Une campagne intitulée Tamarod ("rébellion")revendique 15 millions de signatures pour réclamer la démission de Morsi et l’organisation d’une présidentielle anticipée.
Les islamistes égyptiens manifestent vendredi pour soutenir le président Mohamed Morsi, dans un climat tendu avec l'opposition qui appelle de son côté à une mobilisation de masse à la fin du mois pour réclamer le départ du chef de l'Etat.
Plusieurs mouvements islamistes, dont le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans dont est issu Morsi, appellent à un rassemblement devant une mosquée de Nasr City, un faubourg du Caire, pour "sauver la révolution".
La manifestation, qui doit débuter en milieu de journée, se veut une démonstration de force face aux opposants qui battent le rappel depuis des semaines pour un grand rassemblement devant le palais présidentiel le 30 juin, premier anniversaire de l'investiture de Morsi.
Une campagne intitulée Tamarod ("rébellion"), à laquelle se sont ralliés de nombreux groupes et personnalités opposés à Morsi, revendique 15 millions de signatures pour réclamer sa démission et l'organisation d'une présidentielle anticipée.
La mobilisation autour de Tamarod a redonné une visibilité inespérée à une opposition fragmentée et placé le pouvoir sur la défensive, sur fond de craintes que ces tensions ne débouchent une nouvelle vague de violences et de troubles politiques.
Morsi est le premier président civil du pays et le premier islamiste à accéder à cette fonction. Son élection a mis fin à la période de transition sous direction militaire qui a suivi la chute en février 2011 de Hosni Moubarak sous la pression d'une révolte populaire.
"Contre révolution"
Ses partisans -Frères musulmans et autres formations islamistes, dont une partie des fondamentalistes salafistes- mettent en avant le caractère démocratique de son élection pour qualifier de "contre-révolution" les appels à sa démission.
Les Frères "sont fermement opposés à la violence comme moyen de parvenir au changement. Ceux qui veulent le changement doivent participer aux élections, proposer des solutions et faire campagne", écrit sur twitter le porte-parole de la confrérie islamiste, Gehad al-Haddad.
"Nous voulons la stabilité pour reconstruire le pays. Les manifestations violentes ne peuvent engendrer un régime stable. Ceux qui pensent que le président Morsi doit être renversé le 30 juin vivent dans l'illusion", affirme un porte-parole du PLJ, Ahmed Aqil, sur le site du parti islamiste.
Morsi est accusé par ses adversaires d'avoir aggravé le clivage politique du pays en cherchant à placer ses partisans dans tous les rouages du pays, et d'être incapable de faire face à une grave crise économique qui se traduit par une montée du chômage et de l'inflation, ainsi que des pénuries de carburant ou de longues coupures d'électricité.
La récente nomination de gouverneurs islamistes dans plusieurs régions du pays a accentué le sentiment d'une mainmise des Frères musulmans sur l'appareil d'Etat et provoqué des troubles en plusieurs endroits.
Le choix pour Louxor d'un gouverneur membre d'un parti héritier d'un groupe radical qui avait revendiqué le massacre de 58 touristes étrangers dans cette région en 1997 a provoqué la consternation des professionnels de ce secteur, et la démission du ministre du Tourisme.
Un des leaders de l'opposition, l'ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa, a déclaré récemment que "le régime envoie comme message qu'il ne veut pas répondre aux demandes du peuple et qu'il s'accroche à des politiques qui aggravent les clivages et la colère".
Une autre figure de l'opposition, l'ancien chef de l'agence atomique de l'ONU Mohammed ElBaradei, a quant à lui pressé les Egyptiens de soutenir la campagne Tamarod afin de dénoncer un "régime en faillite" qui "tue l'esprit de la révolution".