Ils sont particulièrement hostie à un Etat palestinien
L'élection de Danny Danon, un dur du Likoud dans une instance du grand parti de la droite israélienne, traduit une montée en force des opposants à la création d'un Etat palestinien, dont le principe a été accepté par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
M. Danon, 42 ans, actuel vice-ministre de la Défense, a été élu haut la main mardi soir à la présidence de la convention du parti, un titre essentiellement honorifique, par 85% des suffrages.
Cette victoire coïncide avec la cinquième tournée dans la région depuis février du secrétaire d'Etat américain John Kerry qui tente de relancer des négociations israélo-palestiniennes gelées depuis près de trois ans et de promouvoir une solution à deux Etats israélien et palestinien côte à côte.
Pour le jeune Danny Danon, le succès de mardi pourrait n'être qu'une première étape. Il part grand favori pour être élu dimanche à la présidence du comité central du Likoud, qui comprend environ 3.600 adhérents.
Selon les médias, M. Netanyahu, qui reste président du parti, avait envisagé de se présenter pour occuper ce poste d'influence au comité central, mais il y a renoncé de crainte d'être battu.
M. Danon, un des chefs de file du lobby des colons au Parlement, a ouvertement défié M. Netanyahu au début du mois.
"Il n'y a jamais eu au gouvernement de débat, résolution ou vote sur une solution à deux Etats", avait affirmé M. Danon.
Si cette solution était mise au vote, "la majorité des ministres du Likoud s'exprimera contre, tout comme le Foyer Juif", avait-il ajouté, en faisant allusion au parti nationaliste dirigé par le ministre de l'Economie Naftali Bennett.
"Aujourd'hui, nous ne la combattons pas, mais s'il y a un mouvement pour promouvoir une solution à deux Etats, vous allez voir des forces de blocage au sein du parti et du gouvernement", avait-il prévenu.
Les partisans de la colonisation et opposants à la création d'un Etat palestinien devraient également prendre le contrôle d'autres instances du Likoud.
Le vice-ministre des Affaires étrangères Zeev Elkin est favori pour diriger le bureau du Likoud, chargé des questions idéologiques.
La députée Miri Regev est de son côté bien placée pour prendre le contrôle du secrétariat du parti lors d'élections qui auront également lieu dimanche.
Tzipi Livni, la ministre de la Justice chargée des négociations de paix avec les Palestiniens, a récemment dénoncé la montée en force des durs de la droite au sein du Likoud.
"Le Premier ministre doit décider s'il laisse le +danonisme+ (en référence à M. Danon, NDLR) dominer le gouvernement", a prévenu Mme Livni, la seule ministre à avoir fait de la relance des négociations avec les Palestiniens sa priorité.
Comme le souligne un commentateur sur la radio militaire, M. Netanyahu n'est pas parvenu à présenter des proches ayant des chances de l'emporter pour les différents scrutins au Likoud. "Il suffirait qu'un candidat se réclame de lui pour être certain de perdre", a ajouté le commentateur.
Selon les médias, cette fronde "anti-Bibi" (le surnom du Premier ministre) est également une des conséquences des résultats très décevants des législatives de janvier. M. Netanyahu avait imposé une fusion des listes du Likoud et d'Israël Beiteinou, un parti nationaliste dirigé par Avigdor Lieberman, mais cette liste n'a obtenu que 31 mandats sur 120, contre 42 lors de la précédente législature.
"Netanyahu se trouve maintenant dans la pire position pour un chef de parti: il ne fait plus partie du jeu. Il ne compte plus", estimait mercredi l'analyste politique du Haaretz, Yossi Verter.
Pour Yossi Verter, face à cette opposition interne croissante, M. Netanyahu pourrait envisager de quitter le Likoud, à l'instar de l'ex-Premier ministre Ariel Sharon qui avait créé un parti centriste, Kadima, en 2005.