Question de bien préparer les Syriens et les Arabes à son présumé successeur : Salim Idriss
Le Washington Post commence d'emblée son article en faisant un constat : " les détracteurs d'Obama ont raison.
M. le président n'a aucun plan pour gagner la guerre en Syrie. Et bien qu'il ait décidé d'armer les opposants d'Assad, Obama cherche toujours une solution diplomatique à la crise.
Cette politique confuse de M Obama suit visiblement plusieurs objectifs: Obama veut renforcer l'opposition modérée sous le commandement du général Idriss. Cette opposition doit être suffisamment forte pour négocier avec le camp d'en face pendant la période de transition.
Le second objectif d'Obama consiste à faire face au Hezbollah et à certains groupes pro iraniens actif en Syrie.
Et le troisième objectif de cette stratégie mi-figue mi-raisin vise à couper l'aide militaire et financière des pays arabes aux rebelles antis Assad dangereux (ndlr : le journal ignore à dessin les cargaisons d'armes lourdes qui viennent d'arriver depuis Riyad à Alep et qui sont tombées non seulement entre les mains de l'ASL mais aussi entre celles d'Al Nosra).
Obama ne voudrait pas que les insurgés envahissent Damas, alors que les jihadistes radicaux dominent l'opposition . Obama cherche à propulser au sommet de l'opposition Idriss, bien que ses succès en tant que chef de guerre n'aient pas été que trop limités.
Le journal poursuit : " L'argument invoqué par Obama pour armer l'opposition est le recours d'Assad à la substance chimique mais tout le monde sait que la réalité ailleurs ! Obama travaille depuis des semaines sur un autre plan, celui de déclencher la guerre sunnite/chiite! Cette idée a été lancée dans la foulée de la victoire du Hezbollah à Qousseir, ville frontalière entre la Syrie et le Liban. Idriss a prétendu quelques jours après cette victoire que quelques 5000 effectifs du Hezbollah assistaient à cette opération.
Du côté saoudo- qatari, le soutien va désormais très clairement aux takfiris, l'ASL étant tombés en disgrâce. Doha et Riyad croyaient en effet que le soutien à ces groupes jihadistes pourrait créer de nouvelles occasions pour neutraliser l'influence iranienne en plein action en Syrie.
La livraison d'armes décidée par Obama aux rebelles aura été en effet une astuce pour faire revenir l'axe Doha/Riyad dans la partie. Le grand espoir d'Obama est de pouvoir attirer le soutien de toutes les composantes de l'opposition à Salim Idriss et non aux groupes radicaux". "Ceux qui critiquent Obama comme John McCain, lui reprochent de ne pas doter Idriss de moyens nécessaires pour renverser Assad". Et ils ont raison.
Au fait, pourquoi Obama agit-il de la sorte?
Le journal répond : "Obama ne cherche pour l’immédiat la chute d’Assad. Selon cette stratégie, Obama veut qu'Idriss et d'autres modérés retrouvent une certaine assise en Syrie et ce sera après ce renforcement qu'Obama travaillera au départ d'Assad. La Maison Blanche a peur de voir un nouvel Irak se reproduire en Syrie. Le vide politique qu'a suivi le départ de Saddam n'a jamais pu être colmaté. Les Américains souhaitent éviter une désintégration de l'armée syrienne en attendant la période de transition.
Idriss a promis d'utiliser certains membres de l'actuel gouvernement au sein du pouvoir de transition et c'est sur cette promesse qu'Obama compte. Le journal estime que les Etats Unis restent engagés par l'entente signée en 2012 avec la Russie et la Chine l'entente devra avoir lieu dans des conditions de neutralité absolue.
Cette phrase est la clé, elle montre le moment opportun du départ d’Assad. " La politique US en Syrie n'est pas si incohérente que cela. Les USA sont en train de tirer leçon de leurs politiques erronées. Dans le temps ils n'ont pas cessé de soutenir les groupes dissidents minoritaires, qui une fois arrivés au pouvoir se sont vus mis à l'écart par des groupes idéologiques ou ayant des préférences religieuses.
Ce n'est pas un hasard si les takfiris sont les plus puissants en Syrie car ce sont eux qui affectionnent le plus cette manière de faire américaine".
Et l'article de conclure : " si les Américains veulent éviter l'émergence d'une Syrie takfirie, il faut faire dans les esprits des syriens d'Idriss, un dirigeant politique fort".
Source: Washington Post- traduit par Irib