23-11-2024 06:40 PM Jerusalem Timing

Libye: des centaines de morts à Misrata en un mois et demi de combats

Libye: des centaines de morts à Misrata en un mois et demi de combats

Pour le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, il y a un certain risque que le conflit puisse durer.

Un millier de personnes ont péri en six semaines dans la ville rebelle assiégée de Misrata, selon des sources médicales, au moment où les combats en Libye marquaient le pas près d'un mois
après le début de l'intervention militaire internationale.
 
"Quatre-vingts pour cent des morts sont des civils", a déclaré lundi l'administrateur de l'hôpital de Misrata, le Dr Khaled Abou Falgha, précisant que les combats incessants depuis la fin février avaient également fait 3.000 blessés.
 
Dans son lit du service des soins intensifs, le petit Mohammed, 10 ans, se tord de douleur. Ses yeux sont ouverts mais les médecins doutent que l'enfant, touché par un tireur embusqué, reprenne jamais conscience.
 
"Il a été atteint par une balle à haute vélocité. Elle est entrée par le côté gauche de sa tête et est ressortie de l'autre côté", explique le Dr Abdoul Kather Mouqtar.


Pour la seule journée de dimanche, au moins dix-sept personnes ont été tuées et 71 blessées dans la grande ville côtière située à 200 km à l'est de Tripoli, a-t-on indiqué à l'hôpital.
 
Le médecin a précisé avoir constaté, depuis la semaine dernière, de graves blessures causées par des bombes à sous-munitions, que les forces kadhafistes emploient depuis jeudi soir, selon les rebelles et l'organisation Human Rights Watch.


L'emploi de ces armes, prohibées par une convention internationale en raison notamment des dommages qu'elles sont susceptibles de causer aux populations civiles, a nécessité de nombreuses amputations à Misrata, selon le médecin.
 
L'hôpital a par ailleurs constaté une augmentation du nombre de civils blessés par des balles à haute vélocité tirées par des snipers.


Ces blessures, dont les séquelles sont souvent irréversibles, concernent généralement la tête et le cou, zones du corps visées de préférence par les tireurs embusqués, a précisé un autre praticien, le Dr Abdoul Kather Mouqtar.
 
Samedi, l'ONG Médecins Sans Frontières a évacué en Tunisie 99 blessés, dont 10 dans un état "critique", par la voie maritime, la seule qui relie la vie assiégée au reste du monde.
 

Le régime accuse Al-Qaïda

Ailleurs dans le pays, les combats se poursuivaient à Nalout (ouest) et à Ajdabiya (est), noeud de communication stratégique menant vers le fief des rebelles à Benghazi, à 160 km au nord, et vers Tobrouk (à 327 km à l'est), près d'un mois après le début de l'intervention le 19 mars de la coalition internationale.


Pour le régime libyen, "l'implication d'al-Qaïda dans le conflit en Libye est prouvée chaque jour".
 
"Nous croyons que ce serait très dangereux que ces gens s'installent dans ce pays, contrôlent son avenir et de son immense richesse, à quelques pas de l'Europe", a prétendu dimanche soir le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, au cours d'une conférence de presse.


Le conflit risque de durer


Entre-temps, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé qu'il y avait "un certain risque" que le conflit "puisse durer" parce que le dirigeant libyen et son pays n'étaient pas "totalement prévisibles".
 
Pour sa part, le Premier ministre britannique, David Cameron, a répété qu'il n'était "pas
question d'une invasion ou d'une occupation". "Il ne s'agit pas d'envoyer des soldats sur le terrain", a-t-il asséné, estimant que cette restriction rendait les choses "plus difficiles".