-Est occupé et annexé par Israël, une
première pour un chef de gouvernement palestinien.
Il avait alors refusé toute escorte des forces israéliennes pour cette
visite rare et discrète du troisième lieu saint de l'islam.