Cheikh Hamad avait déposé son père, cheikh Khalifa, le 27 juin 1995 lors d’une révolution de palais.
L'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, a abdiqué mardi au profit de son fils.
Dans un discours télévisé adressé à la nation, l'émir de cet Etat a affirmé que "le temps est venu d'ouvrir une nouvelle page" et de "confier les responsabilités à la nouvelle génération".
"Je m'adresse aujourd'hui à vous pour annoncer que je remets le pouvoir à cheikh Tamim ben Hamad Al Tani et je suis entièrement convaincu qu'il placera l'intérêt du pays et la prospérité de son peuple en priorité", a annoncé l'émir.
Cheikh Hamad avait déposé son père, cheikh Khalifa, le 27 juin 1995 lors d'une révolution de palais, héritant d'un petit émirat quasiment inconnu dont les caisses étaient presque vides.
Le nouvel émir, âgé de 33 ans, sera le plus jeune souverain d'une monarchie du Golfe.
L'émir avait réuni lundi les membres de la famille régnante et les notables de ce pays pour les informer de sa décision.
Né en 1952, il souffrirait de problèmes rénaux selon des sources politiques, mais il semblait en bonne santé lorsqu'il a accueilli ce week-end le président français François Hollande.
"La décision de l'émir est en harmonie avec la politique du Qatar", a estimé Salman Shaikh, directeur du Brookings Doha Center.
"L'émir estimait qu'après avoir passé 18 ans au pouvoir, il était temps de passer à la nouvelle génération qui était préparée depuis un certain temps. Ce qui est remarquable, c'est que la décision a été appliquée en dépit de la situation critique dans la région, notamment avec le dossier syrien", a-t-il ajouté.
Cheikh Tamim responsable de l'armée et de la sécurité
Nommé prince héritier il y a dix ans, cheikh Tamim, quatrième fils de l'émir, a progressivement conforté son autorité au cours des dernières années en prenant la gestion de dossiers sensibles de politique étrangère et intérieure.
Sa mère est la très influente cheikha Moza, deuxième épouse du souverain.
Cheikh Tamim était commandant en chef adjoint des forces armées et son père lui avait progressivement confié, au cours des trois dernières années, la gestion de l'armée et de la sécurité, selon une source diplomatique occidentale.
Excellentes relations avec les Etats-Unis et l'Occident
Cheikh Tamim, dont le pays est un fidèle allié des Etats-Unis, "a d'excellentes relations avec l'Occident, notamment avec les Etats-Unis et la France", selon une source diplomatique occidentale.
Dans le même temps, il entretient de très bons rapports avec l'Arabie saoudite et a contribué à assainir les relations entre les deux pays, qui étaient tendues jusqu'en 2007, selon la même source.
Le nouvel émir du Qatar est un passionné de sports. Il préside le comité olympique du Qatar et supervise l'important dossier du Mondial-2022 de football que le richissime émirat doit accueillir.
Né en 1980, cheikh Tamim a terminé en 1997 des études secondaires à Sherborne, en Angleterre. Puis il a été formé, comme son père, à la prestigieuse académie militaire britannique de Sandhurst.
Président du comité d'organisation des Jeux asiatiques
Membre du Comité olympique international, il a présidé le comité d'organisation des Jeux asiatiques, tenus en 2006 au Qatar.
Cheikh Tamim a longtemps joué au tennis, mais aussi au football, et a eu un rôle de premier plan dans l'achat du club de football emblématique du Paris Saint Germain.
Il est le PDG de la Qatar Investment Authority qui supervise les investissements de l'émirat à l'étranger et vice-président du Haut conseil pour les affaires économiques et les investissements.
Selon une source diplomatique, cheikh Tamim "a une forte personnalité et a pu s'imposer au sein de la famille régnante, bien qu'il n'ait pas été le premier choix".
Cheikh Tamim a en effet été nommé prince héritier le 5 août 2003 après le désistement en sa faveur de cheikh Jassem, son frère d'un an son aîné et également fils de cheikha Moza, nommé à ce poste en novembre 1996.
Aucune explication n'a été donnée à ce désistement, un événement rare.
Et dirigeant de dossiers économiques du Qatar
Cheikh Tamim est très impliqué dans la vie économique du Qatar, qui dispose des troisièmes réserves mondiales de gaz naturel. Il a supervisé le lancement de plusieurs projets énergétiques et préside diverses commissions et institutions publiques de développement.
Il est aussi connu pour être un passionné d'histoire et de patrimoine. A son initiative, un marché populaire, "Souk Waqef", a été restauré pour devenir l'un des principaux sites touristiques de la capitale qatarie.
En 2005, cheikh Tamim a épousé cheikha Jawaher, fille de cheikh Hamad ben Souhaim Al-Thani, l'un des membres de la famille régnante, et le couple a eu quatre enfants. Il a ensuite épousé en secondes noces Al-Anoud Al-Hajri, issue
d'une grande famille du Qatar, et a eu avec elle deux enfants.
La passation de pouvoir pourrait être accompagnée d'un important remaniement ministériel qui verrait le départ du puissant Premier ministre cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al Thani, qui occupe ce poste depuis 2007. Il est également ministre des Affaires étrangères et a joué à ce titre un rôle central dans l'appui aux soulèvements arabes, qui se poursuit aujourd'hui avec un soutien sans faille à la rébellion syrienne.