Une aggravation des conditions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pourrait faire dérailler la croissance mondiale.
Une aggravation des conditions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pourrait faire dérailler la croissance mondiale.
Les 187 États membres du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale ont chargé les deux institutions de Washington de veiller sur les pays arabes, qui souffrent aujourd'hui des retombées économiques des révoltes populaires.
« Les répercussions économiques immédiates des événements tragiques au Japon et des développements dans certains pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord demandent (...) une attention particulière », a indiqué le Comité monétaire et financier international (CMFI), instance qui détermine les orientations politiques du FMI, dans une déclaration à l'issue de sa réunion semestrielle dans la capitale américaine.
Le Comité de développement, qui conseille le FMI et la Banque mondiale, a lui aussi demandé à la Banque « de renforcer son appui au Moyen-Orient et à l'Afrique du Nord».
Le FMI avait été chargé jeudi « d'une évaluation économique » en vue d'un « plan d'action commun » de cinq institutions internationales d'aide au développement pour la région Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient.
D'après ses projections, les pays arabes importateurs de pétrole devraient afficher en 2011 une croissance autour de 2 %, très insuffisante par rapport à leur croissance démographique, dans un contexte de prix de l'énergie et de l'alimentation élevés.
« Bien sûr nous nous tenons prêts à aider, sur le versant de l'assistance technique, et sur le versant du financement», a affirmé le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, lors d'une conférence de presse après la réunion.
Il a insisté sur ce qui est devenu un de ses thèmes favoris des dernières semaines, la nécessité de partager plus équitablement les fruits de la croissance économique.
« L'exemple du Moyen-Orient a mis en lumière cette question, le fait que vous pouvez avoir de bons chiffres au niveau de la croissance sans viabilité », a souligné M. Strauss-Kahn.
Plus alarmiste, la Banque mondiale a prévenu le CMFI qu'il y avait dans les pays arabes le potentiel de déstabiliser l'économie de la planète. « Une aggravation des conditions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pourrait faire dérailler la croissance mondiale », a-t-elle affirmé.
« Nous devons agir maintenant. Attendre que la situation se stabilise, ce sera perdre des occasions », a déclaré son président Robert Zoellick lors d'une conférence de presse.
Le Comité de développement a débattu des leçons à tirer pour la banque.
« Aujourd'hui, le changement en cours au Moyen-Orient appelle à repenser et réorienter l'engagement de la communauté internationale. Ces transitions concernent au final les gens : accroître leurs chances et leur liberté », a estimé le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner dans sa déclaration à ce Comité.
La ministre égyptienne de la Coopération Fayza Aboulnaga a appelé à « examiner et revisiter » le modèle économique du FMI et de la Banque mondiale.
Les réunions semestrielles des deux institutions de Bretton Woods ont été l'occasion pour les deux pays en pleine transition démocratique, la Tunisie et l'Égypte, de venir à Washington rechercher des financements.
D'autres pays sont aussi venus dire qu'ils souffraient. Le Tchad a déploré les conséquences du conflit chez son voisin, la Libye.
« Cela a des répercussions sur le Tchad, des répercussions surtout négatives sur son économie et même au plan social (...) Cela pèsera sur nos ressources » et le pays n'avait « pas intégré cette donne », a indiqué lors d'une conférence de presse le ministre des Finances Ngata Ngoulou.