Un traité d’extradition est en vigueur entre Hong Kong et les Etats-Unis, mais Pékin a le droit d’opposer son veto.
L'ex-agent de la CIA Edward Snowden, à l'origine des fuites sur les programmes américains de surveillance des communications, a été inculpé pour espionnage par la justice américaine, qui a demandé à Hong Kong de l'interpeller, ont révélé vendredi des médias américains.
Le jeune homme, réfugié depuis le 20 mai à Hong Kong, a également été inculpé pour vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux.
Il est visé par un mandat d'arrêt provisoire, a précisé le Washington Post, citant des responsables américains s'exprimant sous couvert d'anonymat.
Un traité d'extradition est en vigueur entre Hong Kong et les Etats-Unis, mais Pékin a le droit d'opposer son veto.
Dans un entretien avec The Guardian, Edward Snowden a affirmé, documents à l'appui, que le Quartier général des communications du gouvernement (GCHQ) britannique avait commencé à traiter de grandes quantités de données privées --obtenues par son accès aux câbles fibres optiques garantissant le trafic internet et les appels téléphoniques mondiaux-- et les partageait avec l'Agence de sécurité national américaine (NSA).
"Le gouvernement américain ne pourra pas étouffer (cette affaire) en m'emprisonnant ou en me tuant", avait lancé lundi l'ex-consultant de l'Agence de sécurité nationale américaine (NSA) lors d'un échange en direct avec des internautes sur le site du Guardian. "La vérité est en marche et ne pourra pas être arrêtée", avait-il ajouté.
Parti de Hawaï où il travaillait pour un sous-traitant du renseignement américain, M. Snowden, qui a eu 30 ans vendredi, s'est réfugié à Hong Kong en louant la tradition de défense des libertés de ce territoire. Il semble y être resté caché depuis.
Son inculpation par la justice américaine est survenue le jour même où les rapporteurs de l'ONU et de la Commission interaméricaine des droits de l'homme sur la liberté d'expression ont appelé à la protection des détenteurs de données confidentielles qui choisiraient "de bonne foi" de les divulguer.
Un avion pour l'Islande
Un homme d'affaires lié au site internet WikiLeaks a par ailleurs révélé jeudi soir que des Islandais préparaient un vol vers leur pays pour Edward Snowden. Dans un entretien avec le Guardian le 9 juin, il affirmait que l'Islande était le pays le plus proche de ses valeurs pour un internet libre et indépendant des Etats.
"Nous avons un avion et toute la logistique est en place. Maintenant, nous attendons juste une réponse du gouvernement", a affirmé jeudi soir à la chaîne islandaise Channel 2 Olafur Sigurvinsson, un dirigeant de DataCell, une entreprise islandaise qui gère la collecte des fonds de WikiLeaks.
"L'avion peut décoller demain", a-t-il ajouté.
Le vol se ferait dans un jet privé loué à une compagnie chinoise, grâce à des contributions collectées par WikiLeaks. Il coûterait au moins 40 millions de couronnes islandaises (près de 250.000 euros).
Le gouvernement islandais s'est montré très prudent sur le dossier, rappelant que tout demandeur devait d'abord faire sa demande d'asile en personne sur le territoire national.
"Puisqu'il n'est pas dans le pays, je n'ai pas de commentaire à faire pour le moment", avait dit mercredi le Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson.