C’est ce qu’a déclaré un diplomate occidental au quotidien As Safir.
Un ou deux mois séparent le Liban d’un embrasement général. Cette expression est apparue dans un rapport sécuritaire européen distribué récemment aux hautes sphères diplomatiques et sécuritaires européennes. Ce document est une évaluation des développements au pays du cèdre après les incidents ambulants dans plusieurs régions libanaises, le dernier en date étant les combats dans la ville de Saïda et leurs répercussions sur d’autres régions.
Un diplomate occidental a déclaré à As Safir que le rapport, préparé par des services de renseignements européens, précise que la gestion du conflit entre sunnites et chiites, pour faire en sorte qu’il reste limité à des fronts éloignés les uns des autres, «ne résistera pas plus d’un ou deux mois, avant qu’il ne se transforme en confrontation totale».
Les analyses des services européens pensent que le conflit syrien se déplacera au Liban plus rapidement que prévu, et que le Liban en paiera le prix. Ils font état d’une décision de pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et le Qatar, de se venger du Hezbollah après son intervention en Syrie (Qoussair).
Des efforts sont déployés d’arrache-pied pour lui faire payer le prix de la perte des investissements politiques et militaires du Qatar en Syrie. Le rapport ajoute que le facteur déterminant qui provoquera l’embrasement général est la capacité des groupes armés sunnites à obtenir le soutien des camps palestiniens et la mobilisation des mouvements fondamentalistes qui y sont basés dans la guerre contre les chiites.
Un diplomate français rentré la semaine dernière de Beyrouth avance la même analyse, avec quelques réserves sur l’inéluctabilité de l’embrasement total.
Toutes les analyses s’accordent à dire que la décision de la guerre ou de la paix «reste entre les mains du parti le plus puissant politiquement et militairement, c’est-à-dire le Hezbollah».
«De ses dispositions à se laisser entrainer ou, au contraire, à résister à ceux qui veulent l’entrainer dans une guerre confessionnelle et sectaire dépendra la sauvegarde du Liban», ajoute la même source.
Le diplomate français estime que «malgré leur gravité, les incidents sécuritaires et les affrontements confessionnels restent sous contrôle, et le Hezbollah n’a pas encore pris la décision de transposer au Liban la guerre qu’il livre en Syrie».
«L’implication du parti dans les combats en Syrie a contribué à accroitre la tension communautaire et pourrait pousser les Libanais à la confrontation», ajoute-t-il.
Le Liban se rapproche de plus en plus de la situation d’un Etat défaillant. Il est probable que certains de ceux qui sont intervenus dans le passé pour éviter au pays une confrontation interne, se tiennent aujourd’hui du côté de ceux qui veulent, au contraire, allumer l’incendie. Ils soutiennent des groupes salafistes, attisent le conflit entre sunnites et chiites. Et sans des éléments internes libanais, forts et capables de gérer le conflit et de faire baisser la tension, à travers des compromis locaux empêchant l’embrasement général, il sera difficile de démentir les pronostics des services européens.
Des évaluations diplomatiques pensent que le «consortium» composé des pays du Golfe et de l’Europe, qui était au chevet du malade libanais, n’est plus actif. Car une partie de ses membres, de Doha à Taëf, tentent de provoquer un embrasement.
As Safir + Mediarama