L’armée a refusé d’écouter tous les appels à un cessez-le-feu réclamé par l’ancien Premier ministre Fouad Siniora et la député de Saïda Bahia Hariri.
Après avoir exacerbé les tensions avec son discours sectaire inhabituel au Liban, Ahmad al-Assir est passé à l’action. Il a envoyé ses hommes pour attaquer un barrage de l’armée, tuant deux officiers et un soldat dimanche, en pensant que cet acte d’intimidation poussera la troupe à desserrer l’étau autour de son périmètre de sécurité, à Abra, ce qui lui laisserait les mains libres pour étendre son influence sur toute la ville.
Sans doute encouragé par le laxisme des hauts responsables officiels et la complicité d’une partie de la classe politique, le cheikh intégriste croyait que les choses se dérouleraient comme il l’avait planifié. Mais c’était dans compter sur la détermination de l’armée à éviter le glissement du pays vers le point de non retour et mettre un terme à l’hémorragie dont elle est victime depuis des mois à Ersal, Tripoli et ailleurs dans le pays.
La détermination de l’armée est apparue dans le communiqué qu’elle a publié dimanche, appelant les hommes politiques de Saïda à choisir leur camp, «soit avec l’armée et l’Etat, soit avec la discorde et le chaos». Des propos dramatiques, surtout après l’appel d’Ahmad al-Assir «aux nobles sunnites à quitter l’armée».
Les troupes spéciales envoyées par l’armée ont fait face à des dizaines de miliciens bien armés et entrainés, dont de nombreux syriens et palestiniens. Dans son souci de limiter les pertes dans les rangs des civils, utilisés comme boucliers par les miliciens, l’armée a dû éviter le recours aux armes lourdes. Ce sont surtout les fantassins qui sont montés à l’assaut du périmètre de sécurité d’al-Assir, ce qui explique le nombre élevés de martyrs dans ses rangs: 16 morts et quelque 100 blessés, à l’heure décrire ces lignes.
Après moins de 24 heures de combat, l’armée a pris toutes les positions des miliciens. Quelques éléments sont encore retranchés dans un immeuble. Certains ont pris la fuite vers la région voisine de Charhabil. Des dizaines d’autres ont été tués ou capturés. Les militaires ont retrouvée des armes sophistiquées, des uniformes et de fanions du Front al-Nosra, ainsi que d’importantes quantités de matériels militaires et de munitions.
L’armée a refusé d’écouter tous les appels à un cessez-le-feu réclamé par l’ancien Premier ministre Fouad Siniora et la député de Saïda Bahia Hariri. De même que les tentatives des miliciens intégristes libanais et palestiniens d’ouvrir d’autres fronts, pour alléger la pression sur al-Assir, ont échoué à détourner l’armée de son objectif principal: le périmètre de sécurité de Abra. Le front de Taamir Aïn el-Héloué a été réactivé et l’autoroute reliant Beyrouth au Liban-Sud a été complètement bloquée dans les deux sens par des hommes encagoulés à l’aide de pneus enflammés au niveau de la région de Naamé.
Pendant ce temps, le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, a émis lundi des mandats d’amener contre cheikh al-Assir et 123 de ses partisans, dont son frère et le chanteur Fadel Chaker.
source: mediaramalb